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duché , pour en jouir en toute propriété, ainfi
qu’en avoient joui Tes prédécefleurs ducs de Bouillon
9 & depuis les évêques de Liège. Cette remife
fut confirmée par le traité de Nimegue en 1675.
Godefroy-Charles-Henri de la Tour-d Auverg
n e , aujourd hui due de Bouillon, pair & grand
chambellan de F rance, eft né le 26 janvier 1728,
8c a époufé, le 28 novembre 1743 , Louife-Hen-
riette Gabrielle de Lorraine. Il eft fils de Charles-
Godefroy de la Tour-d’A uvergne, duc de Bouillon
, décédé le 24 o&obre 1 7 7 1 , & de Marie-
Charlotte Sobieska, prince fie royale de Pologne ,
8c arrière petit-fils de Godefroy-Maurice de la
Tour-d Auvergne, duc de Bouillon, à qui Louis
XIV avoit remis le duché de ce nom.
BOUIN ( File de ) , île de France fur la côte du
bas-Poitou , dont elle n’eft féparée que par un canal
Par édit du 29 l'eptembre 1714» elle eu de la
jurifdicfion du Poitou. Sa forme repréfente un
triangle de deux lieues de long. Il y a un bourg:
les habirans font exempts de taille»
BOVINES. Voyei Bouvines.
BO V 1N O , petite ville d’Italie au royame de
Naples , dans la Capitanat-e , proche les monts
A p en n in s a v e c un éy.êçhé fuftragant §c à 12 li. fi. e. de Bénévent.
B OU L AM. Voyei B u t am.
B O U L A Y , ou BOLSHEM , petite ville de
Lorraine, à 4 lieues f. o. de Saarlouis, généralité
de Nancy.
BO U LEN CO U R T , abbaye de France , diocèfe,
êleâion à 10 lieues n. de T ro y e s , ordre de
Cîteaux. Son revenu eft de 4500 liv.
BOULEN E, parité ville dii comté Venaifiin , à
a li. du Pont Saint-Efprit.
BOULOGNE , vide de France en Picardie,
jivec pn évêché fuftragant de Reims, & un port,
â l’embouchure de la Liane ; c’eft le Geforiacum
des anciens : elle fut nommée Bonqnia fous Conf-
tantin. La cathédrale eft fous l’invocation de la
Vierge. L’ inféodation que fit Louis XI en 1478,
du comté de Boulogne , eft fingulière : il eft d it ,
dans les lettres-patentes., que lui & fes fuccefteurs
tiendront le comté de Boulogne de la Vie rge ,
par un hommage d’un coeur d’or , à leur avènement
à la couronne.
Cette ville eft le fiège d’un gouverneur particulier
, d’un commandant & d’un lieutenant de r o i,
.d’une fénéclia-uffée, d’un bailliage prévôt. 1 , d’une
maîtrife particulière des eaux & forêts.
Le collège eft régi par les PP. de l’Oratoire, le
féminaire p.ar les. Lazariftes : l’hôpital eft magiâque-
ment bâti par les libéralités de la maifon d?Aumont.
Le traonâliiage devant Boulogne eft mauvais, à
moins que les vents ne foient depuis le nord au
fuel-eft. La tour d’ordre , qui étoit lïni fanai bâti
;par les Romains, eft tombée en ruine ; g étoit pour
éclairer les vaiftepiu: qui pilotent & venoient de
|a Gt^nde^Bretagne : car depuis C^far jusqu’aux
derniers empereurs, tous ceux que i’hiftoke dit
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avoir pafté chez les B retons, fe font embarqués k
Geforiacum : tels que l’empereur Claude, qui de
Marfeille fe rendit à ce port ; l’empereur Maximien ,
Lupicin , chef d'armée fous Julien & Théodofe-
le-Grand. C ’eft Caligula qui fit conftruire cette
tour oftogone, dont le circuit étoit de deux cents
pieds , 8c le diamètre dç fpixançe-fix , ayant douze
établemens, & alloit en diminuant : de turris ar•
dens , tour ardente, on a fait ordans ou ordenfis ,
depuis ord rans , d’où le mot tour d'ordre. Char le*
magne, en 8 1 0 rétablit ce phare; les Anglois
firent autour, en 154 5, un petit fort avec des
tours ; enforte que le phare faifoit comme le donjon
de la fortereile. Mais en 1644, tout tomba le 29
juillet en plein midi n’a pas été relevé.
