
518 D I J
les ducs de Bourgogne en 1172 potir être la pa-
roiffe de leur maifon, & donne au doyen le titre
de curé des ducs, duçheffes, & tenfans de Bourgogne.
Le doyen de la Ste chapelle liège avant les
doyens des cathédrales aux états de la province.
Cette églife jouit de plufieurs beaux privilèges,
entr'autres de celui de ne pouvoir être interdite en
aucun cas. Ses canonicats font à la nomination du
roi. Le fervice divin s’y fait en mufique. Le vaif-
feau, de moyenne grandeur, eft d'un allez beau
gothique ; fa longueur eft de cent foixante-fept
pieds i il a foixante-trois pieds fix pouces de largeur
, fans y comprendre les chapelles collatérales,
dont trente pieds pour la largeur de la grand’nef,
6c foixante-quatre pieds de hauteur fous voûte. Elle
eft furmontée d’une fuperbe aiguille d’environ trois
cent cinquante.pieds de haut, à compter du pavé
de l’églife ; le réchaud contient une cloche d'argent
allié, & la tour qui eft au portail renferme un très-
beau carrillon. On remarque dans le choeur au-deffus
des ftalles les éeuflons de trente-un chevaliers de la
Toifon d’or, peints en 1433 après la tenue du troi-
fième chapitre de l’ordre , inftitué en 1430 par le
duc de Bourgogne Philippe-le-Bon, qui voulut que
cette églife fût le lieu collège & chapitre de ion
ordre.
Les ftatiies de Saint-André & de Saint-Yves qui
fe correfpondent en cette églife , font de Dubois.
Le choeur eft orné d’une aflomption de la vierge,
compofition fage & riche exécutée avec roideur.
La figure de la vierge eft courte & maniérée. Toute
cette machine eft d’Attiret, ainfi que la ftatue de
Saint-Jean l’évangelifte. On voit dans le choeur le j
tombeau de Gafpard de Saulx-Tavannes, maréchal
de France, amiral des mers du levant, lieutenant-
général au gouvernement de Bourgogne, ^qui fe
signala à la bataille de Renty & au fiège de Calais.
Il mourut en 1573. A la faime chapelle on expofe
à la dévotion des fidèles une hoftie miraçuleufe qui
s’y conferve depuis plufieurs fiècles. Elle fut envoyée
en 1433 par le pape Eugene III à Philippe-
le-Bon , duc de Bourgogne. L’expofition qui s’en
fait tous les ans le dimanche dans l’oâave de la
fête-Dieu , attire à Dijon un grand concours de
peuple. Elle eft confervée dans un cofixe d’or garni
de pierreries, & on l’expofe dans un oftenfoir d’or,
du poids de cinquante-lin .marcs, orné de pierres
précieufes, & furmonté d’une couronne d’or qui
eft celle que Louis XII porta le jour de fon facre,
& qu’il envoya par deux hérauts d’armes. Le coffre
d’or ou on la conferve eft un préfent du duc d’E-
pernon en 1433 , & l’oftenfoir fut offert par Ifabçlle
ducheffe de Bourgogne.
L’églife de Saint-Michel eft un fort beau vaiffeau,
bien éclairé ; mais elle fe fait fur tout remarquer
par la richeffe & la magnificence de fon portail,
qui n’en reconaoît d’autre en France avant lui que
ceux de Sainte-Geneviève, de Saint-Sulpice, & de
Saint-Gervais à Paris. Sur un focle percé d’un triple
ç ç ia tr ç orné de fculptures § c de reliefs, s’élèvent
d 1 j
deux tours gemelles formées de dîfférens ordres
d architeâure les uns au-deffus des autres, & fur«
montées de deux coupoles oélogones, terminées
par des boules de bronze doré. Cet ouvrage honore
fingulierement la ville de Dijon : entrepris avant la
renaiffance des arts, il n eft point dans le genre gothique
comme le font ceux du moyen âpe, &
Dijon vit reparoître dans fon fein l’archueélure
grecque, au milieu du mauvais goût qui fubjuguoit
alors toute l’Europe. O11 voit avec regret que les
piliers de la nef foient encaiffés dans de la menui-
ferie, ce qui détruit l’effet de l’architeéhire ; & que
le clocher étant refté imparfait, l’églife fe trouve
furmontée d’une efpèce de gros colombier écrafé
qui dégradé le tout.
Cette églife a cent quatre-vingt-huit pieds de long;
les murs compris , quatre-vingt-neuf de large, indépendamment
des chapelles collatérales , dont
quarante-cinq pour la grand’nef, & foixante-quatre
de hauteur fous voûte. Cette églife renferme les
cendres du préfident Jeannin. A la croifée méridionale
on obferve un grand bas-relief enfermé dans
un cadre, qui reprélente d’une manière peut-être
trop énergique la chûte des mauvais anges, & l’état
de la damnation.
