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K o i , comme ayant l’embouchure de cette rivière
tout près de fa côte méridionale.
AtlaiTow, qui n’a rien vu par mer, aflîire qu’on
ne peut le dépafler par eau, à caufe des glaces vers
le nord ou l’oueft, qu’il n^y en a jamais au fud.
Voilà ce qu’on a encore défiguré Sc appliqué à ce
cap Tabin , repréfenté tournant au nord ; au lieu
que nous venons de voir la raifon pourquoi il y a
fouvent des glaces au nord de Serdzekamen. On
n’ofera nier qu’il ne s’agifle ici par-tout d’un cap,
des île s , de peuple proche l’Anadyr , vers le 66 ou
67e degré, 8c non d’autres vers le 72. à 74e degré,
& que n’y ayant qu’un cap confidérable entre cette
rivière & le Kolyma, ce cap Tabin ne doive difpa-
roître.
12°. L’article de Popow eft très-remarquable ;
}'adopte à-peu-près toutes les relations , pourvu
qu’elles ne s’oppofent pas au bon fens comme celle-
ci : Une grande terre vis-à-vis du Kolyma & de V A -
nadyr, la même terre vis-à-vis du Kolyma, félon
les nouvelles cartes, à 71 degrés de latitude, 175
degrés de longitude, fur la côte feptentrionale-, 8c
de l’A n ad y r , 65 degrés de latitude, 193 degrés
de longitude 5 fur la mer orientale ; n’eft - ce pas
une contradi&ion palpable ? Ne faut-il pas ou effacer
le nom de Kolyma, ou placer fon embouchure
dans la mer orientale, comme on l’a fait
autrefois? S’il en étoit, comme les ancien nes-car-
tes le marquent, le Kolyma feroit plus au fud que
le prétendu cap Schataginskoi , peu éloigné au
nord-oueft , fur une côte inclinée vers le fud-eft
du grand cap ; alors , en effet, la grande île ou
terre feroit à-peu-près vis^à-vis des deux; ces rivières
feroient de la même mer, comme Gmelm
le d it, & cet article de la relation de Popow feroit
cxaét
On voit que c’eft par le préjugé en faveur de
ce cap Tabin , qu’on vouloit confondre tout ce qui
eft prouvé encore, parce que malgré toutes les
recherches, on n’a point trouvé dTle, ni d'îles
habitées vers le K o lym a , 8c que la defcription des
habitans , de même que la.diftance, les animaux,
les pelleteries, les bois, dont il n’en croît point à :
cette latitude de 70 a 74 degrés & plus loin , tout
enfin indique fans équivoque les îles à l’oppofite du
Serdzkamen & de l’Anadyr , ainfi que le nombre
des habitans, le même que les autres ont rapporté
de ceux de Serdzkamen, de fes environs & des in-
fulaires ; puis donc que le détail authentique qu’on
a de ceux-ci ne peut pas être douteux, il faut que
l ’autre foit fau x , & provenant de ce qu’on veut
toujours confondre les deux caps , & appliquer à
un cap Tabin imaginaire , ce qui appartient au
Serdzkamen fëul.
1 Stadouchin devoit fe rendre depuis le Tfchi-
ketfcnoinofs à ces îles, & pays du côté oppofé; c eft
donc depuis le Serdzkamen auquel ils le font ; pour
le cap Tabin ; il faudrait chercher des îles & pays
oppofés aufii imaginaires que le cap , pmifqu’on
a jamais eu la moindre notion ni idée.
Le reffe de la relation des Tfchutski des environ*
d’Anadirskoy, confirme fi complettement ce que
nous venons de dire, qu’il n’èft pas néeeffàire d’y
infifter. Ils difoient à Defchnew, à Atlaflbw, à
Beering même , tout ce qu’ils favoient de ces contrées
; que leur nation habitoit ce grand cap vers
l’A nady r, ces côtes , tous ces. environs ; ils décri-
voient le mieux qu’il leur étoit pofîible, les îles 8c
pays voifins 8c leurs habitans , parloient du continent,
tant de l’oppofé que de celui à l’oueft d’A -
nadirskoÿ & du Kolyma; ils connoifibient tout
ceci ; mais pour ce cap au 7 2 , 74e degiés, fi corîfi-
dérable, fi formidable, qui, comme on le d it, eft
habité par eux, parce qu’on le confond avec le
Serdzkamen , aucun n’en difoit un mot à perron
ne de c eu x -c i qui les virent à diverfes fois
dans l’efpace de quatre-vingt-cinq ans. Il eft donc
évident qu’ils ignoroient l'exiftence d’un pareil
cap, & qu’il n’y en a point.
