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Les productions remarquables de la mer du Nord
font, i°. le tan g, alga en latin, plante de couleur
verte ou brune, longue depuis deux aunes jufqu’à
dix. Les Norvégiens l’employent avec fuccès pour
engraiffer leurs terres, & dans les provinces fep-
tentrionaies elle fert à la nourriture du bétail :
2 .1 arbre de mer ; il prend racine dans un fond
de cent jufqu’à deux cents braffes d’eau, ce qui efl
caufe qu’il eft trèsdifficile de l’arracher entièrement.
On juge de fa grandeur & de fa groffeur
par quelques branches qui ont jufqu’à fept pouces
de diamètre. Cette mer eft très-orageufe, & caufe
fouvent des ravages confidérables, par fes débor-
demens.
Les eaux de cette mer qui font dans la partie
feptentrionale de la Jutlande , des îles de Fiinen &
de Séélande , & qui mouillent les côtes de Suède
& de Norvège, font très - abondantes pour la pêche
des harengs. C’eft près des montagnes de la
Jutlande que commence un ban de fable très-dangereux.
III. La mer Orientale ou Baltique, en Allemand
O t f é e , eft un grand golfe fitue entre le Dane-
marck , F Allemagne, la Pruffe, la Courlande ,
la Ruflie & la Suède. On remarque que dans le
tems des vents du nord, les eaux de cette mer
deviennent douces jufqu’à un certain point. Elles
ont en général peu de fel, parce qtfeiles reçoivent
beaucoup de fleuves. La plus grande profondeur
de cette mer ne va guères au-delà de cinquante
toifes. Des favans ont obfervé que dans
un efpace de cent ans, les eaux font tombées d’environ
quarante-cinq pouces géométriques. La pêche
eft très - confidérable. Lorfque cette mer eft
agitée , elle jète fur les côtes de Pruffe & de Cour-
lande de l’ambre jaune. Elle eft divifée près de la
Suède en deux golfes ; favoir ,‘le golfe de Bothnie
, & le golfe de Finlande. La mer Baltique
forme un troiftème golfe qui eft appelé golfe de
L iv o n ie ou de R ig a ,
IV. La grande mer du Nord, Nordmer, Oceanus
fep ten tr io n a lis , plus haut vers le nord. Elle eft très-
abondante en plufieurs efpèces de poifîons ’fort
gras , parmi lefquels eft le hareng, dont une quantité
prodigieufe fe retire tous les ans dans la mer
Germanique. L’on y trouve également beaucoup
de bois flotté qui ne peut venir que des fleuves de
l’Amérique feptentrionale qui le jêtent dans cette
mer. Une partie de cette mer, depuis la nouvelle
Zemble, jufques aux montagnes de Tfchuket, eft
nommée mer G la c ia le , à caufe des énormes montagnes
flottantes de glaces qu’on y trouve pendant
prefque toute l’année.
Plufieurs favans ont obfervé que fes eaux dimi-
nuoient & qu’elles s’étendoient autrefois davantage
vers le Sud. Les preuves exiftent dans les
débris de toute efpèce & les dépouilles d’animaux
qu elle , a laiffés fur des montagnes trop élevées
pour que le flux ni les vagues1 puiflent jamais y
atteindre.
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Prefque toutes les nations de l’Europe ont fait
jufqu’à préfent des tentatives inutiles pour fe
frayer par cette mer un chemin vers les Indes :
les navigateurs les plus intrépides n’ont pu avancer
que jufquau 8oe degré feptentrional ; nombre
dîles dont cètte mer eft embarraflée, les montagnes
flottantes de glaces qui retardent la marche
des vaiffeaux, & qui les menacent continuellement
de les brifer, feront toujours des obftacles invincibles
a la découverte de ce paflage.
V. La mer Noire, more N i^ rum , p om u s E u x i -
nus , 8c Car a denghis par les Turcs , communique à
la Méditerranée y8c peut avoir trois mille huit cent
milles anglais de contour -, ou environ mille trois
cents lieues de france. Elle eft ainfi nommée parce
quelle eft beaucoup plus orageufe qu’aucune
autre mer. On y rencontre aufli beaucoup de bas-
fonds ; la vague élevée 8c courte bat le vaiffeau
de- tous côtés, 8c on n’y trouve pas de bons ports,
oes eaux font plus douces que toutes les autres
eaux de mer, 8c elles gèlent en hiver. Vers le
nord elle communique à. la mer d’Azof par le
détroit de Caffa.
