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J’ile de Cayenne en 1635. Quelques négôcîans de
Rouen réfolurent d’y former un établiffement, en
1643 , fous le féroce Poncet de Bretigny, qui fut
maffacré par les colons auxquels il avoit déclaré la
guerre, ainfi qu'aux fauvages. On vit fe former a
Paris , en 1 6 5 1 , une nouvelle compagnie , qui
échoua prefque par la mort du vertueux abbé de
Marivaux, l’ame de cette entreprife, qui fe noya
en entrant dans fon bateau. En 1663, une autre
compagnie, fous la dire&ion de la Barre, maître des
requêtes , aidée du miniftère, tenta la même fortune
-, & ne réuffit pas mieux. Enfin un an après,
Cayenne 8c la Guiane rentrèrent dans les mains du
gouvernement, à l’époque heureufe qui rendit la
liberté à toutes les colonies. Celle - ci fut prife par
les Anglois, en 1667, & par les Hollandois, en
3676 : mais-depuis elle n’a pas même été attaquée.
C e t établiffement, tant de fois bouleverfé, refpiroit
à peine, lorfque des flibuftiers , qui revendent
chargés des dépouilles, de la mer du fud, s’y fixèrent.
Ils paroiffoient pouffer avec vigueur la culture
des terres, lorfque Ducaffe q u i, avec des vaif-
feaux, avoit la réputation d’un habile marin, leur
propofa, en 1688, le pillage de Surinam. Leur
goût naturelle réveille ; les nouveaux colons deviennent
corfaires, & leur exemple entraîne prefque
tous les habitans.
L ’ expédition fut malheureufe : une partie des
combattans périt dans l’attaque, & les autres faits
prifonniers, furent envoyés aux Antilles, où ils s’établirent.
La colonie ne s’eft jamais relevée de
cette perte ; bien loin de pouvoir s’étendre dans la
Guiane, elle n’a fait que languir à la Cayenne.
La Guiane parut, en 1 7 6 3 , une reflource très-
précieufe au miniftère de France, réduit à réparer
de grandes pertes, en y établiffant une population
nationale & libre, capable de réfifter par elle-même
aux attaques étrangères, & propre à v o le r , avec le
tems , au fecours des autres’ colonies, lorfque les
circonftances pourroient l’exiger. Mais le génie ne |
prévoit pas tout ; on s’égara, parce qu’on crut que
des Européens foutiendroient fous la zone torride
lés fatigues qu’exigent le défrichement des terres ;
que des hommes qui ne s’expatrioient que dansl’ef-
pérance d’un meilleur fort, s’accoutumeroient à la
lubfiftance précaire d’une vie fâuvage, dans un climat
moins fain que celui qu’ils quittoient ; enfin,
qu’on pourroit établir des liaifons faciles & importantes
entre la Guiane & les îles Françoife-s.
C e faux fyftême, où le miniftère fe laiffa entraîner
par des hommes qui ne connoiffoient fans
doute , ni le pays qu’il s’agiffoit de peupler, ni la
manière d’y fonder des colonies, fut aufü malhéu-
reufement exécuté que légèrement conçu. On dif-
tribua les nouveaux colons en deux claffes, l’une
de propriétaires, l’autre de mercenaires, au lieu de
donner une portion de terrein à défricher à tous
ceux qu’on portoit dans cette terre nue & déferte.
Douzr mille hommes furent débarqués après une
/ongue navigation, fur des plages défertes & im- I
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praticables, dans la faifon des pluies qui durent fix;
mois, fur une langue de terre, parmi des îlots mal-
fains, fous iin mauvais angar. C ’eft-là .que, livrés
a 1 inadion, a l’ennui, à tous les défordres quei
produit l’ôifivete dans une populace d’hommes:
tranfportés de loin fous un nouveau c ie l , aux
mifères & aux maladies contagieufes qui naiffent
d’une femblable fituation ; ils finirent leur trille
deftinée dans les horreurs du défefpoir. Leurs cendres
crieront à jamais vengeance contre les im-
pofleurs qui ont abufé de la confiance du gouvernement,
pour confommer à de fi grands frais
tant de malheureux à la fois, comme fi la guerre ,
1 dont ils étoient deftinés à combler les vuides
n’en eût pas affez môiffonnés dans le cours de
huit années.
; Pour qu’il ne manquât rien à une fi horrible tragédie,
il falloir que quinze cents hommes échappés»
à la mortalité M e n t la proie de l’inondation I On
les difiribua fur dès terreins où ils furent fubmer-
gés au retour des pluies. Tous y périrent, farts
laiffer aucun germe de leur pofiérité, ni la moindre-
trace de leur mémoire.