On pourroit vouloir prendre avantage de ce
qu’ils difoient, qu’il leur falloit près de trois fe-
maines pour fe rendre à l’extrémité du cap ; mais fi
l’on fait attention à. toutes ces circonftances, on
verra que ceci ne tire point à conféquence.
C ’eft avec leurs miférables baidares de cuir,
qu’il leur faut tant de. te ms.
Du fond de la baie de l’Anadyr, qui fur la carte
de M. Muller , a ,5 degrés de profondeur.
• Par-defius le banc de fable, ou tout près, ce qui
doit les arrêter fouvent, & même doit lés y jetter
8c les y faire demeurer quelque tems.
Côtoyant ce long promontoire , oùJls trouvent
encore deux baies , 8c qu’il faut du tems pour
les paflcr.
L ’extrémité du Serdzkamen à fon n ord , eft à
deux ou deux degrés 8c demi, ou 40 à 50 lieues de
largeur, & elle eft pleine de rochers ; mais de bons
vaifteaux qui prennent le large 8c cinglent direéle-
ment , peuvent bien en trois fois vingt - quatre
heures, comme l’autre relation l’aflure , par un
fort vent favorable depuis l’extrémité du cap, arriver
non au fond de la baie, mais à l’embouchure
de l’Anadyr. Il n’y a rien là qui fe contredife.
140, On voit ici feulement qu’il s’en faut de
beaucoup que la cour ait publié toutes les découvertes.
i<°, Le grand monarque clfoififfanf lu i-même
Beering, cela forme un grand préjugé en faveur de
celui-ci, non que j’adopte en entier fa relation ou
plutôt fa carte; il faut toujours aller, pour ainfi
dire, la fonde à la main, fi on veut former une
bonne critique.
160. Son voyage fut en tout de cinquante - cinq
jours pour aller 8c revenir. Je veux croire que
fa carte ait été dreflee auffi exactement qu’il l’a
pu ; eft-ce allez pour qu’elle foit exempte d’erreurs ?
Il a perdu rarement de vue les côtes ; mais pourtant
cela eft arrivé : l’officier Ruffe qui l’a accompagné
dans fon voyageen Amérique, 8c q ui, curieux
comme il l’étoit, aura eu mainte converfation
,aveç
a s 1
âvec lut fur fon précédent v o y a g e , allure qu’il a
pu voir rarement les- côtes , à caufe des brouillards
fréquens. On ne peut donc fe fier à fa carte
à .cet égard, ni par conféquent placer l’extrémité du
Serdzkamen à près de 205 degrés ( ou félon d^utres
208) de longitude, tandis que le point de fon départ,
l’embouchure du Kamtchat, l ’eft environ 177,
& qu’un auteur allure que le giflement des côtes
depuis le Lopatka, vers la mer Glaciale eft aflez
en ligne direéie, excepté les caps, c’eft-à-dire, ces
caps de Kamtchat, Kronoskoi, llpinskoi 8c autres
pareils; car de comprendre dans cette exception
ces grands caps ou plutôt pays 8c contrées qui s’éloignent
de la ligne direéte d’environ 30 degrés, feroit
une exception très-ridicule.
LesTfchoutski, a u 64 degré 8c demi, l’avertirent
que la côte plus haut alloit fe tourner vers
l’oueft à 67 degrés 18' ou 28', ils en ont apperçu la
vérité, 8c ont cru avoir aflez de preuves pour alïii-
rer que le? deux continens n’étoient pas joints ,
voyant courir la côte à l’oueft, fans rentrer ni vers
le nord ni vers i ’eft.
M. Muller traite ceci d’erreur , parce qu’il foute-
noit l’exiftence du cap Tabin , 8c Le rédaéleur
( pour .abréger, je cite fous ce npm la fuite de Xhif-
toi e générale des voyages ) le taxe de timidité qui lui
faifoit peu d’honneur, n <>fant pas aller plus vers le
nord, pour achever fes découvertes. C e dernier
agit directement contre fon axiome fi incontefta-
îfie, qu’un témoin vaut plus que cent non-témoins, ou
qui n’ont rien vu ; Beering étoit un bon marinier,
reconnu & choifi comme tel par l’empereur ; il
,a vu ce qu’il a dit, 8c n’a pas vu ce cap Tabin,
ni aucun indice, qu* pût le lui faire foupçonner;
il n’a point entendu parler des Tfchoutski, qu’on
dit habiter ce cap ; ces meffieurs ne l’ont pas vu
non plus, mais en foutiennent l’exiftence par prévention
, en y appliquant ce qui n’eft manifefte-
ment applicable qu’au Serdzkamen, & fans preuve ;
-ceci doit-il être préférable à un témoignage auffi
authentique que celui de Beering.