VI. La mer d’Azof s’étend depuis la Tartarie de
Crimee jufqu’à Azof. On la nomme aufli la merde
Zabache ; les anciens la nommoient Palus méo-
tides. On obferve que la grande quantité de fleuves
qui s’y jêtent rend les eaux fi bourbeufes, qu’elle
devient de jour en jour moins propre à la navigation.
VII. Vers le fud-oueft, la mer Noire fe jète, par le
de Thrace, dans la Propôntide, aujour-
d hui la mer de Marmora, du nom d’une de fes
îles. Elle communique, par l’Hellefpont, à l’Archipel
, autrement dit mer Egée, que les Turcs
nomment mer B la n ch e 8c mer des lfle s . Elle renferme
.en effet beauboup d’îles fameufes, & eft
une partie de la mer Méditerranée. La mer Adriatique
, ou golfe de Venife, eft le plus remarquable
des golfes de la Méditerranée. Celle-ci communique
à la mer Atlantique par le détroit de Gibraltar.
Ce détroit peut avoir neuf milles efpa-
gnols de longueur, fur quatre de largeur. La mer
Méditerranée reçoit des accroiffemens d’eau très-
confidérables par le nombre de grands fleuves qui
viennent s’y jetter des trois parties du monde,
ainfi que par la grande quantité d’eau que l’Océan
y décharge, & toutes celles qui viennent de la
mer Noire ; cependant cette mer eft beaucoup plus
baffe que l Océan, & les évaporations y font incomparablement
plus fortes .qu’aux autres mers,
ce qu’on doit attribuer fans doute au grand
nombre de volcans qui l’environnent. Le flux &
reflux ne s’y fait prefque point fentir ; il eft
remarquable cependant dans le détroit de Mefline,
& dans le golfe Adriatique. On a remarqué dans
la Médite rranée un mouvement, ou une pente qui
va de l’orient à l’occident, & un courant confidérable
, qui part de l’Océan, & fe jète dans la Méditerranée
, rafe les côtes d’Efpagne, celles d’Ita-
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•lie, entre dans la mer Adriatique * tire au nord-
oueft vers le rivage & les îles de Dalmatie, tourne
dans l’angle de cette mer près de Venife, revient
defcendre le long des côtes orientales de l’Italie, fe
jète vers les côtes d’Afrique 8c remonte vers l’occident.
On voit quelquefois dans la Méditerranée une
efpèce de gros poiffons qui, vraifemblablement
font des petites baleines. On en apperçoit des côtes
à Pife & à Chioza. En 1723, un de ces monftres
s’égara dans le canal de Pefaro. La pêche des far-
dines eft très-abondante dans la merAdriatique. On
y trouve aufli du corail, aufli bien que dans plusieurs
autres parties de la Méditerranée.
Je ne fais fi l’on a raifon de partager le monde
en quatre parties, dont 1 Europe en fait une; du
moins cette divifion ne paroît pas exaéle, parce
qu’on n’y fauroit renfermer les terres antiques
& les terres antaréliques, qui, bien moins connues
que le refte, ne laiffent pas d’exifter, &
de méritêr une place fur les globes 8c fur les
cartes.
L’Europe eft appellée Celtique dans les tems
l e s plus anciens. Sa fituation eft entre le 9e 8c
le 93e degré de lo n g it ., & entre le 34e & le 73e
R e la tif. ( A r t ic le 'de M . M a s s o n d e M o r -
VILLIERS.)
EUROTAS, rivière du Péloponèfe , fameufe à
plufieurs égards, 8c en particulier pour avoir baigné
les murs de Sparte. On l’appelle aujourd’hui
Vafiiipo tamo s.
* Ce fleuve eft toujours tellement femé de rofeaux
magnifiques, qu’il ne faut pas s'étonner qu’Euri-
pide , dans fon- Hèlene , le furnomme C a llid on a x .
Les jeunes Spartiates en faifoient ufiage pour coucher
deffus, & même on les obligeoit d’aller les
cueillir avec leurs mains fans couteau & fans autre
inftrument : c’étoit-là leurs matelas 8c leurs lits
de plume.
