
i A N G
politique, elle a foutenu avec dignité le poids de
ion crédit public , chez elle & chez l’étranger:
elle a fu rendre également juilice à fes rivaux &
les combattre.
Elle a fu s’enrichir, en maîtrifant, par la culture
la plus favante, un fol qui lui refufoit en partie ce
que la nature prodigue ailleurs. Ses vaiffeaux marchands
remplirent tous les ports ; fes flottes couvrent
toutes les .mers ; fon nom s’étend d’un
monde à l ’autre; fa bravoure fait l’admiration Sc
l’étonnement de fes ennemis; ce x v i iT fiècle
enfin voit huit millions d’hommes , lutter glo-
rieufement depuis plufieurs années, dans tous les
points du G lo be, contre des puiflànces q ui, réunies
, ont cinq fois plus de mafle , plus de ref-
iburces phyfiques, 8c plus d hommes que l’A ngleterre
! Que dis-je ! Elle a à combattre fes chefs,
les partis, fes provinces , fon. ininiflère même ,
fon prince peut - être ! Sa eonflitution robufle ,
fon énergie politique réfifte à tout ; & cette étonnante
nation , dans fes défaflres même, femble
s’ombrager encore des lauriers de la victoire,
La religion catholique romaine fut établie en
Angleterre dès le milieu du v n e fiècle,8c s’y foutint
confiamment avec éclat jufqu’au XVIe. On appellent
même ce pays l’île des Saints. Henri V III fe
fépara de la communion romaine', parce que le
pape n’avoit pas voulu confentir à fon dUtorce avec
la reine Catherine. D ’abord le fchifme de Henri
ne porta que fur la foumiflion due au chef de
l’églife : le dogme continua d’être refpeétê dans
tous fes points, 8c les lois portées contre les hérétiques
continuèrent d’être très - fcrupuleufemenr
obferyées ; on brûla même en 1531 plufieurs pro-
teflans Anglais,
L ’année fuivante (en 1532.) , 1e roi défendit à
fes fujets de payer au pape les annates, & de recourir
à Rome , lorfqu’il s’agiroit de prendre pof-
feflion des bénéfices eecléfiamques. En 1533 , tous
les appels au fiège de Rome furent prohibés- par
un édit folemneh En 1534 , le rpi & fon parlement
abjurèrent toute la foumiflion qu’ils avoient vouée
au Saint-Siège. Le clergé de fon côté avoua légitime
la jurifdiélion royale , quant au fpirityel, 8c le parlement
détermina que le roi feroi: chef fiiprême
de l’églile Anglicane ; en conféquence, les dîmes
& les annates furent accordées au monarque.
En 13 3 5, plufieurs couvens & maifons religieuses
rendirent leurs chartes au roi.
En 15 36, le parlement fupprima par un a&e authentique
, tous les mpnafler.es qui ne jouifloient pas
de 200 livres flerlings de rente : trois cent foixante-
fei-ze couvens abolis, 8c environ dix mille religieux
ou religieufes fans reflources, furent les fuites de
çe premier coup de vigueur.
En 15 3 7 , le roi vendit aux nobles les fujets, la
plupart des terres qui avoienk appartenu aux maifons
religieufes fupprimées par le parlement.
En 1538, les monaftères les plus confidérables
yendirçqt lçqrs çhartçs au ro i, qui fç faifit des
A N G
cliâfles d’or & d’argent pour les porter à la monnoie.
En 1539, le parlement fixa par un aéle folem-
nel fix articles de religion. Le premier établifloit la
réalité de la tranfubflantiation ; le fécond révo-
quoit la néceflité de la communion fous les deux
efpèces £ le troifième permit aux prêtres féculiers
de fe marier ; le quatrième déclaroit irrévocables
les voeux de chafteté ; le cinquième déclara profitables
toutes les. baffes méfiés ; le fixième confirma
la néceflité de la confeflion auriculaire.
Dans la même année 1539, le parlement confirma
les aéles de réfignation , & toutes les fàifies
des abbayes. Il en avoit été fupprimé fix cent quarante
cinq : on fupprima en même-tems cent cinquante
deux collèges 8c cent vingt-neuf hôpitaux.
En 1541 , les chevaliers de Saint-Jean de Jérufalem
furent aufli fupprimés.
