
■ tyrans ; & ces- hommes fi lbuvent trompés n’ont
d’autre bonheur aujourd’hui quels vengeance : ils
épient depuis longrtems l’occafion de furpendre les
Portugais ; ils portent par-tout le fe r , la flamme, dévorent
dans leurs horribles feftins, ceux qu’ils ont
faits prifonniers ; & c’eft ainfi que par un intérêt
mal entendu, on s’eft fait des ennemis dangereux
& irréconciliables, de ceux dont on pouvoit fe
faire des alliés & des amis.
Dans le nombre de ces peuples, il en eft quelques-
uns de policés ; leurs moeurs font douces ; il ne
■ leur manqueroit que des conducteurs fages pour en
faire des nations puiffantes & heureufes. Les autres
font errants , pafl'ent d’tm canton dans un autre
canton, & vont affeoir dans les rochers » dans les
forêts , dans leurs montagnes inacceffibles, le fiège
de leur indépendance : prefqne tous, fans celle en
guerre entr’eux, font antropophages. Quoique la
nature , dans cet heureux climat, leur prodigue fes
tréfors de tous les genres, que la terre fans celle
cultivée, leur offre fes richéffes -, & qu’il fuffife,
dans beaucoup de cantons , de travailler un jour ,
pour obtenir la fnbfillance de toute une année;
cependant leur goût pour la chair humaine leur
met continuellement les armes à la main Qls en-
grailfent avec foin leurs prifonniers. Anffi-tôt qu’ils
ont acquis l’embonpoint qu’on defire , ils font
mangés. Si le captif eft maigre, on lui donne,
pour le fe rv ir , une fille jeune & jo lie , qui' eft
aufli fa maîtreffe, dont il a des enfans , & qui,
aufii-tôt. qu’elle a réuffi à.l’engraiffer, aflifte elle-
même à cet horrible feftln. Lorfque le jour fixé
pour la cérémonie eft arr ivé, tout le monde eft
invité à la fête : on fe divertit à boire & à danfer.
Le prifonnier lui-méme fe-réjouit comme tous les
autres.
Loin de s’effrayer des apprêts de fon fupplice,
il raconte d’un air fier fes exploits , & leur fait
un long détail de leurs pères, frères ou parens
qu’il a rôtis & mangés ; il les défie même , en
difant à celui qui doit l’affommer , de lai donner
la liberté , & qa'il le mangera, lui Sr les fans. On
lui réplique : hé bien , nous te préviendrons , &
tu feras mangé tout à l’heure. Après quoi on le
tu e , on le la v e , on le rôtit, on le mange, en
s’exhortant bien les uns les autres d’être courageux
à la guerre, afin d’avoir bonne provifion de chair
humaine.
Les habitans'du Bréfîl yont nuds, & ne fbuf-
frent qu’avec impatience toute efpèce de vêtemens.
Ifs font robuftes, guerriers , toujours gais , peu
fujets aux maladies, & vivent fort long-rems : il
n’y a guère de peuples ou les centenaires foient en
aufli grand nombre. Ils aiment à fe parer de plumes
qu’ils s’attachent à la tête & aux joues. On ne
leur connoît ni temples, ni religion. Il-ns cette
efpèce d’abrutiffement, ils ne contrarient point cependant
de ces genres d’alliances qui répugnent à
la nature : leurs mères, leurs foeurs, leurs filles,
ne peuvent jamais devenir leurs femmes ; les autrès
degrés de parenté ne font point des obftacles
dans leurs mariages. L’adultère eft puni févère-
ment : ils n’ont ni rois, ni princes ; mais pour la
guerre, ils ont des chefs qui font toujours choifis
entre ceux qui ont le plus de bravoure & le plus
d’expérience ; & leurs converfations ordinaires
roulent fur leurs ennemis qu’ils ont tués ou mangés
; car ce peuple ne connoît rien de préférable
à l’honneur de fe couvrir de gloire dans les batailles.
Je dois ajouter cependant qu’à l’exception de
quelques fociétés particulières, connues par leur
cruauté féroce , les habitans du Bréfîl font de
toutes les nations, celle qui exerce l’hofpitalité
avec le plus de grandeur d’ame : c’eft pour eux
une jouiffance que de bien traiter leurs hôtes ;
& ces mêmes antropophages pleurent de joie à
l’arrivée & au départ des étrangers qui leur ont
fourni l’occafion d’exercer envers eux leur humanité.