L’églife de Saint-Etienne, avant fon ére&ion en
cathédrale , fut une abbaye, de l’ordre de Saint-
Auguftin , dont la fondation remonte au commencement
du xne fiecle , & qui eut une fuite de
vingt-hx abbés. En 1613 elle fut fécularifée & érigée
en collégiale , & en 1731 elle fut convertie en
fiege epifcopal, auquel furent affe&és les revenus ,
tant de l’abbé de Saint-Etienne , que de l’abbé de
Beze, dont les titres furent fupprimés. jean B011-
hier > doyen, de la Sainte - Chapelle, & chancelier
,, Ujûvenjté , fut le premier pourvu de ce fiège.
L’eglife de Saint-Etienne a 191 pieds de long
intérieurement, cinquante-fix de large , dont vingt?
cinq pour la grand’nef, & quarante - huit de hau«
teur fous voûte. Elle eft furmontée d’un très - beau
campanile , couvert en plomb, & elle s’annonce par
un portail d’architeélure moderne , conftruit pour
la meilleure partie fur les deffins d’un élève de.
Manfard. Il eft décoré d’un grand bas r relief, représentant
le martyre de Saint Etienne , du fameux
Bouchardon. Les ftatues de Saint Etienne & de
Saint Médard dans l’intérieur de l’églife , avec les
douze buftes des piliers, fo n t de Dubois. La figure
de Saint-Jean Baptifte qui fe voit dans la chapelle
des fonrs, eft due a Clauxfiuter, qui exécuta le
tombeau.de Philippe le Hardi aux Chartreux. On
conferve au trefor de la cathédrale une épine de la
couronne de Notre-Seigneur , un morceau de la
vraie croix, & les vêtemens Sacerdotaux de Saint
Bernard qui étoient à l’abbaye de Praflon , fup-
primée en 1748. Le préfident Bouhier çft inhumé
en cette églife. Le campanile porte un bourdon du,
plus gros volume , & un carrillon. Les fondions
curiales de la paroiffe Saint-Médard fe font à la cathédrale
, à une chapelle de 1^ croiféç. Sur, lç
D I J
retable eft une chaffe, contenant les reliques de S;
Médard. A côte de la cathédrale étoit une ancienne
tour dont on avoit refpedé la vétufté. Elle exiftoit
depuis environ mille troi^ cents ans. Ce toit une
conftrudion du vie fièclè. Elle étoit encore fort
faine lorfqu’ori l'a détruite en 1781.
L’églife collégiale de Sajnt-Jëan eft conftruite en
forme de croix , fans piliers ni collatéraux. Elle a
cent foixante-huit pieds de long, foixante-treize de
largeur , & autant de hauteur. De vaftes lambris,
appliqués à un ceintre en charpente très-favant, y
font fubftitués aux voûtes ; mais ce qu’on n’admire
point a fiez, c’eft la hardieffè de la flèche , ùiipendue
d’une manière prefqu’ineoncevable. Elle a environ
330 pieds d’élévation du pavé de l’églife. Le vaif-
feau eft orné de neuf grands tableaux de Revel.
On y conferve un morceau de là vraie croix.
L’églife de Notre-Dame de Dijon eft un gothique
d’un goût exquis ; c’eft un ouvrage d’-une délicateffe,
d’une légèreté extraordinaires, & un chef-d’oeuvre
en ce genre d’ardiiteéhire. J’ai vu en Europe tous
les vaiffeaux gothiques qui ont de la réputation ; je
n’en ai vu aucun qui m’ait fait plus de plaifir. Çe 1
beau modèle gagneroit encore beaucoup fi on lui
rendoit les jours , que la barbarie feule peut encore
tenir murés.
Cette églife eft un ouvrage du xme fiècle. Les
galeries en font formées de petites colonnes de fix
pouces de diamètre , & de quinze pieds, quelquefois
de trente pieds de haut, d’un feul morceau. La
voûfe eft une merveille de l’art. L’areh-iteôure go-,
thique n’offrit Vie n deplus grand que fon portail,
qui paroît un peu nud par le retranchement qu’on
n’eût jamais dû fe permettre des figures en faillie
qui y furent autrefois. M. deVauban fut fi frappé des
beautés générales & de détail de cette églife , qu’il
s’écria: qu’il ne manquoit plus à ce temple qu’une
boîte pour le conferver. Feu M. Souffiot, architèôe.
de la nouvelle Sainte-Geneviève, voulut en avoir
le plan en relief, & il le fit exécuter en bois.