Il faut encore faire réflexion qu’il eft croyable
que ce n’eft pas en particulier , çn voyageur, qui
fouvent découvre au hazard des pays , que Beç-
ring a aei ; mais par ordre d’un grand monarque,
ce qui n empêche pas qu’il puiffe n’êfre pas cru
.dans fa relation, 8c fur tout ce qui concerne ïe
principal but de cet ordre & de ce voyage. Il eft
donc naturel de diftinguer dans fa relation ce qu’il
:a v u , 8c le giflement des côtes .dont il n’a vu qu’une
■ petite partie , §L fans obfervation aftronomique. Si
dans fa carte il a également marqué le cap Tabin ,
.c’eft ce que f ignore; ceci peut être une addition
du géographe : fitippofons que ce foit de Beering
même, H à pu le marquer de çrainje de révolter
le préjugé reçu , tout co mm e je l’ai fait dans ma
.carte n°. I l , quoique j’aie drefle la troifième félon
«e que j’en penfe réellement, même en accordant
encore aurtfelà.
*7°. Cet article eft encore remarquable : G^pf-
Géographie. Tome /,
dens a été vers la terre, dont il eft fait mention
plufieurs fois ci-deflus, entre 65 8c 66 degrés, pas
loin du pays des Tfchoutski. C ’eft encore une
nouvelle preuve que tout ceci regarde le Serdzekamen
, 8c non ce cap imaginaire ; l’officier d i t , fans
équivoque, que c’eft depuis le premier, que Gwof*.
dens fut jeté fur la côte de l’Amérique.
Mais la relation de Pawluzki eft telle, qu’on eft
en droit d’en rejeter tout ce qu’on veut; rivière
confidérable, inconnue vers la mer glaciale ; de là un
voyage de quinze jours vers Vejl : cette rivière eft
donc encore à l’eft du Kolyma : eft-ce Pogitfcha y
que fes prédéceffeurs n’ont pu trouver après des
voyages de quatre 8c de fept fois vingt - quatre
heures ? A-t-il été fous la proteâion du roi des.
aigues marines, qui devroit entrer dans un pareil
conte borgne , ou une petite armée de quatre cent
(juarante-cinq guerriers, voyage pendant quinze
jours, prefque toujours fur les glaces ! Son grand
protecteur a-t-il créé une île de glace flottante y 8c
fait avancer fi loin vers l’e ft, comme on devroit le
croire, parce que fouvent elle étoit fi éloignée des
côtes, que même on ne pouvoit appercevoir les
embouchures des rivières ? Et cette lie devoit être
d’une nature particulière ; le génie avoit-il le pouvoir
d’empêcher que jamais la glace ne fe brisât,
comme il eft arrivé à tous les autres qui ont fait
l’expérience, que d’une heure à l’autre on n’étoit
pas fûr que cela n’arrivât ? Non, ici les quatre cent
quarante-cinq hommes étoiem toujours enfemble
à leur aife : ou eft-ce un p ont, foit glace ferme,
d’une telle étendue, qu’ils pouvaient y voyager
pendant quinze jours au moins ? Chacun comprendra
qu’aucuns hommes ne peuvent avoir la force ,
le génie, la dextérité de voyager fur une île de
gla ce , fans rifque, fi lo in , la faire avancer, la diriger
de quel côté on le juge néceflaire. Je ne dis
rien des provifions ; je pente qye Pgwluski fe fera
pouryu de la chair de renards, loups,. & autres
déficuteffès ; car pour pêcher, ils ne le pouvoient
pas fur une glace fi étendue, fi ferme; mais du
rpoips le génie devoit les pourvoir de quelques
feepurs, pour fe repofer fur des couches molles,
& les garantir du grand froid. Etoit-il encore fur
les glaces ou fur terre , lorfque les Tfchoutski
avancèrent pour lui livrer bataille ? Si c ’eft le prer
mier, on ne peut qu’admirer fon courage 8c fon
habileté » d’avoir pu 8c voulu abandonner ion île
de glace pour aller à terre, uniquement dans le
j but de fe battre,
De - là il avança encore plus loin , trouva deux
riyiéres, qui fij jettent à une journée lime de l’ajatre
dans la mer glaciale, rivières auftî inconnues à fes
prédécefteurs nommés ci-deflus. Il faut que çette
çôte foit d’une étendue imm.enfp, puifqu’àprès le 7
juin, il ne repofa que huit jours, & pourtant nç parvint
à cette denfiere, 8c qu’il n’y eut un fécond
combat que le 30 juillet ( il eft vrai qu’çnfuite parlant
du troifieme combat, il eft dit le 14 juillet; il faut
donc que par erreur on ait mis 30 juillet, au fieu de