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pavé à la mofaïque bien confervé de la maifon de
Cicéron.
Le cardinal Paflionéi y avoit fait un hermitage
charmant, orné de ftatues antiques, d’urnes, de
tombeaux de marbre diftribués avec goût fur les
terraffes, d’où l’oeil traverfe la plaine, s’étend juf-
rqu’à la m e r , fe promène fur les Apennins, voit
l ’Algide & le Soraéle couronnés de neiges, s’arrête
fur Rome, & fe retournoit volontiers pour admirer
la diftribution ingénieufe des cellules que
la maifon renfermoit. La paix & les mufes y
fjxoient leur demeure.
La falle à manger étoit ornée d’une cuvette
tirée dès ruines du palais d’Adrien à T iv o l i, de
trois pieds de long fur quatre de large, percée
dans ion centre par un je t , qui jouant pendant
le repas, donnoit pour boire & rincer les verres,
de l’eau de la plus grande fraîcheur & de la meilleure
qualité! «Je n’ai v u , dit M. Grofley, au-
a> cun monument d’orfèvrerie comparable à cette
3» cuvette pour l’élégance de la forme, le goût
2? des ornemens & le précieux du travail.-'
» Le lieu le plus apparent du cabinet du cardinal
o) étoit occupé par le portrait du grand Arnaud,
3» doâeur de Sorbonne, & par un grand i/z-8°,
3> relié en v e rd , fans titre : en l’ouvrant, on y
» trouvoit les Lettres provinciales en cinq langues ».
C et hermitage, l’admiration des curieux, a été
démoli d’abord après la mort violente du cardinal
Paflionéi en 1767 ,par les Camaldules , à l’inftiga-
tiori des pères du Giefii. Grofley, Voyage d'Italie,
tom. IL
Cette v ille , outre fa cathédrale, a flx couvées
id’hommes & un de religieufes. Elle eft bâtie près
des ruines de l’ancien Tufculum, dans le Latium
ou campagne de Rome , près de l’ancienne Albe.
C ’eft la patrie de Metaftaflo, le plus grand poète
de l’Italie. M. Matthéi a donné l’hiftoire de Fraf-
cati; le leéleur y peut recourir. Long, fuivant le
P. Borgondio , 3 0 , 17 j lat. 4 1 ,4 5 , o„
Tufculum, qu’elle a remplacé, fut bâti au haut
d’une colline fort élevé e, par Télégone, fils d’U-
lyffe & de C ir c é , dit Silius Italicus. Sa fltuation
fur une colline lui a fait donner par Horace le fur-
nom de fupernum :
Super ni villa candens Tufculi.
C ’étoit un municipe auquel Cicéron donne l’épi-'
ihète de clanjjimum.
Marcus Porcius, l’un des plus grands hommes
de l’antiquité, naquit l’an de Rome 519 à Tufculum.
Il commença à porter les armes à l’âge de 17
an s , & il fit paroître non-feulement beaucoup de
courage, mais le mépris des voluptés, & même
de ce qu’on nomme les commodités de la vie. Il
étoit d’une fobriété extraordinaire, & il n’y avoit
point d’exercice corporel qu’il regardât au-deflous
de lui. Au retour de fes campagnes, il s’occupoit
quelquefois à labourer fes terres , équippé comme
£ s enclaves, fe mettant à table avec eux , man-
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géant du même pain, & buvant du même vin qu-îf
leur donnoit. Mais en même teins il ne négligeoit
pas la culture de l’efprit, & fur-tout l’art de la
parole. Il vint à Rome , fut choifl tribun militaire
par les fuftrages du peuple , enfuite on le fit quef-
teur, & de degré en degré il parvint âu confulat Sc
à la cenfure.
Sa fageffe lui fit donner le furnom de Caton ,
qui pafla à fes defcendans. Pour le diftinguer des
autres du même nom, on l’appelle tantôt prijcus,
l’ancien", parce qu’il fut le chef de la famille Por-
cia , & tantôt cenforius , cenfeur, à caufe qu’il
exerça la cenfure avec une grande réputation de
vertu & de févérité.
De fes deux femmes, Licinie & Saîonie , il'eut
deux fils qui firent les branches des Liciniens & des
Saloniens. Caton d’Utique étoit de la fécondé branche
, & l’arrière-petit-fils de Caton le cenfeur. C e
cenfeur n’avoit qu’un petit héritage dans le pays des
Sabins; mais dans cetems-là, ditValere Maxime,
chacun fe hâtoit d’augmenter le bien de la patrie &
non pas le lien , & on aimoit mieux être pauvre
dans un empire riche , que d’être riche dans un
empire pauvre.
