
eft arrofée par la Saône & par les rivières plus ou
moins confidérables qui s'y rendent. On a unq fu-
perbe vue fur cette plaine des hauteurs de la Roche-
P ot, de Beaune, & des montagnes qui font entre
Bourg & Genève. L ’autre partie de la province eft
montueufe, aride en beaucoup d’endroits; là terre
ri’y eft point abfolument rebelle à la culture : mais
l'indigence & la mifère des cultivateurs, n’eft pas
propre à y faire germer l’abondance.
Du tems de Célar le pays étoit habité par les Lin-
gones, les Æ d u i, les Mandubii , les Ambarrï, &
les Zêdiones. Sous Honorius, il fe trou voit compris
dans la première Lyonoife. Le nom de Bourgogne
lui vient des Bourguignons , peuple originaire
d’Allemagne qui ,. appellés par les Romains
mêmes qui étoient obligés d’oppofer barbares à barbares
, paxTèrenr le Rhin vers l’an 407 ou 408 , s’avancèrent
vers le midi, 8c fe fixèrent d'abord dans
la Suifle 8c une partie de la Franche-Comté ; puis
s’étendant de plus en plus vers les rivières de Rhône
8c de Saône, fondèrent enfin un royaume particulier
qui devint conftdérable. Il comprenoit le
duché de Bourgogne, la Franche-Comté, la Provence
, le Dauphiné, le Lyonnois, la Savoie 8c la
Suifle. Ce royaume fubfifta plus d’un fiècle ; 8c eut
cinq rois, dont le dernier fut dépouillé de fes états
en 534, par les rois Childebert 8c Clotaire, fils de
Clovis , qui accrurent de ces provinces- le domaine
François, 8c les partagèrent en.tr’eux.
Des provinces qui compofoient cette ancien
royaume, il s’en forma trois dans les IXe 8c Xe fiè-
elès. ' Le premier fut celui de Provence, que quelques
auteurs ont nommé royaume de la Bourgogne
Cis-Jurane. I l fut érigé en 855 , en faveur de Charle
s , troifième fils de l’empereur Lothaire I er, 8c
comprenoit la Provence proprement dite, c’eft-à-
d ire, le pays renfermé entre laDurance, les Alpes ,
la Méditerranée 8c le Rhône, avec le Duché de
Lyon. Le fécond , qui fe forma en 888, au-delà du
mont-Jura, fut le royaume de Bourgogne Tranf-
Jurane; il ne comprenoit guère que la Suifle ,le
Vallais, le Genevois 8c le Chablais. Le troifième
royaume fut celui d’Arles y formé en 93© , par la
réunion des royaumes de Provence 8c de Bourgogne
Trans-Jurane, en faveur de Rodolphe I I , q u i,
auparavant, étoit roi de la Bourgogne Trans-Jurane
feulement. Les .rois de France s’emparèrent fuccef-
fivement de cet état ; mais il eft à remarquer que le
duché de Bourgogne, qui fait parrie du gouvernement
dont nous nous occupons , n’a jamais été compris
dans le royaume de Bourgogne Cis-Jurane, ni
dans celui de Bourgogne Trans-Jurane. Il faifoit un
état à part, qui a continué à relever de la couronne
de France.
Dans le partage qui fe fit en 843-, entre les enfans
de Louis le-Débonnaire , Charles-le-Chauve eut la
partie de ce royaume fituée à l ’oueft de la Saône,
8c la fit gouverner par un duc bénéficiaire nommé
Rohert-le-Fort, dont les fuccefleurs ne tardèrent
pas à rendre leur gouvernement héréditaire. Ils de-.