Létat a déploré cette perte, en a pourfuivi &
puni les auteurs : mais qu’il eft douloureux pour la-
patrie , pour les miniftres bien intentionnés, pour:
les fujets, pour toutes les âmes avares du fang:
François , de le voir ainfi prodiguer à des entre-:
prifes rüineufes !
Q u ’eft-il arrivé, dit l’auteur de YHifteire du commerce
des Indes , tome I I I , de la cataftrophe où tant
de fujets, tant d’étrangers ont "été facrifiés à l’illu-
fion fur la Guiane ?. C ’eft qu’on a décrié cette malheureufe
région avec tout l’excès que le reffenti-
ment du malheur ajoute à la réalité de fes caufes.
On va jufqu’à prétendre qu’on ne pourroit pas
même y faire fleurir des colonies, en fuivant les
principes de culture & d’adminiftration qui fondent
la prospérité de toutes les autres.
Mais cet auteur fait voir qu’en abattant les bois
qui, depuis l’origine du monde, couvrent fes défie
rts immenfés, en exterminant les fourmis, comme
on a" fait ailleurs, en traitant les noirs , non en t y rans
, mais avec humanité, on pourroit tirer parti
de ce vafte pays. Le café , là laine, le coton, pren«
nent à la Guiane un degré de perfection qu’ils n’ont
pas aux Antilles. Le tabac, y peut, y doit profpé-
rer. L’indigo, maintenant abâtardi, y recouvreroit
fa première qualité fi on le renouvelloit par graines
de Saint-Domingue.
La vanille y eft naturelle. Cet établiffement n’offre
pas plus de difficultés que Surinam. Cependant
Surinam eft couvert aujourd’hui de riches plantations.
Pourquoi la France ne mettroit - elle pas la
Guiane au niveau de cette colonie Hollandoife ?
Voilà des conquêtes fur le cahos 8c le néant à l’avantage
de tous les hommes , 8c non pas des
provinces qu’on dépeuple , qu’on dévafte pour
mieux s’en emparer ; qui coûtent le fang de deux
nations, pour n’en enrichir aucune, 8c qu’il faut ■
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garder à grands frais. La Guiane ne demande que
des travaux 8c des habitans. Que de motifs pour
•ne les pas refufer !
On y voyoit déjà en janvier 1769» *29l “ om‘
jnes libres, 8c 8047 efclaves. Les troupeaux mon-
toient à 1933 têtes de gros bétail, 8c 1077 menu
•bétail.
Il eft réfervé au tems & à la providence d’amener
les lumières & la difcipline, pour faire renaître
cette colonie. (R.)
G Ü 1BRAY. Voyei l’art. F a l a i s e , f-
G U IE , ville de Perfe, capitale du Mecran,fituée
entre des montagnes. Lat. 27, 30. (Æ.)
GUIENNE ( la ) , Aquitania , province confi-
dérable du royaume de France, qu’il faut bien
diftingner de la Guienne propre.
La Guienne eft bornée au nord par le Poitou,
l’Angoumois 8c la Marche; à l’eft, par l’Auver- ji
-gne, Je pays de F oix , le Lîmofin 8c le Languedoc ; 1
au fud, par les Pyrénées 8c le Béarn ; & à l’oueft,
par l’Océan. Elle forme le plus grand gouvernement
de France, qui a quatre-vingts lieues de large
fur quatre-vingt-dix de long. Les principales • riviè- j
res qui l’arroient font la Garonne, la Dordogne,
l’Adour, le Tarn, l ’Avéirou & le Lot.
L’air en eft généralement fort fain. On y recueille
des grains de toute efpèce, des v in s, des >
-fruits, des légumes, du chanvre, du tabac, 8c
les pâturages y font excellens. Le gibier d’ailleurs,
& le poifion y abondent, 8t il s’y rencontre plusieurs
fources d’eaux thermales. On y trouve aufli
des mines de cuivre, de fe r , de charbon de pierre.
Il s’y fait un grand commerce de vins , d eaux-
de-vie, de vinaigre, de réfine, de mulets, chevaux
, fafran, fromage de rocfort, 8cc.