L ’air du Bréfîl eft bon, quoique très-chaiid ; le
terrein en eft fertile & excellent. La canne de fucre
y croît en plus grande ' quantité qu’en aucun lieu
du monde. Les campagnes font couvertes de bétail
, de volailles & de gibier, de bêtes féroces de
toutes efpèces, de ferpens de différentes fortes 8c
d’une grandeur monftrueufe. On y trouve des forêts
entières d’arbres de B réfil, & d’un bois nommé
Copaiba , d’où diftille le baume appellé dé
copahu. La claffe des oifeaux y eft innombrable ;
ils font aufli remarquables par leurs chants que
par l’éclat de leurs plumages : on y diftingue fur-
tout le colibry, qui eft moins gros qu’un ferein
au fortir de ia coque , mais dont le ramage le dispute
à celui du roflignol. Enfin on y trouve des
perroquets , des finges, des arbres , des fruits
exquis, des Amples précieux pour la médecine;
inconnus à l’Europe ; des mines très - fécondes
d’o r , d’argent & de tous les métaux ; des diamans
8c des pierres de toutes les fortes ; la topafe &
le rubis, & une foule de richeffes dans les quatre
règnes , qui font du Bréfîl l’un des plus riches
pays du monde. {M. D. M.)
'BRESINI , petite ville de la grande Pologne ;
dans le palatinat de Lenczicz.
BRESLAÜ, principauté d’A llemagne, qui appartient
aujourd’hui au roi de Pruffe depuis 1741.'
Long. 3 4 ,4 0 j lat. 5 1 ,4 .
Cette principauté eft bornée au nord par celle
d’OEls & de Wohlau ; ail couchant par celles de
Lignitz & de Schweidnitz ; au midi par celles de
Schweidnitz & de JBrieg ; & à l’orient par celles
de Brieg & d’CEls. Le cercle de Namslati fait partie
de cette principauté, quoiqu’il en foit cependant
féparé.
Les rivières principales font l’O d e r, l’Ohlau , le
Lohe, la Weyda & le W eiftritz, qui porte aufli le
nom de Schweidnitz, Les environs de l’Oder &
des autres rivières font fabloneux & marécageux :
le terrein eft excellent pour le b led , & les prairiesqui
qui font fort graffes, font couvertes de nombreux
■ troupeaux ; mais le bois eft rare. On a du poiffon
en abondance près des rivières ; les chemins font
-mauvais, & dans beaucoup d endroits , prefque
impraticables.
Cette principauté contient neuf villes , deux
bourgs & un grand nombre de villages ; elle fe
divife en quatre diftriéls ; favoir, le cercle de Bres-
Jau, de Neumarkt, de Canth & deNamslau. (A f.
D . M.)
B reslau , V r a t i s ld v ia , capitale du cercle,& de la
principauté de ce nom, ainfi que de tout le ^duché
5 e SiféCie, eft fituée fur l’Oder q u i, du côté du
•nord, paffe fous les remparts & y reçoit l’Ohlau,
qui fait le tour de la ville.
Cette v ille , avec fes vaftes fauxbourgs, forme
une enceinte confidérable. Ses fortifications font
de peu d’importance. On y trouve plufieurs places
très-grandes & très-régulières , d’afl’ez beaux édifices
publics & beaucoup de maifons bien bâties,
L ’île de la cathédrale, hors de la v ille , eft fortifiée
par un rempart & quelques battions. On y trouve
î ’égiife cathédrale de Saint J e a n , qui fut réduite en
cendres en 1759 avec la moitié du doyenné , la bibliothèque
épifcopale, & encore la collégiale de
Sainte-Croix , & deux autres églifes ; les maifons
des chanoines, l’hôpital éle&oral fondé'pour des
enfans pauvres de l’un & de l’autre fexe. Dans
l ’île des Sables, on remarque la belle églife de
Notre Dame, un couvent magnifique qui appartient
aux chanoines de l’ordre de Saint Auguftiq ;
Téglife Saint-Jacques, un couvent d’Augiiftines,
&c une autre églife fous rinvoçatjon de Sainte
Anne.
