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lues , les loix des lo ix , les climats des climats. Le nègre pareffeux qui
relpire l’air brûlant de l’équateur, ne reffemble point au robufte & laborieux
habitant du nord. La loi qui allure au fier Anglois tous les droits de fai
liberté, reffemble encore moins aux caprices fanguinaires d’un defpote Afia-
tique. Enfin, nos fociétés policées , nos fciences, nos arts n’ont nul rapport
avec ces hordes fauvages , qui confervent à peine quelques traces
humaines. Tous ces contra fies que l’on remarque dans les moeurs des diffé-
rens peuples , toutes ces variétés dans les gouvernemens exiftent auffi dans
les^ opinions religieufes. Les cultes font oppofés aux cultes, les prêtres aux
pretres, les religions aux religions : nous les réduirons à quatre principales,
lavoir, le Paganifme, le Judaïfme, le Chriftianifme & le Mahométifme. La
Géographie moderne admet une fubdivilion fous le nom de Géographie
ecclefiaftique. b r
La Géographie ecçleJiafUqüc eft celle dont l’objet eft de répréfenter les
partages dune jurîfdiftion ecclefiaftique, félon les patriarchats, les primaires ,
les diocefes, les archidiacon.es, les doyennés, &c. &c. Quant à cette dernière
divifion , nous ne ferons pour ainfi dire qu’indiquer les objets les moins
inutiles, nous refervant pour des choies plus inftruâives & plus intéreffantes.
Jetions maintenant un coup d oeil fur quelques Géographes François, &
principalement fur ceux qui fe font le plus diftingués parmi nous.
La Géographie ne peut guères remonter en France que jufques vers le
milieu du feizième fiècle , encore n’avons - nous eu que des effais informes
qui fe reffentoient de la barbarie des écoles, & de nos foibles progrès dans
la géométrie, l’aftronomie & lès autres fciences.
Poftel, T h e v e t, Jolivet & Nicolas de Cufa, nous ont donné des cartes
générales de la France ; ces ouvrages comparés à ceux de nos jours n’offrent
que des fautes de calcul, des oublis, & des traits mêmes d’une groffière ignorance
: mais ils ont ofé défricher ces landes montueufes & rebutantes ; on
ne peut donc leur refufer de la reconnoiffance.
Etienne Ghebellin publia le comtat Venaifiïn ; Thabourot, le duché de
Bourgogne; Kettenhofer, la Champagne; Rogieri, le Poitou , & les pays
voifins ; G u y e t , 1 Anjôu ; ourhon , le Vermandois ; Calameus , lé Berri ;
Hugues Cufin , & dans la fuite Ferdinand Lannoy, la Franche-Comté ;
Beins, le Dauphine; Bombar, la Provence : enfin, la Guillotière nous donna
la Carte generale de la France, vers l’an 1584 ou 1585. Il eft même facile
de voir par quelques-uns des noms qu’on vient de citer, combien nous devons
de reconnoiffance aux autres nations.
s M a*s le genie François commença fous Louis XIII à voler de fes propres
ailes, & a etonner ceux mêmes qui avoient été fes maîtres. Nicolas Sanfon,
ne en 1600, avait fait dès dix-huit ans une carte de l’ancienne Gaule, aveq
un traite latin qui! ne publia qu’en 1627. Il nous donna enfuite des cartes
S U R L A G É O G R A P H I E . ■■ xii}
de l’ancienne Grèce , de l ’empire Romain , de la France , de l’Afie , de
l’Afrique, de l’Amérique , & des dix-fept provinces des Pays-Bas, & c . & c .
Guillaume & Adrien Sanfon fes enfans, & Pierre - Moulard Sanfon , fon
petit fils, foutinrent avec éclat la réputation de leur père.
Nous ne devons pas oublier de placer dans le nombre des Géographes
qui ont illuftré leur fiècle, Pierre D u v a l, affez peu eftimé aujourd’hui ;
le P. Briet, Jéfuite ; les Delifte, les Danville, les Buache , feu M. Robert
de Vaugondi, M. Jaillot, M. Sauveur , qui fous Louis X IV conçut
le plan du Neptune François , ouvrage qui a été confié à M. Bellin,
hydrographe du R o i, pour le mettre à fa perfeâion; M. d’Après de Men-
nevilette, auteur auffi d’un Neptune François , mais dont les grands talens ne
font pas oublier fes campagnes maritimes dans ia dernière guerre , & quelques
autres encore , dont les travaux font autant de conquêtes pour la Géographie.
(1) Mais en citant tous ces hommes célèbres , nous avons plutôt
parlé de ceux qui nous ont rédigé des, cartes, que de ceux qui ont écrit fur
cette fcience. Il eft plus facile d’affigner une pofition géographique , que de
peindre l ’hiftoire, les moeurs, le commerce & les arts des nations. Nous
ne croyons pas qu’il foit inutile ici d’examiner quelques-uns de leurs ouvrages
, & de voir en quoi ils ont plus ou moins contribué aux progrès de
la Géographie.
Le premier de ces ouvrages, fur lequel nous oferons rifquer quelques
réflexions, eft le grand Diâionnaire de la Mârtinière. Il femble qu’ôn ait
pris à tâche de raffembler dans ces nombreux irt-fol., toutes les fottifes &
tous les menfonges qu’on peut débiter en Géographie. Le peu de bonnes
chofes qui s’y trouvent, eft noyé dans une foule d’erreurs, & fonftyle eft lâche
& prolixe. Les calculs font faux pour la plupart, & la partie hiftorique n’eft
pas toujours exempte d’erreurs. On doit cependant (avoir gré à l’auteur
d’avoir conçu un plan auffi vafte : il n’a manqué à lui & à fes fucceffeurs
que des matériaux auffi fûrs qu’ils étoient immenfes. Avec plus de vérité
dans les détails, fon ouvrage ferait un des plus précieux dépôt de nos riches
bibliothèques.
Le grand DiRionnaire de la France , par M. l’abbé d’Expilly , eft une
colle&ion immenfe & remplie de recherches. Il eft à regretter que l’auteur
n ait pas toujours été bien fervi dans les mémoires qu’on lui a fait paffer.
Si des Dictionnaires nous paffons aux méthodes, nous fommes forcés de
0 ) piufi™rscle ces Géographes ont accompagné leurs cartes de commentaires très in fl ruai fs ; mats
le fiecle prefent & la pofterité diftingueront toujours le célèbre d’Anville , qui , dans une carrière
tres-lan^ue ^ & tres-laborieufe, nous a donné de favans Mémoires fur la mer Cafpienne , fur les
antiquités géographiques de l’Inde, fur l’ancienne G aule, fur la Chine, &c. S’il eft quelquefois permis
de ne pas être de l’avis de ce favant homme fur tous les points , c’eft qu’un grand nom ne doit jamais
nous détourner de la recherche de la vérité.