L ’ufage de tirer le fort des faints à la réception
des chanoines , exifte encore dans la cathédrale de
Boulogne , comme cela fe pr.atiq.uoit dans Fan*
cienne églife de Thé roua ne , dont l'évêché fut
transféré à Boulogne M. de Langle, favant évêque
de Boulogne, voulut en vain, en 1722 , abroger
cet ufage, qu’ri r-egardo t comme fuperftitieu-x. Elle
eft à 9 li. o. de Saint Orner, 20 n. o. d’Arras , 22 o.
de Lille , 7 fi de Calais, 58 n» de Paris Long. 19 ,
16,44 ; la t . 50,43,31. P o y e ' BpULONOIS. ( R . )
Boulogne, village de France, à 2 lieues o. de
Paris, qui donne fon nom à un bois qui lui eft
contigu, & qui a mille neuf cent foixante - dix
arpens; il eft entouré d’un mur, & a plufieurs
portes. Il y a dans ce bois un ancien château
ro y a l, reyêru en faïefice , appellé Madrid, que
François Ie 1 habita après fon retour d’Efpagne.
BO ULO N N Q IS , contrée de France dans la
Picardie , dont Boulogne eft la capitale. Ce pays
fut jmj à la couronne par Louis XL Son cpmmerce
principal con-fifte en charbon de terre, en beurre ,
harengs, & liqueurs fortes. Le Boulonnois a environ
douze lieues de lon g, fur huit de large. Il
forme un gouvernement général, indépendant de
celui de, Ja Picardie. Il a eu fes comtes particuliers
jufqu e ri 11477 , que Louis XI l’acquit de Bertrand
de la Tour-d’Auvergne. (Æ.)
BOULQUERE, petite ville de Francce, à 5 li?
e. du Mans.
BOIJQÜENON. Voyei Saar-Bockenheim.
BOÜRAS , abbaye de France au diocèfe d’Aur
xerre , ordre de Cîteaux. Elle eft du revenu de
20.00 Üv., & eft à 7 lieues n. de Ne vers.
BOURBON , ou MASCAREIGNE ( île de ) ,
île d’Afrique dans la mer des Indes, à l’orient
de i ’îie de Madagascar. Elle a environ 15 lieues
de long fur i o de large. Les François s’y établirent
en 1657 & 1672. C ’eft l’entrepôt des vaiffeaux
François qui vont à la côte de Co.romadel. Les
^ouragans y font fréquens, 8c font quelquefois dq
"grands ravages. . -
Cette île fut anciennement appelée Mafcarein
pu Mafcarenhas ? du 110m de Fat?riral Portugaif
qui la découvrît, % qui fe contenta d’y la i f e quelques
animaux qpi s’y jaïukipUêrent. Ellp eft fïtuéf
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parles 73 deg. 30 min. de longitude, 8c par les 20
deg. 30 min. de latitude mérid. Elle fut fouvent
reconnue par les François, dans leurs voyages de
Madagafcar à Finde, pendant le dix-feptième üecle.
Leurs va idéaux y relâchèrent, engagés par la falu-
brrté de l’air, la bonne qualité des eaux 8c l’abondance
des tortues deterre. Les mêmes raifons firent
defirer aux convalefcens, tant de la colonie du fort
Dauphin à Madagafcar , que des vaiflèaux qui y
paffoient, d’y féjourner pour fe rétablir Telle a été
la première origine de cette colonie. Vers 1669 , les
habitans'de Madagafcar, ayant détruit le fort Dauphin
, lès François fe réfugièrent à File Bourbon.
Cette colonie s’accrut encore de quelques forbans,
auxquels on accorda une amniftie,.8t de quelques
employés 8c ouvriers de l’ancienne compagnie. Ce
ne fut qu’en 1720 que l’établiffement en grand
d’une compagnie "des Indes vint animer cette poignée
d’habitans : leur induftrie a été encore beaucoup
augmentée par le génie du grand la Bourdonnais.
Depuis cet homme, unique par fes talens,
fes lumières, fon courage 8c fon aâ iv ité, elle a
toujours profpéré.
La colonie eft aéhiellement dans l’état le plus
florifîanr auquel elle puifie afpirer. Sa population
eft d’environ cinq à fix mille blancs 8c trente mille
noirs. La milice bourgeoife eft compofée d’environ
douze Cents hommes, de l’âge de quinze ans à celui
de cinquante. L ’île petit fe nourrir elle-même, 8c
fournir à fes befoins en cuir, laine 8c coton. Elle
ne manufa&ure pas ces deux derniers articles. Elle
peut exporter annuellement dix mille balles de
’ c a fé , du poids de cent livres la b alle, 61 deux
millions pefant de grains. C ’eft avec cet objet, pouvant
former un capital de 750,000 liv. 8c avec les
dépenfes du roi pour l’entretien de fes employés
civils 8c militaires, que cette colonie doit payer
l ’importation qui lui èft faite en efclaves, fe r , fa-
von , huile , v in , eau-de-vie, habillement, to ile ,
mercerie, clinquaillerie, bijouterie, 8cc.