La fuprématie du roi & les fix articles dont nous
venons de parler, faifoient le fondement de la religion
Anglicane, lorfque Henri VIII mourut en
1547. Edouard V I , fon fils & fon fuccefleur ,
pouffa les chofes encore plus loin. Il fit annuller
l’aéle qui exigeoit la croyance des fix articles de
foi ; fit ordonner la communion fous les deux efpèces
; fe fit réferver à lui feul le pouvoir d’élire
les évêques, & de les révoquer à fo n g r é , 8cç.
La reine Marie, qui fuccèda à Edouard IV , fon
frère, fit en vain les plus grands efforts pour rétablir
la catholicité. Elifabeth qui lui fuccéda , acheva
de féparer pour jamais fon royaume de la communion
de Rome ; elle y réuflit en adoptant le dogme
des protefians , qu’elle affocia à la hiérarchie ecclé-
fiafiique des catholiques : c’efl ce qu’on appelle
aujourd'hui ïéglife Anglicane. Le dogme de cette
églife confifle en quatre points principaux, extraits
des trente-neuf articles de religion, rédigés par le
fyoo.de de 1563 , 8c approuvés parun aéle du parlement.
En 1571 ( 1 ) , ce fynode était compofé de
lit jets choifis par la reine, fur la préfentation 'de
Parker qu’elle avoit nommé archevêque de Can-
torbery. Tous les eccléfiaftiques font obligés de
ligner ces articles, quoiqu’ils aient tenté plufieurs
fo is , & dernièrement encore, de s’affranchir de
cette obligation.
On ne compte en Angleterre que deux archevêchés
, Yorck 8c Cantorbery, 8c vingt-quatre évêchés;
ceux de Carlijle , Clie fier , Durrham , Man,
font fufl'ragans d’Y o r c k ; les vingt autres le font
de Cantorbery.
Tous les archevêques & évêques ont féance à
la chambre haute du parlement, excepté l’évêque
de Man , à caufe qu’il efl à la nomination des
comtes de Derby, feigneur de File de Man»
L’archevêque de Cantorbery efl le premier pair
du royaume ; prend le rang immédiatement après
la maifon ro y a le , 8c a par conféquqnt le pas fur 1
(1) Ces quatre points font contradictoirement oppo-
fés à la préfence réelie, à la tranfubflantiation , à l’invo •
cation des Saints, à la croyance 4u purgatoire, & au
çélibat $es prêtres.,
tous
A N G
tous les ducs du royaume, & les premiers officiers
de la couronne. Il fe qualifie dans fes mandemens.
divïnâ ptovidentiâ : on l’appelle- primat de toute;
l ’Angleterre, & métropolitain lorfqu’onlui adreffe
la parole ; on lui donne de même qu’aux ducs le
titre de fa grâce, your grâce, & de rnojl frater rever
end fatfttr in god.
Il couronne le roi » peut accorder des difpenfes
dans bien des points , pourvu qu’il ne bleffe ni
la parole de D ieu , ni les privilèges du roi.
Il a vingt-un éyêques fous lui , 8c outre cela un
dioc^fe particulier : il a le pouvoir de tenir divers
tribunaux pour y difcuier les affaires de l’églife.
Ses revenus font immenfes.
L’archevêque d’Yorck a le pas fur tous lès ducs
qui ne font pas du fang ro y a l, ainfi que fur tous
les miniflres d’état, excepté, le grand chancelier,
qui a le pas immédiatement après l’archevêque de.
Cantorbery. 11 efl appelle primat d’Angleterre, &
métropolitain dans fon diocèfe , couronne la reine,
8c en efl l’aumônier perpétuel. Dans le Northum-
berland, il a le droit d’un comte palatin, & peut y
exercer la jurifdiéfion pénale. Les évêques marchent
après les vicomtes, Sc ont le pas fur les barons,
excepté ceux de Sodor & de Man , ;qui n’ont point
féance dans la ,chambre haute. Parmi les évêques,
celui de Londres efl le principal, enfuite celui de'
Durrham ; les autres prennent leur rang félon l’ancienneté
de' leur facre : ceux de Sodor 8c de Man
font toujours les derniers. Le métropolitain peut
dépofer les évêques quand il efl muni de raifôns
juridiques, mais il faut préalablement qu’il ait le
confentement du roi.
Il y a aufli une fociété établie pour l’avancement
de la doélrine chrétienne! Son commencement efl
de 1698, 8c a été privilégié en 1701. C ’eft un
certain nombre de perfonnes qui fouferivent tous
les ans, pour fourenir des millionnaires proteftans
dans les colonies Anglaifes , en A fie , en Afrique ,
&c.
Cette fociété a fait imprimer en langue Arabe
la bible, le pfeautier 8c le nouveau teftament.
