
dans leurs joues, & qui paroiflenr être en grande
relation avec les Américains feptentrionaux ».
2i°. Koempfer, en 1683 , n’épargnant rien pour
connoître l’état des pays feptentrionaux , plu-
fieurs perfonnes lui dirent, que la grande Tar-
tarie étoit jointe par un ifthme , compofé de
hautes montagnes, à un continent voifin, qu’elles
fuppofoient celui de l’Amérique. On lui montra les
premières. cartes de l’empire de Rufïïe, dreflèes
peu d’années auparavant fans degrés de longitude.
On y vôyoit fur les côtes orientales de Sibérie,
plufieurs caps confidérables ; un entr’autres trop
grand pour entrer dans la planche, gravée fur bois,
etoit coupé au bord. C ’eft cette pointe dont M.
^fitfen a parlé ; mais alors on la croyoit environ
40 degrés plus proche, dit-011, qu’elle n’eft
de la Ru (lie.
220. Isbrand Ides, après des informations prifes
avec tout le foin poffible en 1693 & 1694, parle
de Kamtfchatka comme d’une v ille , qui, de même
que les environs, étoit habitée par les Xuxi &
Koeliki '( Tfchouktski & Koreski ou Koriaques ) ;
il dit que le cap de glace eft une langue de terre
qui s’avance dans la mer, où elle eft coupée par
plufieurs bras d’eau , qui forment des golfes &
des îles au-deftiis de Kamtschatka; la mer au ne
entrée par où paffent les pêcheurs ; on y voit les
villes d’Anadyrskoi & Sabatska ( dans la carte , &
félon d’autres $ abat fia) habitées par les deux nations
fufdites. Les habitans de Jakontsk vont au cap
Saint-Sabatfia, Anad y r, Kamtschat, &c. pour pêcher
le nayval
23®. L ’officier Suédois., qui fut prifonnier en
Sibérie de 1709 à 17 2 1 , combat ropinion de ceux
qui croient FAfie contiguë à l’Amérique , en af-
furant . pofitivement, que les bâtimens Ruftes ,
côtoyant la terre - ferme-, pafîent à préfent le
Swoetoi-nofs , 8c viennent négocier avec les Kamts-
chadales, fur la côte de la mer orientale, vers le
.50e degré de lat, ; mais il faut pour cela qu’ils
paffent entre la terre - ferme & une grande î l e ,
qui eft au nord-eft du cap Swoetoi-nofs , & que
cette île eft le nord-oueft de l’Amérique. Strah-
lenberg ne dit rien de plus dans fon ouvrage, que
des faits rapportés déjà ci-deftus, excepté que les
Jukagres font un peuple vers la mer Glaciale, entre
l ’embouchure du Lena & le cap Tabin.
On a trouvé que dans la partie de la terre-ferme
de l’Amérique, dont on a eu quelque connoiflance,
vis-à-vis le cap, il y a un grand fleuve qui charie
quantité de gros arbres, occ. *
2,4°. Dans l’atlas de Berlin, on marque une côte
fur c e continent, vers les 70 degrés, où les Ruftes
doivent avoir fait naufrage en 1743 , fans que
j ’aie pu découvrir un feul veftige d une pareille
relation.
porte de cette manière, « que des gens envoyés
» par les deux compagnies de commerce du Kamts-
” chatka & du Kolyma, ont rapporté que ceux-
» ci ont doublé le Tfchoukctskoi-nofs à 74 degrés,
» courant au fud- par le détroit qui fépare la Si-
” bérie d’avec l’Amérique ; ils ont abordé par le
” 64e degré, à quelques îles, remplies d’habitans ,
» avec lefquels ils ont établi un commerce de peile-
” teries ils en ont tiré quelques peaux de renards
” noirs, des plus belles qui fe foient jamais vue s ,
- » 6c ils en ont fait préfenter à l’impératrice. Ils
” ont donné le nom d'Alcyut à toutes ces îles &
” terres, dont quelques - unes , à ce qu’ils croient,,
” font partie du continent de l’Amérique. Pendant
» ce-tems ceux de Kamtschatka venoient du fud
» au nord, & ont trouvé ceux du Kolyma près
” des îles d’Aleyut. Ils ont donc jugé à propos d’é-
” tablir en commun un commerce , & de faire un
» établiftement dans l’île de Beering pour fervir
» d’entrepôt ; que l’impératrice avoir nommé le ca-
” p’.taine Bleumer & quelques habiles géographes
» pour pouffer ces découvertes depuis l’Anadyr
Paftbns aux cartes géographiques , & donnons
un rapport fuccint des pofttions de quelques-
unes fur ces contrées au nord & nord-eft, pour
les combiner enfuite avec lès relations. Sanfon
fils , de même que tous les géographes de ces
tems, avant Isbrand Ides, Witfen , Strahlenberg,
n’en ayant aucune connoiflance & cherchant fi triplement
2 50. Ce qu’on a appris de plus nouveau de ces
pays & paftages , confifte en ce qui a été annoncé
de Pétersbourg, en date du 7 février 1763 ; &
gne le traducteur * de l’ouvrage de Mujler rap - '
à placer le cap T ab in , repréfentoient,
comme nous l ’avons dit , le cap fi avancé vis-
à-vis la Nouvelle Zemble , enfuite la côte fud-
e ft; & , après avoir repréfenté l’îleTazzata, con:
tmuoient la côte vers le nord-eft, pour pouvoir fixef
ce cap Tabin ^ le refte de la* côte encore fud-efl
jufques vers, le JefTo.