Les archives de la ville font en dépôt dans une
tourelle de cette églife. L’horloge à figures mouvantes
, placée fur une autre tourelle au-deyant de
l’églife, eft une dépouille de la Flandre. Philippe
le Hardi, duc de Bourgogne , la fit tranfporter à
Dijon après le fac de Courtray. L’affomption de la
'Vierge , exécutée en relief, au fond de l’églife,
eft un ouvrage de Dubois.
L’églife des Bernardines eft furmontée d’une très-
belle rotonde , terminée par une boule de cuivre
<loré, & le maître-autel eft décoré d’un excellent
tableau de J. B. Corneille. L’abbaye des Bénédictines
, dites de Saint-Julien , eft conftruite fur remplacement
de l’hôtel qu’avoit à Dijon l’amiral
Philippe Chabot, gouverneur de Bourgogne, en
1526. Les murs de clôture qu’on voit chargés
d’ancres & d’attributs maritimes, font encore ceux
d®fon hôtel. Ce fut là que le comte de Charni,
Eiéonor Chabot, amiral de France, & commandant
en Bourgogne, par le confeil & atixpref-
■ D I J 510
filmes fbllieitations de Pierre Jeannin , réfolut de
n avoir aucun égard aux ordres qui lui avoient été
apportes d e h cour pour le maffacre de la Saintart.
ie erm* Si Rome décerna la couronne civique
a celui qui avoit fauvé la vie d’un citoyen ; à Charni
, a Jeannin qui avoient préfervé une grande province
d’un maffacre général, elle eut élevé des
autels !
Les Carmélites furent établies en 1605 à Dijon
par la compagnede Sainte-Thérefe. Ceft le premier
couvent de femmes fondé à Dijon. Leur églife eft
ornee d un fort beau portail. Celle des Urfïilines eft
riche en excellens tableaux de Reftout, de Revel
de Quentin, de Taffet, élève du Guerchin , & on
y von deux ftatues- de Saint Jofeph & de Saint
Auguflin, de Bouchardon.
Le monaftère de la Vifitation fut établi en 16-22
par Jeanne-Frànçoife Fremiot de Chantal , fondai
trice de 1 ordre , & qui eut Dijon pour patrie. Le
maître-autel eft fous un riche baldaquin, foutenu
par fix colonnes corinthiennes. On voit dans une
chapelle le tombeau de M.Rigoley de Puligni*
qui eft d’un bon travail.;
Le couvent des Jacobines a été fupprimé dans
ces^ derniers1 te m s. On v o y o i t à leur églife, au
maître-autel, un tableau de Jeftis-Chrift , communiant
Sainte Catherine , excellent morceau de
Quentin, peintre Dijonois , qui fut admiré du
rouliin , a fon paffage à Dijon.
L’églife S. Philibert, au-deffus de laquelle s’élève
unelourde aiguille en pierre; contient les cendres
de Dubois, le fculpteur de Dijon par excellence.
La chartreufe , à un demi-quart de lieue de la
j 6 j rlï en 13&3- Les cendres de quelques
! ducs de Bourgogne y repofent fous de magnifiques
: tomheaux, qui font cités comme un des plus beaux
monumens des arts , eu égard fur-tout au tems où
iis furent faits. Ces tombeaux font ceux de Philippe
le Hardi, de Jean-fans-Peur , & de la ducheffe fon
1 eP?”fe » ( Marguerite de Bavière. ) Les figures,
qui font d albâtre, & d’un travail exquis , repofent
a v ,Luperbes tables de marbre noir, au-deffous ,
; ^ a I- entou.r defquelles une multitude de petites
■ ngures de Chartreux, taillées en marbre blanc, &
• excellemment travaillées, repréfentent les expref-
fions variées de la douleur. Deux anges à chaque
tombeau foutiennent le cafque des ducs , & il
; y en a deux aux pieds de la ducheffe pour fup-
portér fon écu armorié. L’intention de Philippe-
le-Bon, qui infiitua la toifon d’or, avoit été d’y
perpétuer auftî fa mémoire par, un monument funéraire.
Il avoit même déjà mis quelques fommes
en dépôt, & amaffe des marbres pour l’exécution
de ce tombeau ; mais Charles-le-Téméraire , fon
fucc.effeur, en fils peu religieux, diftrait par des
guerres ruineufes , négligea les pieufes intentions
de fon père, & diflïpa l’argent. Il fe contenta de
foire tranfporter de Bruges le corps de Philippe-!^
Bon , & le fit placer dans un caveau, près de celui
du duc Jean* Le tombeau de Philippe-le-Hardi eft