
manderais. pourquoi Ton n’en trouve aucune
trace ? Pourquoi auraient- ils préféré un pays inconnu
à des régions fertiles où ils abordèrent ?
Pour ce qui regarde les Mexicains, la même
raifon n’a pas lie u , mais il y en a une autre qui
n’eft pas moins forte. Si jamais il y a eu des peuples
diffèrens en tout, pour la figure , les habille-
m en s , les moeurs, la religion, & c . ce font les
Chinois & les Mexicains. Q u ’on obferve feulement,
je ne dirai pas leur langne, vu que je l’ignore
parfaitement, auffi bien que mes leéleurs,
niais lès mots, les aftemblages bizarres des lettres,
tant de terminaifons en k u itl, le grand nombre
de / , de doubles //, de £, &c. dont on ne trouve
de vèftige dans aucune autre langue. Tout ceci
prouve qu’ils font très-anciens dans l’Amérique.
Si les Mexicains le fo n t , la nation policée dont
îi's fortoient devoir l’être de même. Celle-ci a pu
changer, étant féparée depuis près de mille ans des
autres. Elle aura pu prendre d’autres moeurs, une
autre langue, faire de nouvelles 'inventions différentes
de celles des Mexicains , en oublier quelques
unes , &c. L’hiftoire nous en fournit des
exemples, lis ont pu fe mêler, au moins quelques-
u n s , foit avec des voifins , foit avec des peuples
qui les ont fùbjuguès. Je crois donc que les hommes
barbus , dont on parle en diverfes contrées ,
à ce qu’il paraît, font d’anciens habitans policés
de l’Amérique, & que les autres, les têtes pelées ,
& ceux de Moncacht-Apé, font des étrangers d’o rigine
, ou mêlés avec des naturels du pays
Quels étrangers? Je fuis en ce point de l’ opinion
de M. de Guignes , avec quelque différence.
Je ne vois pas que les auteurs Chinois difent pré-
cifément que le Fonfang foit éloigné du Tahan de
vingt mille li s , ou deux mille lieues par mer. Les
Chinois abord oient bien par mer en Amérique ,
mais il éft Incertain fi de là ils ne fe rerrdoient pas
dans une partie du continent, ou du moins, fi leurs
defcendan's ne s’enfoncèrent pas plus avant dans le
p a y s , & n’y formèrent pas un étaMiffement indépendant.
Peut-être que ce fut dans le tems de leur
étabhffemeiitqu’ils pondèrent les ancêtres des Mexicains
\ & qu’une partie fût obligée de quitter fon
ancienne patrie pour chercher une nouvelle d e meure.
Il eft poffible auffi que tes Chinois aient
percé plus lo in , & qu’alors ceux qu’ils chaHerent,
'fauvages & autres, fe foient retirés vers les bords
de la mer que lés Chinois avoient quittés ; ce qui
iervirôk à expliquer fort naturellement pourquoi
la communication entre les Chinois de la Chine &
ceux de l’Amérique a ceffé. Les vaiffeaux arrivés
«enfinte ne trouvant plus leurs compatriotes , mais
à leur place des étrangers fauvages qui agiffoient
en ennemis envers eu x , auront cru les Chinois
tous maffacrês, & fans doute ne feront plus reve-
düs. Ceux de l ’Amérique, féparés de leurs anciens
concitoyens & de toute nation policée , auront
eonfervé quelque choie de leurs anciennes
moeurs & coutumes,; ils en auront ajouté ou changé
d’autres; enfin dans l’efpace de mille ans ils feront
devenus très-différens des habitans de la Chine,
du moins à plufieurs égards. Iten’eft pas douteux
que fi, félon M. de Guignes, ils ont fait conftam-
ment route le long du Japon, plufieurs de cette
nation n’aient pris parti avec eux ; que même des
jonques de ceux - ci ayant été jetées fur le rivage
des Chinois Américains, ils n’en aient été
bien accueillis & incorporés dans la nation. De là
le mélange des traits des uiis & des autres.
Enfin, j’avoue que tout ce que je dis des nations
civilifées qui habitent les parties feptentrio-
nales & occidentales de l’Amérique , n’eft appuyé
que fur des conjectures, mais qui ne me paroiffent
pas deftituées de probabilités. Je trouve dans les
voyageurs tant de faits , tant de circonfiances, que
je ne faurois m’ôter de l ’efp’r it , qu’avec le tems on
ne découvre dans ce continent dès nations très-
nombrenfes & civilifées qui compofent des royaumes
puifians. ^
Les François, s’ils avoient eonfervé la Loui-
fiane, m’auroient paru beaucoup plus à portée de
les découvrir depuis ce pays , qu’on ne l’a fait depuis
le Canada : ils ont appris à connoître tes Mif-
fourites , les Canfez, les Padoucas, nations q u i, à
mon avis , ne font pas éloignées des premières nations
civilifées, puilque les Padoucas fe fervoient
déjà de chevaux couverts de peaux pour aller à la
chaffe, comme les Tahuglanks.