Nicolas Vifcher, dans fà mappe-monde, après
le cap T ab in , fans nom , place la côte ' ouefK
fud-oueft, fans indication de cap ou de rivière.
Charles Allard, dans fa carte de l’Afie de M*
W itfen , donne par un extrait cette contrée fi remarquable,
qui n’aveit pas trouvé place dans la
grande carte, & qu’il faut rapporter avec foin. C e t
extrait a beaucoup de conformité avec Içs nouvelles
cartes., & encore plus avec la réalité.
L’embouchure de l’Anadyr, a 65 degrés de latitude
& environ 178 degrés de longitude entre le.
cercle polaire, & 68 degrés de latitude, une langue,
de terre qui avance près de 13 degrés en mer vers
l’eft ; à fa naiflànce eft marqué que ce font des rochers,
& à l’extrémité, cap de glace, dont la fin
n’eft pas connue (1). Par cette même prévention ,
auffi durable qu’elle eft peu fondée, on place le cap
Tabin à environ 73 à 76 degrés de latitude, tourné
directement vers l’eft, avec une continuité de côte
à fon nord jufqu’à fon 80e degré. On étoit pourtant
fi peu afliiré de fon exiftence, qu?on le plaçoit entre
( 1 ) M. de Fer,, dans fa Carte de l’Afie de 17051 de
même.
A S I
l’Indigin au nord , 8c le Konitfa ou Kolyma au
fud.F
rédéric de Witt n’a rien de remarquable dans
fa carte delà grande Tartarie. Le cap le plus avancé
s’y trouve à l’eft du Jeniffea, à près de 73 degrés de
latitude, enfuite la côte au fud 8c fud-eft ; Tazzata
à l’embouchure d’une riviere fans nom, marqué
Ta^ata infula hue ufpiam à Plinio ponit'ur, de 67 à
69 degrés de latitude , 1 1 7 -124 longitude; alors la
cote court toujours fud-eft, ju(qu’au 162 degré de
longitude, de-là tout-à-fait fud, &c.
■ La carte d’Isbrand Ides eft remarquable. Depuis
le Jeniffea , la côte un peu efl-nord-eft, jufques
vis-à-vis l’extrémité feptentrionale de la Nouvelle-
Zemble ,011 peu s’en faut de 73 à 76 degrés. De-là
avec divers caps, droit à l’e ft , toujours 73 degrés,
on y voit le Lena, Janà, Alazana , (o u Alafoja)
Kolyma, Anadyr . avec Anadyrs-koi ; alors feulement
le Swoetoi-nofs ou cap Saint, qui fait l’angle ,
& la côte y commençant directement, tournant au
fud, on y voit d’abord la rivière & la ville de
Kamtskatka, à 22 degrés.
La carte de Strahlenberg l’eft encore plus ; ce fut
la derniere des trois à quatre qu’il avoit dreffées &
perfectionnées de plus en plus, après feize ans de
recherches aflidues ; à l’eft de la Nouvelle-Zemble,
un cap entre le Piafida & le Chatanga ; l’Anabara ,
l ’O lenck , le Lena avec fes îles , l’Omaloeiwa , le
Jana ,. le Swoetoi-nofs , le Chroma, llndigin, l’Ala-
foja , n’y font pas oubliés ; l’embouchure du Lena à
environ 72 degrés 8c demi, d’où la côte court toujours
du plus au moin > (ùd-eft, de manière que celle
du Kolyma fe trouve 363 degrés de latitude 8c 16 3
de longitude, & la naiffance de ce nofs Tfzlatsricoi
commence d’abord au fud de cette embouchure. Il
eft repréfenté tourné nord-nord-eft fort étroit ,
n’ayant guere plus de cinq lieues dans fa plus
grande largeur, ayant au contraire au-de-là de 80
lieues de longueur, la moitié vers le continent remplie
de montagnes, marquées-comme habitées par
les Tfchouktski ; dans fes environs plufieurs îles ,
& à l’oueft de la pointe, la prétendue grande île
des Edigam , avec un détroit d’environ 30 lieues
entre-deux. La côte continue alors fud-fnd-eft ,
avec plufieurs caps, qui font partie du grand cap ou
promontoire fort large, dont l’extrémité eft nommée
cap Anadirskoi. Non loin de la naiffance de ce-
grand cap , on voit plufieurs îles , qui, comme le
cap même, eft-U dit, font habitées par les Tfchoukts-
k i; vis-â-vis de toutes ces terres , & au-delà de ces '
îles, on voit la grande île de Puchcchotski, depuis
le 50 jufqu’au-de-là du 36e degré de latitude.
