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ville répond parfaitement à la beauté de fa filiation.
Gette ville a deux lieues de tour, 6c mille cinq
cents toifes de longueur. On y compte deux cents
mUie âmes.
• On attribue fa fondation à Hercule le Lybien ;
d’autres ont dit qu’elle avoit commencé par un
éçabliffement des foldats de Sylla, ou des habi-
tans de Fiefole, ancienne ville, dont il refte encore
quelques veftiges à une lieue 6c demie de
Florence. M. Lami prouve que Florence eft: une
ancienne ville Etr.ufque , habitée enfuite par les
Phéniciens ; le f io n i d i A n t i c h i tà Tofcane d i Giovanni
Lami, 1766 , in -40. , & il le prouve par les
infcriptions, les bâtimens, & autres femblables
induaions.
Les hiftoriens ne parlent guère de Florence avant
le tems des Triumvirs. Ils y envoyèrent une co-
jiie formée des meilleurs -foldats de Céfar, environ
foixante ans avant Jéfus - Chrift : auffi les
Florentins ont - ils eu toujours des fentimens de
cette1 belle origine. Florus comptoit cette ville
parmi les villes municipales les plus confidéra-
bles de l’Italie ; 6c il n’y avoit pas , du tems des
Romains, de plus grande ville dans la Tofcane :
elle ayoit un hippodrome, un champ de Mars,
un "capitole , un amphitéâtre, un grand chemin
nommé V ia CaJJia.
Lorfque les empereurs cefferent d’être maîtres
en Italie, vers le cinquième fiècle , Florence fut
«ne des premières villes qui prirent la forme républicaine.
Elle fut prife parTotila ; mais enfuite
elle fe défendit vigoureufement contre les Goths ,
6c battit même Radagafle, en 407. Elle fut ce- j
pendant prife enfuite par les Goths, & reprife
par Narsès, général de l’empereur Juftinien, l’an
553. Elle finit par être entièrement détruite, &
les habitans difperfés, jufqu’au tems de Charlemagne
, qui voulut la rebâtir & la repeupler, Pan
781. Il y eut enfuite des marquis de Florence,
qui étoient comme fouverains , jufqu’à la mort de
la comteffe Mathilde , arrivée en 1115 ; alors Florence
commença d’élire des confuls pour gouverner
l’état ; mais les évêques avoient alors une très-
grande autorité. Lorfque fon gouvernement eut
pris de la confifiance & de la force, elle s’étendit
fur fes voifins, conquit plufieurs villes & châteaux
des environs: elle fit fouyent la guerre aux républiques
-de Pife, de Lucques, de Sienne. On voit
encore en forme de trophée devant le Baptiftère
6c à quelques-unes des portes delà ville, des chaînes
qui fer voient à barrer le port de Pife, quand
les Florentins s’en emparèrent en 1406. Ces triomphes
étoient d’autant plus beaux , que Pife étoit
alors une puiflante république. Florence foutint la
guerre contre le pape, contre les Vénitiens, contre
les duc de Milan, & fur-tout contre le fameux
Galéas Vifconti. La bataille d’Anghiari qu’elle gagna
auffi fur Philippe - Marie Vifconti, fous la
conduite de Picçinino , eft repréfentée en bas re- |
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lief dans l’églife des Carmes de Florence. Elle
fut fouvent accablée par le nombre & là puif-
fance de fes ennemis ; mais elle reprit toujours le
deflus.
La noblefle qui gouvernait la république de
Florence fut fouyent divifée, 6c l’on ne vit. en
aucun endroit de l’Italie autant d’agitations & de
troubles. Les blancs 6c les noirs formèrent deux
partis qui déchirèrent la république. Les Bon-
delmonti & les-Uberti fe difpi tèrent l’autorité.
Les Cerchi & les Donati, fous le nom de G u e lf
e s & de G ib e lin s , excitèrent de nouvelles dif-
fenfions. L’empereur 6c le pape y avoient alternativement
le defîus ; & fouvent un parti chaf-
foit 6c profcrivoit l’autre. Ce fut le centre des
guerres les plus horribles 6c des ravages les plus
affreux.
