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curiofités naturelles, Sc beaucoup de pétrifications.
Cette ville eftà 6 lieues n. e. de Dieppe , 5 f. e.
d’Abbeville, & 38 n. o. de Paris. L on g . 1 9 ,5 ;
U t . 50 2. ( R . )
EUGÈNE, Mont ou cap de Hongrie dans le
diftriél de Bude, fur le Danube, vis-à-vis l’île de
Cfepel : il porte le nom de rilluftre prince Eugène
de Savoie , qui en aimoit beaucoup le féjour, qui
fe plaifoit à l’embellir, & qui en faifoit aflidument
cultiver le fol. L’on y voit un château , un parc,
des niaifons de payfans, de belles vignes , de
bons champs & de gras pâturages dans un circuit
de deux lieues. Ce lieu fe nomme encore Eu génie
n f ber g. (R . }
EUGUBIO. Voye^ G u b io .
EULENBOURG, ou Eilenbourg , anciennement
Ilenbou rg , Ile bourg , & Il b o u r g ,
ville immédiate de l’empire,au cercle de haute- ,
Saxe, dans le diftriél de Leipfick, fituée dans une
île formée par la rivière de Mulde. Elle a trois
églifes & un château. Son commerce confifte dans
la bière qui fort de fes nombreufes braderies, &
qui efV fort renommée. Elle a une furinten-
dance qui s’étend à vingt-trois pareilles, & pref-
que autant de fuccurfales. Cette ville eft à 6 li. de
Leipfick. (R.')
EUPHRATE, grand fleuve d’Afie, qui prend
fa fource ail mont Ararat daus l’Arménie, 6c fe
jète dans le golfe Perfique, après s’être joint au
Tigre. {R.')
Euphrate , ville nouvelle de l’Amérique fep-
tentrionale, dans la Penfylvanie, à cinquante milles
de Philadelphie. (R . )
EURE, rivière de France, qui prend fa fource
au Perche dans la forêt de Lqgni, & fe jète dans la
Seine, un peu au-defluS duPont-de-l’Arche. Elle
porte bateaux. (Æ.)
EURIPE ( 1’) , petit détroit de la mer Egée, fi
ferré, qu’à peine une galère y peut paffer, fous un
pont qui le couvre, entre la citadelle & le donjori
de Négrepont. Tous les anciens géographes, hifto-
riens, naturalises , & les poètes mêmes, ont parlé
du flux & du reflux de PEuripe ; les uns, félon le
rapport qu’on leur en avoit fait , & les autres fans
l’avoir peut-être confidéré allez attentivement en
divers quartiers de la lune. Mais enfin le P. Ba-
bin , jéfuite , nous en a donné, dans le fiècle
paffé , une defeription plhs, exafte que celle des
écrivains qui l’ont précédé, 8c comme cette defeription
eft inférée dans les voyages de M. Spon,
qui font entre les mains de tout le monde, j’y renvoie
le leéleur.
Le doâèur Placentia, dans Ton È g eo r ed iv iv o ,
dit que l’Euripe a des nfouvemens irréguliers pendant
dix-huit ou dix-neuf jours de chaque mois, 8c
des mouvemens réguliers pendant onze jours, 8c I
qu’ordinairement il ne groflit que d’un pied, 8c
rarement de deux pieds. Il dit auffi que les auteurs
ne s’accordent pas fur le flux 8c le reflux de l’Eu-
ripe 3 que les uns difent qu’il fe fait deux fois,
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d’autres fept, d’autres onze, d’autres douze, d’autres
quatre fois en vingt-quatre heures : mais que
Loirius l’ayant examiné de fuite pendant un jour
entier, il l’avoit obfervé à chaque fix heures d’une
manière évidente, 8c avec un mouvement fi violent
, qu’à chaque fois il pouvoit tourner alternativement
les roues d’un moulin. H i( i. nat. gènèr. 6»
par t. tom. /, pag. 489. -
J’ajouterai feulement que Saint Juftin 8c Saint
Grégoire de Naziânze fe font trompés , quand ils
ont écrit qu’Ariftote étoit mort de chagrin de n’avoir
pu comprendre la caufe du flux 8c du reflux
de l’Euripe ; car outre que l’hiftoire témoigne que
ce philofophe aceufè fauflement d’impiété, 8c fe
fouvenant de l’iujuftice faite à Socrate, aima mieux
s’empoifonner que de tomber entre les mains de
fes ennemis, nous favons qu’on ne meurt point,
pour ne pas pouvoir expliquer un phénomène de
la nature. ( R . )
EUROPE, grande contrée du monde habité.