vinrent meme fi puiffans, que du tems dè Charles
le fimple , Raoul ou Rodolphe, l’un d’entr’eüx ,
fut élu roi de France. Ce duché paffa enfuite à Hu-
gues-le-Grand, Comte dé Paris., qui occupa beaucoup
Raoul, 8c dont le fils, Hugues Capet, fe plaça
bientôt fur le trône des François. Robert-lev
Pienx, fucceffeur de ce dernier, ayant hérité de la
Bourgogne, la donna à Henri fon fils aîné, q u i,
étant devenu roi de France, la laiiTa en partage,
en 1032, à Robert I er, fon cadet, qui eft le chef
de la première race ducale de Bourgogne- Elle
fubfifta près de 330 ans, St s-’éteignit en 13 6 1 , en
la perfenne de Philippe I—, dit de Rouvres, qui
mourut fans poftéritè.. Le roi Jean, du chef de fon
ayeul'8 Jeanne de Bourgogne, réunit cette province
à la couronne, 8t la donna en 13,63 r à titre
d’apanage y. à fon quatrième fils Philippe-!e^Hardi,,
chef de la fécondé race des-ducs de Bourgogne. Ce
prince, en 1369 , èpoufa Marguerite, veuve de
Philippe , dernier duc de Bourgogne de la première
race, 8t fit pafler- dans fa maifon, parce mariage
, les comtés de Bourgogne r de Flandre
d’Artois ;, les provinces de Malines 8c d’Anvers*
Par droit d’héritage , legs ou acquifition, les domaines
des ducs fes fuccefleurs, s’accrurent encore
des. duchés de Brabant & de Lirai;Ourg;; des Comtés
de Namur, de Hainauît, de Hollande, de Zélande
, de Zutphen-; de la Frife r des duchés de Luxembourg
8t de Gueldre , & de FÀmei.nois, on
Picardie proprement dite. Il y avoit bien là de quoi
faire ùn beau royaume : l’empereur Frédéric III
offrit même de leur conférer la couronne royale :
mais ils refuferent un titre q u i, fans ajouter à leur
puiffance , exigeoit plus de repréfentation. Tous
ces états appartenoient à Charles le Belliqueux,
tué devant Nanci en 1476. Ce fut le dernier desducs
de la fécondé race qui fubfifta:près de 120 ans.
Ce prince ne laiffa. qu’une fille nommée Marie, qui
epoufaMaximilien'Ier, archiduc d’Autriche , à qui
elle porta en dot la Franche-Comté, la Flandre, le-
Brabant, le Hainauît, le Comté de Namur, le
duché du Luxembourg , le duché de Limbourg,
l’Artois r le marquifat d’Anvers, la feigneurie de
Malines, la Hollande , la Zélande , la Frife, &
quelques-autres poffeflions ; la Gueldre 8c le. comté
de Zutphen rentrèrent dans la maifon dont elle
avoit été le domaine. Quant au duché de Bourgogne
, Louis XI s’en empara, le difant fief masculin
qui ne devoit fuivre que les mâles. Il exif-
toit encore un prince de Bourgogne, duc de Ne-
vers 8c de Réthel, qui ne mourut qu’en 1491.
Louis X I nreut aucun égard à fes droits ; il réunit le
duché de Bourgogne à la couronne, 8c il n’en a
plus été féparé d ep u ism a lg ré les prétentions réitérées
de la maifon d’Autriche, 8c les mouvemens
qu’eüe fit pour le revendiquer avec plus de fucces.
Cette province étoit frontière du royaume avant la
conquête de la Franche-Comté en 1674.
Les différentes poffeffions des ducs de Bourgogne
les rendirent une des puiffances les plus, çonfiÿerabies
de l’Europe. En 1433 > un decret du concile
de Bâle donna à Philippe le Bon le premier
rang après les rois, & le nomma le premier duc de
la chrétienté. . • ' , . .
, Les ducs de Bourgëgne étoient les premiers des
anciens pairs de France ; au fiacre du roi ils porto
lent la couronne, 8c lui ceignoient (epee. Encore
aujourd’hui la Bourgogne eft le premier duché-
pairie du royaume. Au couronnement de nos rois,
le prince du fang le plus proche, repréfentant le
duc de Bourgogne, comme premier pair, porte la
couronne royale & ceint l’épée au roi.
Dans les états généraux de la nation , les députes
de Bourgogne tenoient le premier rang , 8c fié-
geoient immédiatement après le Prévôt de Paris.
Les Bourguignons font ingénieux, bons foldats,
laborieux, amis des lettres & des fciences, 8c les
cultivant avec un fuccès marqué.
La Bourgogne renferme foixante - trois villes
grandes ou petites , quatre-vingt-treize bourgs ,
dix-huit cent foixante-quipze tant paroiffes qu’annexes
, les villes comprimes pour une paroiffe feulement,
huit cents hameaux , environ huit cent mille
habitans , 8c treize cents lieues quarrées. Ce gouvernement
forme un vingt-huitième de la fuperfi-
cie de la France, 8c fupporte un fekrième des ira-
pofitions nationales.
C ’eft une des premières provinces des Gaules
qui ait reçu l’évangile. Ce fut vers le milieu du
deuxième fiècle, fous le règne de l’empereur Marc-
Aurele - Antonin , furnommé le Pieux. L’on y
compte aujourd’hui fix évéchés ; Autun , Châlon ,
Mâcon, Auxerre , Dijon 8c B e île y , indépendamment
de plufieurs diftriéis qui font partie des diocè-
fes de Langres, de Lyon & de Befançon ; 8c elle
refîbrtit aux quatre métropoles de Lyon , Sens, Befançon
8c Vienne. On y compte quarante-une abbayes
, dont trente d’hommes , vingt commanderies
de l’ordre de Malte, 8c cent cinquante monaftè-
res , dont quatre-vingt-trois d’hommes.