La république de Florencfe fut d’abord ariflio-
cratique, excepté dans de courts intervalles où
le peuple s’empara de l’autorité ; mais à la fin
les divifions continuelles des nobles , fortifièrent
le parti du peuple , êc conduifirent Florence à la
démocratie. La ville fut divifée en arts ou communautés
: on tiroit tous les ans de chaque art des
magiftrats appelés gouverneurs , & un gonfalonier
qui changeoit tous les deux mois. Les nobles fe
trouvèrent alors exclus du gouvernement , 6c
n’eurent pour y rentrer d’autre moyen que de
fe faire enregiftrer dans les communautés d’arti-,
fans.
L’art de la laine étoit le plus confidérable 6c
le plus riche : il comprenoit lui feul trois communautés
; la maifon de Médieis fut une de celles
qui fe diftinguèrent le plus dans le commerce des
laines. Dès l’an 1378 , il y eut un Sylveftre de
Médieis, qui fut fait gonfalonier de Florence, 6c
il acquit un très-grand crédit parmi le peuple,
par un efprit infinuant, 6c par une généralité qui
lui fit beaucoup de partifans. Jean de Médieis, avec
un caractère auffi doux & auffi bienfaifant, parvint
à être auffi gonfalonier ; il mourut en 1428 :
ce fut le père de Corne le grand.
Il y avoit long-tems que le commerce de Florence
s’étoît étendu au Levant & dans l’Afie. Les
richefles, qui en furent le fruit, entraînèrent auffi
la chute J e la république , ainfi que cela étoit arrivé
â Rome. Mais il faut convenir que ce fut
par la douceur & les bienfaits , & non point par
des guerres , des proferiptions 6c des crimes , que
changea la forme du gouvernement de Florence,;
ce fut un citoyen qui, en méritant le furnom de
père de la p a t r ie , en devint prefque le fouverain : je
parle ici de Çôme de Médieis, appelé quelquefois
Corne le grand , Corne le v ie u x , Corne père de la
patrie.
Il étoit fils de Jean de Médieis, & naquit en
1389 : ce fut lui qui donna le plus d’éclat, à cette
maifon , par la fortune immenfe que lui procura
le commerce qu’il avoit avec-toutes les parties du
monde connu, 6c fur-tout par le bon ufage qu’il
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en faîfoît dans fa patrie. C’étoit une chofe auffi
admirable qu’éloignée de nos moeurs, de voir ce
citoyen qui faifoit toujours le commerce, vendre
d’une main les denrées du Levant, & foûtepir de
l’autre le fardeau de la république ; entretenir des
fadeurs, & recevoir des ambafladeurs ,• réfifter au
pape , faire la guerre 6c la paix , etre 1 oracle des
princes , cultiver les belles - lettres , donner des
fpe&acles au peuple , 6c accueillir tous les lavans
Grecs de Conftantinople.
Des ennemis, jaloux de fon bonheur 6c de
fa gloire, parvinrent à le faire exiler : il fe retira
à Vernie ; il fut rappelé à Florence un an après,
& il jouit de fa fortune & de fa gloire jufqu’à
l’année 1464 , qu’il mourut : il fu t . furnomme
père de la p a t r ie , & il fut auffi le père des lettres
; car il raffembla les favans , & les prote-
ea de la manière la plus marquée. L academie
latonique de Florence lui dut-fa première origine,
& il forma une des plus belles bibliothèques
de l’Europe.
Lorfque la maifon de Médieis eut donne des
papes à PEglife ; 6c que par leur médiation elle eut
formé des alliances avec la France, fon autorité
s’accrut, 6c les Médieis s’élevèrent au-deffiis de
tous leurs rivaux. La bataille de Marone , que
Corne Ier gagna contre les Strozzi 6c ceux de fon
parti, le mit au*deffiis de tous fes ennemis. Le
pape Pie V lui donna le titré de grand duc , en
1569, 6c-il régna jufqu’en 1574._
11 tranfmit fes états à fa^ poftérité, qui én a joui
jufqu’au tems où elle s’eft éteinte dans la perfonne
de Jean Gafton de Médieis, VIT grand duc de
Tofcane, 6c le dernier de fa maifon. Ce prince
mourut le 9 juillet 173-7, devenu incapable, par
fes débauches , d’avoir jamais de fuccefleurs. Ferdinand
, fon frère, 6c fils de Corne III, étoit
mort le 30 o&obre 17.13 ; jFrançois Marie fon
oncle, fils de Ferdinand II, 6c qui avoit été cardinal,
étoit mort le 3 février 1719 ; 6c Anne-
Marie-Louife, fille dé Cômè III, qui avoit épou-
fé l’éleéleur Palatin , eft morte le 18 février 1743 ;
elle éteit la dernière perfonne du nom de Mé-
dicis.