L étymologie qui eft peut être la plus vraifembla-
ble, dérivé le mot Eu rope du phénicien urappa9
qui, dans cette langue, lignifie vifage blanc ; epi-
thete qu’on pourroit avoir donné à la fille d’Agé-
nor foenr de Cadrnus, mais du moins qui convient
aux Européens, lefquels rie font ni bafannés comme
les Afiatiques méridionaux, ni noirs comme les
Africains.
L’Europe n’a pas toujours eu ni le même nom,
ni les mêmes divifions, à l’égard des principaux
peuples qui l’ont habitée ; 8c pour les fous-divifions,
elles dépendent d’un détail impoflible , faute d’hif-
toriens qui puiflent nous donner un fil capable de
nous tirer de ce labyrinthe.
Mais loin de confidérer dans cet article l’Europe
telle que l’ont connue les anciens, dont les écrits
font parvenus jufqu’à nous, je ne veux dire ici qu’un
feul mot de fes bornes.
Elle s’étend dans fa plus grande longueur depuis
lè cap de Saint-Vincent en Portugal 8c dans l’Algar-
ve, fur la cote de l’Océan atlantique, j’iifqu’à l’embouchure
de l’Obi dans l’Océan feptentrional, par
l’efpace de douze cents lieues françaifes de vingt au
degré, ou de neuf cent milles d’Allemagne. Sa plus
grande largeur', prife depuis le cap de Matapan au
midi de la Morée jufqu’au Nord-Cap, dans la partie
la plus feptentrionale de Norwège, eft d’environ
fept cent trente-trois lieues de France, de vingt
au degré pareillement, ou de cinq cent cinquante
milles d’Allemagne. Elle eft bornée au midi par
l’Afrique , dont elle eft féparée par la mer Méditerranée
; à l’ocçident par l’Océan atlantique, ou
occidental ; au feptçntnon par la mer Glaciale, 8c à
l’orient par l’Afie.
On n’eft pas trop d’accord fur les limites qui
féparent ces deux parties du monde ; cependant
il eft reçu plus généralement que l’on doit y comprendre
le Don , les Palus méoçidès , la mer Noire,
l’Hellefpont 8c l’Archipel.
L’Europe comprend deux empires, favoir, l’env
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pire d’Allemagne. 8c celui de Ruffie : on peut même
y ajouter une grande portion de l’empire Ottoman,
qu’on appelle laTurqure Européenne. Douze
royaumes ; favoir, la Suède, le Danemarck, l’An-
leterre, la Prufiè, la Pologne, la Hongrie 8c la
ohême, la France, le Portugal, l’Efpagne , le
royaume de, Naples 8c des deux Siçiles, 8c enfin la
Sardaigne. On doit remarquer que la Hongrie 8c
la Bohême ne font plus qu’un royaume, qui eft
aujourd’hui fous la puiffance feule de l’empereur
d’Allemagne.
Un prince eccléfiaftique qui eft le pape.
Un archiduc , favoir, celui d’Autriche, 8c un
grand duc, qui eft celui de Tofcane.
Il y a auffi en Europe quatre grandes républiques
, qui font celles deVenife, des Provinces-
Ûnies, ou Etats de Hollande, des Treize-Cantons
Suiffes, 8c de Gènes.
Il y en a quatre autres moins puifTantes ; favoir,
celles de Geuêve, entre la France, la Suiffe 8 t f h
Savoie ; de Luques, au nord - oueft de la Tofcane ;
de Saint-Martin, dans le duché d'Urbin, près le
golfe de Venife ; 8c de Ragufe, au midi de la Dal-
marie.
L’Europe fe divife en feize parties ; quatre
Vers le nord, qui font les îfles Britanniques, les
Etats de Danemarck, qui renferment le Danemarck
8c la Norvège ; la Suède, 8c la Ruffie, ou
Mofcovie. ~
Huit au milieu, qui font la France, les Pays-
Bas , la SuifTe, l’Allemagne, la Bohême, la Hongrie
, la Pologne 8c la Prude.
Et quatre au midi, le Portugal, l’Efpagne, l'Italie
8c la Turquie en Europe.