Pour l’adminiftration de la juflice , le gouvernement
de Bourgogne eft du reflort de deux parle-
mens , celui de Dijon qui embrafie la plus grande
partie de la province, 8c celui de Paris.
Outre les prévôtés 8c diverfes autres jurifdicHons
fubalternes qui connoiflent des caufes en première
inftance, il y a treize bailliages qu’on nomme principaux
, parce qu’il y a dans chacun un bailli d’épée ;
neuf bailliages particuliers où ces baillis ou leurs
lieiitenans-généraux peuvent tenir leurs féances,
mais qui relîortiflent nuementau parlement comme
les bailliages principaux;huit préiidiaux, dont deux
feulement dépendans du parlement de Paris,favoir,
ceux de Mâcon & d’Auxerre, de même que le bailliage
de Bar-fur-Séine;feize bailliage^ feigneuriaux,
une table de marbre à laquelle reflbrtiflent cinq
maîtrifes particulières des eaux 8c forêts ; fix jufti-
ces confulaires ; onze tribunaux de maréchauflee.
Le duché de Bourgogne eft régi par le droit
.coutumier rédigé en 1439 ,à rin.ftançe d:çs états, 8c
de l’autorité de Philippe-le-Bon. La Brefîe, le Bu-
g e y , le V a l-R om e y le pays de Gex aînfi que le
Mâconnois fuivent le droit écrit, q u i, dans le dn^
ché de Bourgogne, fupplée à ce que la coutume ne
détermine pas, 8c fert d’interprétation à ce qu’elle
peut avoir d'obfcur, 8c de douteux. La Breffe propré
, le B u g e y , le Val-Romey 8c le pays de G e x ,
ont d’ailleurs quelques ftatuts particuliers émanés
des ducs de Savoie.
Par rapport aux finances , il y a en Bourgogne
une Chambre des Comptes , dont les principales
fondions confiftent à examiner les comptes des différées
receveurs employés aux affaires publiques ;
une cour des aides unie au parlement, bureau des
finances, intendance, chambre des décimes, jufti-
ce des gabelles, entrepôt, traites foraines , chambre
des élus des états , commiflion des dettes des
communautés, intendance de'la marine.
Les états de la province, compofés des trois ordres
, le clergé, la noblefle & le tiers-état, ont
l’adminiftration économique de la province, 8c la
répartition des impôts. Ils s’aflemblent régulièrement
pour ce double objet de trois en trois ans.'
Ils délibèrent fur les différens objets qui peuvent
intérefler la province. La durée de raffemblée eft
ordinairement de quinze jours. Ces états exiftoient
fous l’une 8c l’autre race des ducs de Bourgogne
8c même antérieurement. Ils s’oppofèrent efficacement
plufieurs fois aux tentatives des ducs, tant
pour établir la gabelle, que pour charger les peuples
d’impofitions additionnelles. Ce que vous nous avez
provofé de la part de Monfeignetir le duc , dif©ieni-ils
aux commiffaires de Charles-le-Hardi, ne fe fit jamais;
il ne peut fe faite , & il ne fe fera pas. Petits
compagnons, ajoute l’hiftorien, (S. Julien de Ba-
leure ) n’euflent pas ofé tenir ce langage.
A la mort de Charles-ie-Hardi, les états fixèrent
de concert avec les ambaffadeurs de Louis X I , les
articles de la capitulation pour la réunion de cette
fouveraineté au refte du royaume. Les privilèges
des états y furent folemnellement garantis : 8c dans
les lettres de confirmation données par Louis X I ,
ce prince reconnoît que la réduElion de la Bourgogne
sxefl faite de là libre volonté & bon gré des états. Dans
fes lettres-patentes de 1476, il déclara : Que les habitans
jouiroient du privilège de ne pouvoir être difiraïts.
de leurs juges naturels, ni traduits hors du reffort r
Qu 'il ne pourra fore levé aides ni fubfides que du con-
fentement des trois ordres des états : Que les taxes mi-
' fes fur le vin & autres marckandifes introduites de lit
Bourgogne en JFrance , feront abolies.
Les états de Bourgogne furent annuels dans leur
principe. Ils devinrent enfuite triennaux, 8c ils le
font depuis le rè^ne de Louis XI. Ils s’aflemblent à
Dijon. Mais il a été quelquefois dérogé à cet ufage,‘
En 1576 ils fe tinrent à Beaune , en 1593 & 1596
à Sérnur en Auxois, qui à cette dernière époque les
partagea avec Châtillon fur Seins. En 1659 ils furent
convoqués à Noyers, 8c à Autun en 1763.
Dans l’aflemblée des états, la chambre du clergé