Les écoles de charité font foutenues de même
par les fouferiptions de plufieurs Anglais,, aufli
humains que généreux. Le nombre .de ces écoles
augmente, ou diminue félon que ces bienfaits font
confidérables ou médiocres. En 1749, il y en avoit
à Londres feul cent quarante-neuf, où l’on mflrui-
foit trois mille quatre cent fix garçons 8c deux mille
cent foixante-douze fillesv Dans tout le refie de
l’Angleterre, on comptoir treize cent vingt-neuf de
ces écoles.
Le clergé d’Angleterre efl encore compofé de
vingt-fix doyens , foixante archidiacres, cinq cent
foixante-feize chanoines, neuf mille deux cent quarante
trois curés, 8c environ dix mille eccléfiafti-
qlies dans les ordres ; on compte trois mille huit
cent quarante-cinq re&oràts. Les eccléfiafliques ordinaires
8c les vicaires font très-pauvres.
Le roi nomme à toutes les prélatures, 8t l’ar-
Géographie. Tome 1,
A N G n?
chevêqué de Cantorbery les confère en qualité de
primât du royaume.
Ceux d’entre les Anglois qui croient aux trente-
neuf articles de religion , font appelles conformités
ou anglicans ; on les appelle aufli épifeopaux, parce
qu’ils reconnoiffent la hiérarchie des évêques.
Les n0n-conformijies font tous ceux qui ne fuivent
pas la religion dominante , tels que les Presbytériens
ou .Puritains, les Millénaires , les Luthériens, lès
Quakers, les Anabatijles, 8c une fouie d’autres fec-
taires, 8cc. 8cc.
Le gouvernement d’Angleterre tolère toutes fortes
de religions , 8c en permet l’excercice public,
à l’exception de la catholique romaine ; ce lle -c i
cependant a encore bien des partifans , tant à Londres
que dans les provinces, en Ecoffe, 8c fur-
tout en Irlande ; dans les comtés du No rd,àLan-
cefter 8c à Yorck , ils forment prefque le tiers des
habitans : il y a aufli à Winchefler un couvent de
bénédiâins , mais il * fy efl que toléré. Les catholiques
font obligés de payer les taxes doubles , ne
font admis à aucun emploi, 8c ne peuvent pas
même devenir foldats.
Il y a en Angleterre trois ordres de chevaleries,
i°.: Celui de la jarretière, inftitué en 1345 ou 13.49,
par Edouard III, Un jour que ce prince danfoit'à
Windfor avec la comtefle de Salysbury, cette dame
laifla tomber une de fes jarretières, qui étoit un
ruban bleu. Le roi ramafia lui-même la jarretière ,
en difant en Français : Honni fait qui mal y penfe.
Le roi alors établit cet ordre , 8c l’on choifit Saint-
Georges pour patron. La marque de l’ordre efl un
large ruban bleu avec une chaîne d’or, ail bout de
laquelle efl l’image de Saint-Georges. Les chevaliers
en y comprenant le ro i, font au nombre de
vingt-fix. -
20. Vordre du bain. Il fut établi en 1399 par
Henri IVj roi d’Angleterre. On le nomme l’ordre
du bain, parce que les chevaliers étoient obligés
de fe baigner la veille du jour qu’ils dévoient être
créés. Le roi Georges I renouvella cet ordre en
1725. Les chevaliers portént un ruban rouge, au
bout duquel efl une médaille d’o r , où l’on voit
trois couronnes, avec cette infeription : in uno tria
junéla,, c’efl-à-dire% trois rien font qu'un.
- 30. L’ordre de Saint-André (o u du Chardon ) ,
établi par Jacques IV, 8c renouvellé par Georges I.
Au bas d’une chaîne d’o r , efl l’image de Saint-
André avec fa croix ; on y lit nemo me impune laccf-
fit. Le ruban eft verd. Outre le roi, qui en efl le
grand maître , il n’y a que douze chevaliers.
Le commerce des Anglais efl immenfe , 8c s’é tend
prefque fur tous les points du globe. C e peuple
navigateur a par-tout des comptoirs , des con-
fuls 8c des vaiffeaux. Le gouvernement Anglais
protège particulièrement le commerce, parce qu’il
fent mieux qu’aucun autre gouvernement de 1 Europe
, que c’efl de là qu’émanent la grandeur 8c la
profpérité d’une nation. Il n’eft nulle clafle qui fe
trouve déshonorée en prenant l’état de négociant •