L’Eurotas eft encore, comme dans les beaux
jours de la Grèce , couvert de cygnes d’une fi
grande beauté, qu’on ne peut s’empêcher d’avouer
•que c’eft avec raifon que les poètes lui ont donné
l’épithète d'Olo r ifer :
Taygetique p h a la n x 9 '& oloriferi Eu ro ta
D u r a manus.............dit Stace.
Autrefois cette rivière fe partageoit en plufieurs
<bras ; mais aujourd’hui on leroit bien embarraflé
-de difcerner celui qui s’appelloit Euripe, c’eft-à-
dire, ce canal ou fe donnoit tous les ans le combat
desEphebes; car le Vafiiipotamos n’eft guère
plus gros en été près de Mifitra, que ne F eft la
rivière des Gobelins à Paris.
Mais admirons fur-tout la deftinée de ce fleuve,
par ce qu’en a dit Séneque. H a n c Spartam E u ro ta s
amnis cir cum fiu it, qui pueritiam in d u r a t , a i fu tu f :
■ militiez patîentiarn : les Lacédémoniens y plon-
geoient leurs enfans, pour les endurcir de bonne
heure aux fatigues de la guerre, & les Turcs s’y
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baignent dans l’efpérance de gagner le royaume
des deux. ( R . )
EUSTACHE (l’île de Saint), île de l’Amérique
feptentrionale ; c’eft la plus forte des Antilles,
par fa fituation. Elle eft au n. o. de Saint-Chrif-
tophe, avec un bon port. Ce n’eft proprement
qu’une montagne qui s’élève en pain de fucre, &
dont le fommet eft excavé en forme de vallon.
Saint-Euftaehe n’a que deux lieues de long &
une de large. Des François chaffés de Saint-Chrif-
tophe s’y réfugièrent en 1629 > & l’abandonnèrent
quelque tems après , peut-être parce qu’il n’y avoit
d’autre eau potable que celle des citernes. Elle appartient
aux Hollandois, auxquels elle avoit été
enlevée dans cette guerre par les Anglois. L ong. 316,40 ; lat, 17, 40. (Æ.)
EUSUGAGUEN, ville forte de la province
d Héa, au royaume de Maroc, en Afrique. Ses
habitans font d’un commerce tres-diflicile : cependant
on tire d’eux du miel & de la cire. (Æ.)
EUTHIN. V o y e i E u t i n .
EUTIM, ou E u t h i m , étoit un fiège épifeo-
pal de l’Arabie , fous Boftra métropole', que la
notice épifcopale de 1225 , appelle Eu tim ium .
WÊ EUTIN , ville d’Allemagne, dans le Holftein,
au cercle de baffe-Saxe. C’eft la réfidence de l’évêque
de Lubeck. La ville eft petite , mais elle eft
agréablement fimée fur un lac très-poiffonneux.
Le palais épifcopal eft fort beau. Il s’y trouve une
églife collégiale luthérienne, dans le voifinage de
la paroifliale catholique. Elle eft à 8 lieues de
Lubeck. (/? )
EVAUX , ou E v a o n , petite ville d’Auvergne,
chef-lieu de la baronnie de Combrailles, &
celui d’une éleélion, avec un grenier à fel, une
maréchauflee, 8c une abbaye d’hommes de l’ordre
de Saint Auguftin. Elle eft fituée fur une hauteur,
& elle eft remarquable par des eaux minérales qui
fourniffent d’excellens bains. Cette ville eft à 8
lieues de Montluçon. L on g .-2o, 10; la t . 56, 15.
( * ) . m m m EVESHAM, bonne & ancienne ville d’Angleterre
, dans la province de Worcefter, fur la rivière
d’Avon , qui lui donne un port, où peuvent
entrer d’affez groffes barques. Une abbaye de
Bénédiéfins faifoit autrefois la réputation principale
de cette ville ; aujourd’hui on la confidère à
de meilleurs titres : elle a deux êglifes paroifîiales,
deux écoles bien inftituées & bien fréquentées ;
des fabriques de bas très-renommés , & des environs
très-fertiles en grains & en fourrages : elle
fournit deux membres à la chambre des communes.
La bataille que Simon de Montfort, comte de
Leicefter, perdit avec la vie , Fan 1263 , contre
le prince Edouard, fils du roi Henri III, fut livrée
proche d’Evesham. L on g . 15 , 35 ; la t . 52,
-10. (R . )
EVIAN ,'petite ville du duché de Chablais , en
Savoie, fituée fur le lac de Genève. Elle a deux
D d d d ij