Il fut tout enfemble & grand orateur & profond
jurifconfulte , deux qualités qui ne vont
guère de compagnie. Cicéron dit de ce grand
homme , liv. I I I , de oratore : Nihil in hdc civitate y
temporibus ïllis feiri difeive potuit, quod ille non tunt
invefligarit, 6» Çcierit, tum etiam confcripferit.
11 fut accufê plufieurs fois en juftice , & fe défendit
toujours avec une extrême force. « Comme
» il travailloit bien les autres, dit Plutarque , s’il
» donnoit la moindre prife fur lu i, il étoit incon-
» tinent mis en juftice par fes malveuillans, de
» manière qu’il fut accufé quarante-quatre fois, à
» la dernière defquefles il étoit âgé d’environ
» quatre-vingts ans ; & ce fut là qu’il dit une pa-
» rôle qui a été bien recueillie » : qu'il étoit mat
aife de rendre compte de fa vie devant des hommes d'un
autre fiècle jque de celui auquel on avoit vécu. Cependant
il fut toujous abfous, comme Pline nous
l’apprend , liv. V I I , ch. xxvij. Itaque fit proprium
Catonis quater & quadragies caufam dixiffe , nec
quemquam fiepius pofiulatum, & femper abfolutum.
Il fut bon mari oc bon père, & auifi exaél à entretenir
la difeipline dans fa maifon, qu’à réformer
les défordres de la ville.
« Pendant qu’il étoit préteur en Sardaigne, dit
» Plutarque ( je me fers toujours de la verfion
» d’Am yot) , au lieu que les autres préteurs avant
» lui mettoient le pays en grand frais, à les four-
» nir de pavillons, de lits , de robes & autres
» meubles , & chargeoient les habitans d’une gran-
» de fuite de ferviteurs , & grand nombre de
» leurs amis qu’ils traînoient toujours quant &
» eu x , & dùine groffe dépenfe qu’ils faifoient or-
» dinairemént en banquets & feftoyemens ; lui au
» contraire y fit un changement de fuperfTuité ex-
» cefiive en fimplicité incroyable : car il ne leur
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» fit pas coûter pour lui un tout feul denier ,
" pour ce qu’il alloit faifant fa v.fitation -patr les
» villes à pied, fans monture quelconque , & le
» fuivoit follement un officier‘de la chofe publi-
3» que, qui lui portoit une robe & vafe a ot-
s» frir du vin aux dieux ès facrinces n.
L ’infcription de la flatue que le peuple romain
lui érigea après fa cenfure , rendoit un témoignage
bien glorieux à fa vertu réformatrice ; 1 infeription
étoit telle: « A l’honneur de Marcus Caton, cen-
nfeur, qui var homes moeurs, fafntes ordonnances
s> & fages réglemens, redrejfa U difeipline de la re-
„ publique romaine , qui commençait déjà a décliner
à fe détruire. On fait bien cependant qum-
3> fenfible aux louanges & aux ereélions de ita«
3> tues , il répondit un jour a quelques-uns qui
3» s’émerveilloient de ce qu’on dreflbit ainfi des
v images à plufieurs petits & inconnus perfonna-
*> ges, & à lui non : J’aime mieux, dit - i l , qn on
» demande pourquoi l’on n’a point dreffe de îtatues
3> à Caton , que pourquoi on lui en a dreffe».
Enfin le leéleur trouvera l ’éloge complet de Cato'n
dans le meilleur des hiftoriens latins,gTite-Live ,
liv. X X X IX , ch. Ix & Ixj. Sa vie a été donnée par
Plutarque, 8c fon article dans Bayle eft extrêmement
curieux.
Tufculum eft encore célèbre par les palais que
plufieurs grands de l ’ancienne Rome y élevèrent a
l ’envi, mais fur-tout parce que Cicéron avoit dans
fon voifinage fa principale maifon de plaifance. C eft
dans cette aimable folitudeque l’orateur de Rome
oublioit fes triomphes 8c fa dignité. Tantôt il y
affembloit une troupe d’amis choifis pour lire avec
eux les écrits les plus rares 8c les plus intéref-
fans ; tantôt il fondoit feul les fecrets de la philosophie
, 8c travailloit à enrichir fon pays des lumières
des fages de la Grèce. Rouffeau le dit en
de très-beaux vers.
Tufculum fut ruinée par l’empereur Henri ; 8c
c’ eft fur les ruines de la maifon de plaifance de
Cicéron qu’on a élevé l’abbaye de Grotta-Ferrata.