Au fud du cap il y a une baie, outre celle à l’embouchure
de l’Anadyr, qui eft tout près : après cela,
plus au fud , les Ototures & leur cap, enfuite le cap
Nofs-Kamffatskoi à 32 degrés, la rivière à 49 degrés,
le cap des Kutiles à 41 degré & demi, le Japon à
40 degrés, les iles Kuvilés entre-deux.
Les officiers Suédois, apparemment, ou compa
gnons des travaux de Strahlenberg , ou ayant des
papiers 5c relations recueillies après la publication
de ladite carte , en donnèrent une nouvelle, à leur
avis corrigée, en 17 2 6 , après la mort de Pierre-
le-grànd ; elle fut aufli inférée dans le tome V l l l du
Recueil des Voyages au nord; & même en y ajoutant
une carte donnée par ordre du czar: nous en remarquerons
ici feulement les principaux changemens
& les différences effentielles.
L’île des Eidirgani 8c le cap Schalaginskoi y ont
difparu ; la côte allant vers l’eft, déclinant ün peu
vers le fud , finit par le grand cap qui prend fon
commencement à l ’eft du Kolyma , mais qui bien
loin de monter vers le nord, participe aufli à cette
déclinaifon & finit à 60 degrés de latitude. Toute
fa plus grande largeur occupe l’efpace jufqu’au cercle
polaire, habitée , eft-il d it , par les Tzchuktfchi
& les Tzchalatski, & finit à 183 degrés de longitude;
l'île des Puchrtski au fud e ft, d’autres îles
entre-deux, entre les 39 8c 60 degrés : Kamtchatskoi
à 49 degrés 8c demi, la riviere de Karaga fe jetant
dans une baie au nord du Kamtfchat, l’île de Karaga,
fans nom., à l’oppofite de la baie.
Herman Moll,dans fa carte du monde de 17 19 , marque
le Lena, fans nom, à fon eft, le cap le plus avancé,
quoiqu’il le foit peu ; après cela l’Aldan, l’Ondi-
girka , le K o lyma, 1e tout fur une côte tirant droit
à l’e ft, qui finit par un cap peu avancé & indéterminé
fous le nom de Swoetei Nofs ou cap Saint ; le
tout environ à 73 degrés & demi de latitude, & ce
cap à moins de 130 degrés de longitude : au fud
& tout près du cap , il marque Anaduskoi.
On fait que le célèbre M. Guillaume de ITfle a
omis encore , en 1724, toutes.ces .côtes, rivières,
caps & pays quelconques ; traçant la côte depuis le
Lena entièrement fud-eft, jufqu’à celle de l’A fie
au-défions de l’Amur, marquant feulement Kamtfchatka
, comme une ville 8c cap au 63e degré de
latitude 8c 1 33e de longitude.
Si nous voulions entreprendre de faire une récen-
fion des cartes nouvelles, ce feroit un ouvrage aufli
pénible qu’inutile ; on fe copie, on croit avoir fait
merveille en étendant fi fort l’Afie , en continuant à
fuppofer ce cap Schalaginski fans préjudice du Ser-
dzekamen , où on place même trois caps différens
toujours avec quelques différences ; les uns dirigent
le cap Tabin droit vers le nord, & c’èft le plus grand
nombre ; d’autres au iiord-eft : il y en a qui fixent
rembouchure de l’Anadir 3 degrés plus ou moins-
au fud du Serdzekamen. Si je pouvois adopter l’exif-
tence du cap Tab in, 8c l’étendue fi extraordinaire
de l’A fie , je préférerois la carte de M. Muller à
toutes les autres ; peut-être auffi, s’il- l’o foit, il ne
s’éloigneroit guère de mon fyftême.
La plus nouvelle carte que je connoifle de ces
paflàges, eft celle que M. Adelong a jointe à fon
ouvrage allemand très-intérèflant, intitulé : Hiftoire
des navigations & tentatives faites par diverfes nations
pour découvrir la route du nord-eft vers le Japon, ”&c*
1768, in-40, elle repréfente l’hémifphère boréal,
8c l’auteur y renchérit beaucoup fur tous les autres^