Don Carlos, fils du roi d’Efpagne Philippe V,
6c roi d’Efpagne-lui - même aujourd’hui, fut dé?
fignédès 1718, pour héritier de la Tofcane; mais
lorfqu’il eut conquis le royaume dé Naples, 6c
que le duc de Lorraine, géndre de l’empereur
Charles VI, eut cédé fes états à là'France, on
fit un - traité à Vienne en 173 5 , par lequel lé duc
jde Lorraine reçut en échange le grand duché de
Tofcane. Il y eut cependant entre l’Empire 6c
l’Efpagne quelques difficultés au fujet de la cèf-
fion de la Tofcané ; mais elle furent terminées
au congrès J e Pontremoli, par un a£le de cef-
fion 6c de garantie, figné le 8 janvier 1737. La
mort de Jean Gafion de Médieis, rendit le duc
de Lorraine paifible poffefîeur de la Tofcane : il
a joui, quoiqu'il fût dçvenu empereur ? 6i il l’a
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tranfiirife au fécond de fes'fils, Pierre-Léopold,
dans l’année: 1765^.
Ce prince, qui règne a&uellement, eft, à tous
égards, l’oppofé du dernier des Médieis dont
je viens de parler : c’eft un grand bien pour la
Tofcane, d’avoir un fouverain qui réfide : c’en
eft un bien plus grand encore d’avoir trouvé un
prince tel que celui qui la gouverne. Nous parlerons
de l’adminiftration du grand-duché, à l’article
T oscane.
Florence eft pourvue de fontaines, comme
toutes les villes d’Italie ; mais elle y font cependant
en plus petit nombre que dans bien d’autres
villes moins importantes. Un aqueduc part de
la colline d’Arcetri, 6c traverfant la ville fur le
Ponte Rubaconte, qui eft le plus oriental des quatre
ponts de Florence, va fournir de l’eau à la
fontaine qui eft fur la place de Sainte-Croix, 6c
à quelques autres.
La ville eft pavée d’une manière trçsragréable
pour les gens de pied, avec de larges dalles de
pierres , àr peu-près comme Naplés , Gènes.,
6c Viterbe : mais les chevaux s’y abattent facilement.
L’Arno, qui traverfç Florence, a fo ix a n te -d ix
toifes de largeur environ : il defeend comme le
Tibre , de la partie la plus élevée de l’Appennim,
6c il va fe jeter au-deffous de Pife, dans la mer de
Tofcane: ce fleuve produit de tems à autre des
débordemens très-nuifibles.
Cette ville, ayant été ruinée plus d’une fois ;
il n’y refte prefqu’aucun monument antique de
quelqu’importance , fi ce; n’eft peut - être trois
anciennes tours de conftriiélion Etrufque , dont
M. Lami a donné la figure 6c la d.efcription dans
fes L e f io n i d i A n t ic h ità T o fc a n e , fpécialement de
celle qui eft appelée dé’ G irolami ; il y donne auffi
le plan de l’amphitéâtre de Florence, il parle des
reftes de l’ancien aqueduc, mais ce ne font que
de foibles veftiges d’antiquité, à peine reconnoif;
fables pour un habile antiquaire.
L’empereur qui eft mort en 1765, tçnoit à
Florence trois mille hommes de garnifon , qui
montoient régulièrement la garde au palais Pitti,
6c au vieux palais. Depuis que cette ville étoit privée
de la préfence de fon fouverain , elle étoit
gouvernée par un confeil de .regence, coiupofe de
trois confeillers d’état 6c un prefident ; mais la pre-*
ience du nouveau fouverain a change, la forme de
ce confeili ;
Les affaires civiles y font décidées dans les tri-:
bunaux ordinaires : à l’égard des aflàires crimi?
nelles , elles fe jugent par un tribunal appelé la
c o n fu lt e , tenu par des commiffaires nommés par
le prince ; mais le peuple eft fi doux 6c fi peut
porté au vol, qu’on y fait rarement dexécu-
tions. f . ' A ‘ ■.
L’inquifition étoit compofee de 1 archevêque epu
y préfidoît , d’un inquifiteur de l’ordre des Frères
IVÎineurs du couvent de Sainte - Croix, de .troi^
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