Les inexactitudes du livre fur les deux Indes, au
lu jet des récoltes que Fon fait dans cette île, font trop
palpables pour mériter aucune réfutation dans un
livre comme celui-ci : il fuffir d’en prévenir pour
les faire apperceyoir au leéleur le moins attentif.
Huit paroiiïèsi, deïïèrvies chacune par un ou deux
prêtres de la congrégation de la Million , fous la
dîreâion d’un prefet apoftolique qui y réfide, ou
qui réfide à l’île de France, partagent l’île , qui eft
gouvernée 8c adminiftrée r quant au temporel, par
un gouverneur particulier 8c un conrmüTaire ordonnateur,
recevant l’un 8c l ’autre les ordres du
gouverneur général 8c de l’intendant de l’île de
France. Un confeil fupérieur y eft établi pour juger
én dernier reflort les appels des fentences d’une
jurifdiâion royale.
_ L’île eft ronde, 8c a à peu près foixante Edites de
circonférence elle n’a point de port, mais plufieurs
rades foraines, dont celle, de Saint-Denis 8c celle
de Saint-Paul x du .nom dès quartiers principaux de
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l’île qui y font limés, font les meilleures & les plus
fréquentées; la dernieremêmepourroitêtre regardée
comme une excellente b a y e , s’il étoit poflîble
d en fortir quand les vents patient dans la partie de
1 ouelf. La côte en eft faine & a dix brades de profondeur
par-tout, aune ou deux portées de fufil du
rivage. Cependant le v en t , les barres & les récifs
qui forment le rivage , dans plus de la moitié de
1 île ; les madrépores, qui couvent une grande
partie des fonds , rendent la plus grande partie des
côtes inabordables, & les mouillages peu fins.
L intérieur de 1 île , par la-hauteur des montagnes,
la profondeur des ravines & leur efearpe-
nient, ne peutêtre mieux comparé q ua un artichaud
garni de toutes fes feuilles. Il n’y a donc de terres
cultivables qu’à aller de la mer aux montagnes,
jufqu a une certaine hauteur, faifant là profondeur
d’environ une ou deux lieues. Or, déduifant fur cet
efpace les montagnes & les ravines, en grand nombre,
qui s’y trouvent placées, les roches, tufs',
fables & lits des rivières, on croit pouvoir réduire
la fuperfïcie des terres cultivables, tant bonnes que
mauvaifes , à cinquante lieues quatrées. Perfonne
ne s’eft encore avifé, jufqu’à préfent, de calculer
1 élévation des montagnes de cette île , au-deftits du
niveau de la mer; mais on peut affurer qu’elle n’eft
pas moindre de douze cents tdifes.
l a terre prefque par-tout en pente, réparant fes
pertes par Les fucs que les eaux lui apportent des
terrains fupérieurs, y eft en général de meilleure
qualité que celles de l’île de France. Quoique l’île
foit actuellement dans un état brillant, en compa-
raifonde ce qu’elle étoitil y a vingt ans ; cependant,,,
on peut affurer que fes fournitures étoientplus con-
fidérables dans ce tems-là qu’elles ne le font à pré-
fènt. Les terres neuves y font très-rares aujourd’hui,
& la terré une fois épuifée , par la production non
interrompue pendant dix , vingt & trente ans de
deux récoltes annuelles, devient un tuf qui né rapporte
pas même de mauvaifes herbes, ou une fa-
vanne formant un maigre pâturage.
Le riz., le froment, le maïs , le poix du cap, les
haricots, les voëmes, les amberies , les ambre-
vates , la canne de lucre , le manioc, la patate,
le fonge, le café , le coton , font ici, ainfi qu’à F lic
de France, les objets de culture les plus généraux-
Le labour des terres ne confifte qu’à en gratter la:
fuperfïcie à deux ou trois pouces de profondeur ai*
plus avec la pioche..
Les chevaux y font bons & vifs ; & quoiqu'ils ne
foient jamais ferrés, ils vont dans les montagnes
avec une aifanee qui- fait frémir, quand on n’y eft
pas habitué ; mais en général, ils y durent p eu ,
vraifertiblablement parce qu’ils font mal fbignési.
Les autres animaux domeftiques, comme boeufs,
cochons, volailles , cabrits , moutons, s’y multiplient
aifément. Les vaches y donnent peu de la it,
encore ne le Iaiffent-efles traire que quand' leur
veau eft à côté d’elles. La tortue de terre y étoit
autrefois extrêmement commune ; mais- i l n’y e a