Si donc on paffoit vers la rivière qu’on nomme
de Saint-Pierre, & que je crois être la rivière Longue
de la Hontan, qu’on fui vît alors la même route;
ou fi , depuis les Padoucas on fuivoit & paffoit le
Miffouri, comme a fait Moncacnt-Apé, nous en
faurions bien-tôt des nouvelles. Je regarde le lac
des Tintons comme un de ces lacs formés par la
rivière Longue, qui font repréfentés fur là carte de
la Hontan ; car je ne conçois pas pourquoi on lui
a donné le nom de lac des Tintons, en ajoutant
Tintons errans. S’ils font plus errans que les autres
fauvages , qui font dès eourfes de plufieurs centaines
de lieues, je rie vois pas pourquoi l’on donne à
un lac le nom d’une nation qui n’y fait jamais fa
demeure fixe.
On peut encore confulter YHiJloire générale des
Voyages ^ qui rapporte une relation tirée, e f t - i l
dit, du Mercure galant de 1 7 1 1 , par M. du Frefnoi-,
& celle-ci cPun manuferit trouvé en Canada, de la
découverte faite par-dix perforai es qui remontoient
le Mifliflipi , de celui-ci entroient dans un autre
fleuve dont le cours étoit vers le fud-fud-oueft, &
ainfi d’une rivière à l ’autre jufques chez les Efca-
nibas, gouvernés par un ro i, Aganzan , qui pré-
tendoit defeendre de Montézuma, roi puiftant,
entretenant une armée de 100,000 hommes en
tems de paix, tefqnels peuples négocioierit avec un
autre peuple, en y allant par caravannes , qui ref-
toientfix mois en route. O n peut en lire un détail
fort ample dans la gazette de Londres du 30 octobre
1767,
On y lit que trois François, partis de Montréal
l ’ a n n é e précédente pour faire des découvertes ,
après laoo milles de marche, ont rencontre un
fleuve dans lequel ils ont cru appercevoir un mouvement
de la marée. ■
D ’après les axiomes énonces au commencement
de cet article, je regarde de pareilles relations de
quelques aVenturiers, comme les fables des anciens
, q u i, fans être vraies , ont pourtant la vente
pour bafe , quoiqu’elle y foit fort défigurée ; du
moins, fera-t-on oblige d avouer que leurs auteurs
ont cru inconteflable qu’à l’ouelt du Canada , il
exiftbit un pays mm nfe de peuples plus ou moins
civilifés, & que c’étoit l’opinion générale. (£ .)
AMERSBUY. Voye1 A m bresbuy.
AMERSFORT, ville des. Pays-Bas, dans la province
d’Utrecht, fur la riviere d Ëms. Long. 23 ;
lot. 52, 14. O’eft la fécondé ville de la province :
elle a deux églifes réformées. Cette ville qui eft
belle & conftderable, eft à 5 lieues e. d’U trecht, & 1
12 f. e. d’Amfterdam. ( R.)
AM F O R A , petite rivière du Frioul qui a fa
fource dans l’état de Venife, & qui fe jète dans le
golfe de ce nom, près d’Aquitée. (£.)
AMHARA , royaume de l’Aby flinie, dont il
occupe le .milieu. Il touche au feptentrion le
royaume de Bagemdar ; à l’orient, celui d’Angot ;
au midi, celui de Walaka ; & à l ’occident, celui
de Gojam , dont il eft féparé par le Nil. ( R.)
A MID, ville de Tuiquie, dans la Natolie, à 24
lieues de Tocat, & à 16 d’Amafie. Voyc{ Amed.
L o n g . 34,20; la t . 40, 30. ( R .')
Amid, ou D iarbeK-IR, ancienne ville de Méfo-
potamie fur le Tigre ; elle s’eft auffi appellée Conf-
tiintle. Voye{ DlARBEKIR. (R-')
AMIÉNOIS, pays de France, dans la Picardie,
dont Amiens eft la capitale, & qui comprend une
grande partie de l’ancien pays des Arnhiens. Il
forme la Picardie proprement dite. Les Comtes d’A miens
relevoient autrefois par foi & hommage de
l’évêque de cette v ille , à qui les rois avoient concédé
-la fouveraineté du pays. Philippe Augufte
l’acquit à la couronne en 1 193. Charles VII le céda
au duc de Bourgogne, Philippe le B on , en 1433 ,
& Louis XI le réunit à la couronne en 1477. (£ .)