Au-deffus de cette île eft l’églife de Saint-Michel,
conftruite en b o is , laquelle fert de paroiffe au*
Catholiques ; les fuperbes abbayes princières de
Saint-Vincent , ordre des Prémontrés j? des chanoines
nobles dé Sainte Claire 8c de Saint Mathias,
qui appartiennent aux chevaliers de Rofe-Croix ;
dix neuf autres églifes encore , tant pgroiffes , abbayes
, que couvens des deux fexes, fans y cgitit
prendre deux églifes pour les Luthériens, une pour
la garnifon, quatre autres pour les hôpitaux , une
églife pour les Chrétiens du rit grec, plufieurs fyna-
gogues pour les Juifs , & des églifes encore hors
de la ville , &c. &e,
Breflau renferme encore une 11 ni ver fi té cathodique
, deux gymnafes pour les Luthériens, une
école latine & deux arienaux. L’hôteJ-de-ville eft
y a fie , mais d’une architecture gothique ; la tour de
l ’hôtel-de-vill e , nommée tour de l’horloge , paiffe I
pour la plus belle & la plus haute de toute f Allemagne.
Toutes les fois que l ’heure fonne, on entend,
fur une galerie d’en haut, un concert de plufieurs
trompettes & de quelques autres inftrumens. Le
palais'de la régence royale n’eft guère plus inté-
ireffant, mais la bourfe eft un édifice plus remar?
^uable.
£ Cette ville eft le fiègç d’un gouverneur, d’une
régence royale avec un grand conlîftoire, d’un
confeil auliqtie & criminel, d’une chambre royale
des guerres & domaines, & c . 8cc. &c. ; d’un confeil
de conférence, d’une fociété royale de médecine
, d’un direéloire de la monnoîe, &c. &c. & c .
Frédéric II lui a accordé le troifième rang parmi
les capitales de fes étafs^ c’eft-à-dire , après Berlin
& Koenisberg, & deux grandes foires franches »
outre les quatre autres moindres dont elle jouif-.
foit déjà.
Le magiftrat de la ville eft tout Luthérien. Il eft
compofé d’un confeil & d’un fénat municipal. T out
le commerce de la Siléfie s’eft concentré dans
Breflau, où l’on trouve aufli plufieurs manufac-,
tures.
Les Autrichiens s’emparèrent de Breflau le 24
novembre 17 5 7, après y avoir gagné une bataille,
& furent obligés de l’évacuçr le 19 décembre fui-
vant. En 1760, il fut cannoné par les mêmes Autrichiens,
ce zjui caufa l’embrâfeinent du palais
royal 8c d’une partie de la ville. (AI. D . AI.)
BRESLE ( la ) ? petite ville de France dans le
Lyonnois, fur la Tardine ? entre des montagnes , à
4 lieues\0. de Lyon.
Bresle f i a ) , petite rivière de France qui prend
fa fource en Normandie, dans le pays de C aux , &
fe jète dans la mer à une demi - lieue au - deflous
d’Eu.
BRESNITZ , ou PRESNITZ , ville affranchie
du royaume de Bohême, dans le cercle de Saatz ou
de Lucksko.
BRESSAN , pays d’Italie, dans l’état de Venife.
BRESSE, province de France, du gouvernement
de Bourgogne, bornée au nord par la Bour*
gogne & la Franche-Comté ; à l’eft , par la Savoie,
ai| midi par le Dauphiné > & à l’orient par
la Saône, qui la fépare du Lyonnois & de la Bourgogne.
Rlle comprend lg Breffe proprement dite,
& le s pays de G e x , de Bugey, 8c de Valromey.
Cette province a fes états particuliers, & fe divife
en vingt-cinq mandemens, de la généralité de la
Bourgogne. Le clergé de la Breffe & du Bugey eft
féparj du clergé de France, & paie la taille.
La partie feptentrionale de cette province
qu’on nomme Breffe Chàlonoife, appartenoit à la
France , lors du traité de 16 0 1 , par lequel les ducs
de Savoie cédèrent la Breffe eu échange du mar-
quifat de Saluce. La Breffe proprement dite comprend
de vaftes plaines , où il fe recuille beaucoup
de grains. Il s’y trouve des bois , des pâturages, 8c
des étangs fort poiffônneux. Les autres parties de
la Breffe font montuéufes. Bourg en eft eft la capitale.
ffoye^ au furplus Jes articles BOURGOGNE ?
B u g e y , &c. (/?.)
Bresse, V o y e ^ Br e s c ia ,
BRESSU1T E , petite ville de Frapce , fup lu
rivière d’Argenton, en Poitou.
BREST , ville de France , en baffe-Bretggne
avec un des plus b p q x ports , & en même tews
des plus furs d§ tout lç p y aume. C ’eft un de#