Toutes ces puiflances, foit par les négociations,
foit par les armes , fe heurtent fans celle, 8c n’ont 1
d’autre but que de s’agrandir au dépens des nations
voifines ! Prefque toutes font tourmentées
du démon des conquêtes. Envain nous parle-t-on
de cette balance politique qui règne parmi les
potentats de l’Europe S Cette prétendue harmonie
empêche-t-elle le fang de couler ? A-t-elle empêché
une puiffance de fe vendre à une autre puiffance
? Avoit-elle retardé le honteux partage de la
Pologne ? Avoit-elle défendu aux Anglais d’envahir
le feeptre de toutes les mers ? On dépouillera
toujours un peuple foible , lorfque les peuples
fpe&ateurs -de cette injuftice y trouveront leurs
avantages: l’intérêt, voilà le dieu de toutes les
cours. Dans le choc des grandes puiflances, les
petits états font prefque toujours écrafés. Que fait-
on pour les dédommager de leurs pertes ! Dans ces
honteufes négociations, ils font ou vendus j ou
facrifiés ! Qui fonge à venger leur outrage, 8c à
faire parler les droits de la juftice !
Si les peuples font écrafés dans ces chocs con-
tjiniiels de -nation à nation, fi à peine ont-ils réparé
les malheurs d’une guerre , qu’ils font re-
plongés dans une autre guerre, font-ils plus heu-
reiix clans leur admini/tration intérieure ? Quel
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eft dans toute l’Europe le peuple dont on puiftë
e’nvierle fort? Sera-ce l’indolent Efpagnol, avec
fes prêtres & fes moines, fes préjugés, tk plus que
tout cela, fou gouvernement ? Sera-ce le Portugais
, auffi ignorant que fuperftitieux , & fous la
tutele tyrannique de fou clergé & de l’Angleterre
? Sera-çe le Pruffien, dans fon efclavage militaire
? l’Allemand, fous fes maîtres nombreux ?
le Polonais, fous le defpotifme des nobles? le
Danemarck & la Suede, ou le gouvernement engloutit
la ftibftance des peuples ? la Mofcovie avec
fon luxe encore barbare &fon efclavage ? l’Italie ,
avec fa mifère & fes palais ? la France enfin ? Ô
ma patrie ! Repouflc par le luxe révoltant des
villes, je vois dans les terres les plus fertiles, des
infortunés à demi vêtus, dont l’air miférable Yem-
ble me dire;: j ’a i faim ! Et cependant quel peuple
pourroit-être plus heureux ! C’eft dans la Suiffe ,
c’eft en Hollande , en Angleterre, dans les républiques
, enfin par-tout où régne la liberté & de
bonnes loix, que je vois des peuples heureux !
c’eft - là que Tinduftrie force une terre fauvage à
devenir féconde ! c’eft-là que les hommes connoif-
feut leurs droits, & que l’accord de toutes les volontés
tendent au bien général ; c’eft - là feul que
règne le patriotifme , parce qu’il ne peut exifter
que dans les lieux ou il y a une patrie.
, De toutes les parties du globe, celle cependant
ou les peuples font moins efclaves, & par çonfé-
quent moins malheureux, c’eft l’Europe. Les feien-
ces, les arts y retardent les progrès de l’efclavage.
On ne perfuaderoit pas aifément à des peupîes
éclairés, qu il. faut tout facrifier aux caprices d’un
feul. Les hommes d’ailleurs font plus doux, les
gouvernemens plus tempérés , les loix plus fages.
Et cependant on. voit avec douleur que toutes les
monarchies ont une marche lente & imperceptible
, qui tend au defpotifme. Rien ne m’empê-
cheroit de croire que la malheureufe Europe ne fût
tôt ou tard réduite au fort de prefque toutes les
nations de 1 Afie. Une des plus puifTantes républiques
, une des plus fières nations, la Hollande ,
IAngleterre , samoliffent déjà , s’énervent, &
femblent travailler de jour en jour à fe donner
des fers 1 Que ces deux peuples foient enchaînés,
par la plus douce ‘même des monarchies, & c’en
eft fait de la liberté de l'Europe.
En parlant des loix civiles, ne doit-on pas s’étonner
que des peuples inftruits confervent dans
leur legillation tout ce qui çaraélérife encore les
fiècles de barbarie ? En vain les arts & les feiences
Ont-ils fait tant de progrès? En vain a-t-on fi bien
calculé les droits de l’homme ; quelques états de
l’Europe ; exceptés , on trouve encore par-tout
l’empreinte de la tyrannie féodale ? Les bons ouvrages
, fur cette matière, relient enfevelis dans
les bibliothèques, & ne fout guères médités que
par ceux qui ne peuvent offrir à la patrie que des
voeux flériles,! Un miniftre, un magiftrat, ceux
enfin auxquels ils femblent principalement def