AMIENS, ville ancienne, grande & marchande
, capitale de la Picardie, avec titre de comté &
de Vidamie, & droit municipal. Elle a un évêché
ffiffragant de Reims,généralité, intendance, grand
bailliage , él eélion , préfidial , grenier-à-fel, hôtel
des: monnoies, jurifdiâion confulaire , bureau général
du tabac , bureau pour Les aides, maîtrife particulière
des eaux & forêts, gouvernement particulier,
La ville eft fort peuplée, •& défendue par
une bonne citadelle : on y compte environ fix
mille feux. La cathédrale, dédiée à N. D . , eft fans
cloute le plus beau vaifteau gothique qui exîfte en
Europe : indépendamment de la beauté des proportions
& de la délicateffe de l’ouvrage, elle a
cent trente-deux pieds de hauteur fous yo.ûte ; on prétend
y avoir le ehef de St-Jean-Baptjfte. Outre la cathédrale
, il y a encore deux collégiales, quatorze
paroiffes, un féminaire dirigé par les prêtres de la
million , un collège', un hôpital général, un hotel-
dieu, plufieurs abbayes & maifon.s rehgieuies des
deux fexes , & une académie des fciencés ^ beaux
arts, érigée en 17,50* .Les revenus de 1.eveque font
de 45,000 livres. . . 1
Le commerce d’Amiens eft fort confiderable ,
fur-tout en étoffes de laine. On y fabrique beaucoup
de camelots façon de Bruxelles , d’étamines ,
de pluches : on y brille des tourbes, terre njaréea-
geufe, noire & fulfureufe, fu e l’on coupe avec la
bêche en petits quarrés, & que l’on fait fécher k
l’air & au foleih En 159 7, les Efpagnols s’emparèrent
d’Amiens par un ftratagême fort connu. Ils
firent entrer des foldats déguifés en payfans , qui
conduifoient une charrette chargée de noix. A l entrée
de la ville , quelques facs^ ouverts a deffein »
jonchèrent le pavé des noix quils contcnoient ; la
garnifon s’amufa à les amaffer ou à les piller. Dans
cette entre-faite , des foldats que les Efpagnols
avoient mis en embufeade , s emparèrent de la
porte, & fe rendirent maîtres de la ville. Au refte,
Henri IV la reprit la même année. Cette ville eft
la patries^ié Voiture, connu parla facilité de fon
efprit, du phyfiçien Rohault, de du CaiTge, qui
s’eft fait un nom par fes gloftaires, & de Al. Greffet,
poète ingénieux & agréable. Amiens^finie fur la
Somme qui eft navigable, eft à 14 li. f.-o. d Arras,
8 f.-e. d’Abbeville, 28 f. de Calais, 20 n.-e. de
Rouen, & 29 n. de Paris. L.ong. 2 0 ,2 ,4 5 49 ?
^ Â M IL O , fleuve de Mauritanie, dont il eft parlé
dans Pline. (JL) .
AMINELp petite ville d’Afrique en Barbarie ;
elle eftfituéé dans la partie orientale du royaume
de Tripoli. (J?.) .
AM IR A N T E , .{îles de /’ ) ,îles de la mer des
Indes, fituées entre la ligne Sc 1 île de Madagascar ,
on en compte neuf qui font prefque toutes inhabitées
; elles font cependant naturellement fertiles :
l’on y trouve des noix de cocos, des palmiers, des
pigeons, & du poiflon en abondance. D ’apres les
recherches que quelques navigateurs y ont faites ,
on a jugé qu’elles avoient été autrefois aüez peuplées,
& il ÿ refte en plufieurs endroits des veitiges
d’habitations. I ong. 67, 75 ; lat. 5 ,3 . (.J?*)
ÂM IT E R N O , .ancienne ville d Italie , dans le
• pays des Sabins : c’eft la patrie de l’hiftorien Sal-
lufte. On voit encore dans l’Abruzze des tûmes de
cette ville. On Ht dans-Strabon , iib. V , qu elle etqit
fituée fur le penchant d’une montagne, PG8H “ ei1
reftoit de fon tems un théâtre, quelques débris d un
temple . avec une grofl’e tour. (# .)
AMIUAM. Voyei A njouan.
AMIXO CO RE S , peuples de l’Amenque dans
le B ié fd , proche la contrée de Rio-Janéiro. ( R.)
AM M A , petite ville de la Judée, dans la tribu
I d’Afor. Elle étoit près du fleuve Beleus au fud
M ij