Voye^ Grotta-Ferrata. (R .)
F R E T E V A L , village près de B lo is , où l’arrière
garde de l’armée de Philippe - Augufte fut
défaite en 1194. Ses bagages, la chapelle, fon
fceau, 8c toutes fes archives furent enlevées par
les Anglois, & jamais leur roi Richard ne voulut
les rendre.
Etrange coutume de nos rois, s’écrie le fage
.prefident Hénaûlt, de porter alors à la guerre les
titres les plus précieux de la couronne I Cet abus
fut réformé, 8c c’eft l’époque du tréfor des C hartres
qui fut d’abord établi dans la tour du Lou-
.vre, ou au Temple , 8c depuis par Saint-Louis
en la Sainte-Chapelle de Paris, où il eft aujourd’hui.
Guérin de Senlis eut l’honneur de cet éta-
hliffement. (i?.)
FREUDENBERG , petite ville d’Allemagne ,
au cercle du haut Rhin , dans la Weteravie, 8c
en particulier dans le comté de Naffaw. Il s’y ja it
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tin affez bon commerce en fer 8c en acier. (-R.)
Freudenberg , petite ville d’A llemagne, en
Franconie, fituée fur lé Mein ; elle appartient a
l’évêque de Wurtzbourg. Long, 23 , 16 , 30; Ut.
49 9 5«ü (JL)
FREUDENSTADT, jolie & forte ville d’Allemagne
dans la F o rêt-Noire, bâtie en 1600 par
le duc de "Wirtemberg, pour défendre l’entré*
& la fortie de cette fo r ê t , & pour fervir de retraite
aux proteRans. Elle eft a 15 H» f- o. d eT u -
bingen, 0 f. e. de Strasbourg. Long. 36 > 2 >
48, 25. (R )
FR EUD EN THA L , château, ville & feigneu-
rie de la haute Siléfie, dans le duché de Troppaw,
aux confins de la Moravie & des principautés de
Jægerndorf & de Neifle. C ’eft une des comman-
deries de l’ordre Teutonique , & la dix-feptième
du baillage de Franconie. Son château fert à la ré-
fidence du commandeur ; la ville eft fituée dans
un vallon agréable , & fermée de murailles ; les
Bohémiens & les Polonois l’appèlent Brunthal :
on y commerce en chevaux 8c en toiles. La fei-
gneurie a porté pendant un teins le titre de principauté
, à l’occafion de la charge de capitaine général
de la haute & balle Siléfie, dont fut revêtu
au fiècle dernier un grand-maître de l’ordre T eu tonique,
de la famille d’Ampringen ; 8c comme
cette charge ne pouvoit être remplie, au gré des
loix' du pays , que par un prince Siléfien , la di-
gnité-en fut conférée à ce grand-maître, fous le
nom de Freudenthal, fans qu’après lui elle ait été
portée par d’autres. Il n’y a cependant pas dans
la contrée de feigneurie plus confidérable : elle
comprend, outre fa capitale, les villes d’Engel-
berg & de Wirbenthal ; le bourg d’Engelberg dans
la Moravie, & un affez bon nombre de villages : le
fol en eft montueux & couvert de bois ; 8c l’on
y a jadis fouillé des mines. Il y a un autre lieu
de ce nom dans la Carniole inférieure. (R.)
FREYE-AÊMTER , les pays libres de l’Argotv
en Suiffe, divifés en deux baillages. Le haut baillage
appartient aux huit anciens cantons. Il s’y
trouve la petite ville de Meyemberg , 8c la célèbre
abbayède Mûri. Le bas Freye-Aemter eft fous
la domination des cantons de Zurich , de Berne &
de Glaris : il renferme les villes de Bremgarten &
de Mellingen. Tout le pays s’étend entre la R n is ,
à une lieue de Lucerne , Sc les lacs de Baldeck
& de Halweil, jufqu’au - deffous de Mellingen,
ayant au levant 8c au nord le canton de Bade , au
midi les cantons de Lucerne 8c de Z u g , 8c à l’occident
le canton de Berne. C ’étoit autrefois le
comté de Rore, 8c l’ancien patrimoine des comtes
de Hapsbourg. On lappèle en latin Argovia
Libéra. Les Suiffes s’emparèrent de ces pays fur
Frédéric, duc d’Autriche , en 1415 , par ordre de
l'empereur Sigifmond, 8c du concile de Confiance.
(A.)
FREYSACH. Voyeç Freisach.
FREYSINGEN. Voyvç Fressi.ngjn,