D e la domination des Romains cette province
paffa fous celle des Vifigoths, puis fous celle des
François après la bataille de Vouilé, gagnée par
Clovis en 1507. Elle eut enfuite pour fouverains
fes ducs particuliers , défignés fous le titre de
ducs d'Aquitaine. Elle fubit fucceflivement le
joug de plufieurs peuples étrangers, fur - tout des
Galcons , ou Vafcons, originaires des Pyrénées 8c
de la Bifcaye, qui s’emparèrent , vers l’an 600, de
toute la partie méridionale. Les ducs qu’ils fe choisirent
pour chefs y régnèrent indépendans, ainfi
que ceux qui s’étoient emparés des contrées voi-
fines, jufqu’à Charlemagne , qui les força de fe
foumettre 8c de lui faire hommage. Ce monarque
érigea l’Aquitaine en royaume, en faveur de Louis
le-Débonnaire fon fils. La Guienne & la Gafco*
gn e , qui en faifoient la meilleure partie, eurent
des gouverneurs 8c des ducs amovibles qui fe rendirent
bientôt indépendans. Dès-lors ces deux provinces
firent deux états diftinds, l’un fournis aux
Gafcons, l’autre aux comtes de Poitou, ducs de
la fécondé Aquitaine , connus enfin fous le nom
de ducs de Guienne en 845. Laféparation de ces
deux états dura jufqu’à l’an 1070. Ils paffèrent à
^ouis V I I , dit le Jeqne, roj de France, par fou
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mariage avec Eléonore, héritière des derniers ducs
de Guienne. Eléonore, répudiée, porta ces belles
provinces à Henri II , roi d’Angleterre, auquel
elle s’étoit remariée. Les Anglois, qui en maintinrent
la poffeffion durant plufieurs fiècles, en furent
chaffés par Charles VII. Le gouvernement de
Guienne renferme deux archevêchés 8c douze évêchés*
Il ne paroît pas que le nom cfe Guienne , qui a
fuccédé à c^lui d’Aquitaine, connu des Romains,
ait été en ufage avant le commencement du x iv *
fiècle, ;• cependant il commença dès - lors à prendre
faveur, 8c il prévalut fur la fin du fiècle fuivant. Le
duché de Guienne, acquis par l’Angleterre dans le
X I I e fiècle, revint à la France fous le règne de
Charles V I I , l’an 1553 ; 8cicette dernière puiffance
en a toujours joui depuis.
La Guienne entière eft divifiée en haute 8c baffe:
la baffe comprend le Bourdelois, le Périgord, l’A-
génois, le Condomois, le Bazadois, les Landes,
la Gafcogne proprement dite, le pays de Soûle 8c
celui de Labour.
La haute - Guienne, dont la principale ville eft:
Montauban , comprend le Quercy, le Rouergue,
l ’Armagnac, le comté de Commiriges, le Goufe-
rans 8c le Bigorre. Ces pays qui eompofent la
haute-Guienne, font tous du reffort du parlement
de Touloufè ; il n’y a que la baffe-Gulenne qui re-
corinoiffe le parlement de Bordeaux.
La Guienne propre eft bornée au nord par la
Saintonge ; à l’e ft, par l’Agénois 8c le Périgord ;
au fud , par le Bazadois 8c par la Gafcogne ; à
l’oiieft, par l’Océan. Ce pays comprend le Bourde-
lois, le Médoc, le • capitalat de Buch, 8c le pays
entre deux mers. La ville principale de la Guienne
propre eft Bordeaux. Voye^ G a s c o g n e . (Æ.)
GUILFORD , Guillofordium , ville à marché
d’Angleterre, capitale du comté de Surrey, fur
le "Wey. Elle envoie deux députés au parlement,
8c' eft à vingt - cinq milles f. o. de Londres. Long.
1 7 ,6 ; lat. 5 1, 10.
Robert 8c Georges Abb ot, frères, étoient tous
,les deux de Guilford. Robert Abbot y naquit, en
15Ô0, 8c mourut en 1618. Le roi Jacques fut fi
charmé de fon livre latin de la fouveraine puijfance ,
qu’il fit l’auteur évêque de Salisbury, 8c le combla
de bienfaits; en échange, Georges Abbot ayant
eu le malheur de déplaire au même prince, fut fuf-
pendu des fondions de fon archevêché de Cantor-
bery, 8c mourut de chagrin au château de Croye-
dom, le 4 août 1633. T e l a été le fort des deux
frères ; celui qui foutint la mauvaife thèfe, fut magnifiquement
récompenfé ; celui qui défendit la
bonne caufe , fut difgracié. (/L)
GUILHEN ( Saint), petite ville de France, dans
le Languedoc, au diocèfe de Lodève. (Ar)
G U IL L A IN , ou G h i s l a i n (S a in t), Gijlenopo-
lis , v ille , 8c très-riche abbaye des Pays-Bas, dans
le Hainault - Autrichien , 8c dans la prévôté de
Mous quelle défend par fes èclufes. Elle eft dans
V V V V i j