
qui compofent' ce royaume , comprennent en-
femble 42,691,020 arpens quarrés.
L ’Angleterre eft arrofée par quantité de rivières,
dont les plus confidérables font laT am ife , la Se-
vern & l’Humber.
La Tamife fe forme des deux rivières, Tham &
I fis , qui fe réunifient à une petite diftance au-def-
fous d’Oxford. Le cours de cette rivière, qui tra-
verfe Londres , a environ 40 lieues depuis Oxford
jufqu’à la mer. Le flux remonte dans la Tamife
jufqu’à trois &* quatre lieues au - deflus de Londres.
La Severn fe forme de plufieurs ruifleaux qui
fe réunifient dans le comté de Shrops , pafl'e par
Bewde ley, Worcefter, Tewkesbury , Glocefter,
Newneharp, & fe jète dans le golfe de Saint-
Georges à une petite diftance de Briftol. Le cours
de cette rivière eft d’environ 40 lieues.
L ’Humber fe forme également de plufieurs rivières,
telles que l’O u fe , l’Are & la Du n n , la
T ie n t , & c., fe jète dans la mer d’Allemagne par
une fort large embouchure , à plufieurs lieues au-
deflous de Hull. Les autres rivières d’Angleterre
tjui méritent qqelqu’attention, font la Tinna, la
T é e s , l’Y a re , la Stoure, l’Aran, la T o u g , la Dé e ,
l ’Edon, & c .’; prefque toutes les rivières de ce
royaume font tres-poiflonneufes, & la plupart abondent
en faumons.
Les principaux ports de mer font , Barwich,
Bedifort, Bofton, Briftol, Chattam , Chefter, Chi-
chefter, Colchefter, Darmouth, Deptfort, Douvres
, Falmouth, Grawefend , Haftings , IIull ,
Liwerpool , Londres, Millefort, Newborough ,
Newport , Penbroock , Plymouth, Porftmouth ,
Sandwich , Southampton, Spithead, Sunderland,
T o rb a y , Yarmouth, &c. &c. &c.
. On appelle les cinq ports, ceux de -Douvres,
de Haftings, de H y th , de Rymney & de Sanwich.
Çes ports, qui jouifient encore aujourd’hui de fort
beaux privilèges, ont été fortifiés, il y a plufieurs
fieçlès, comme étant les plus expofés aux defçentes
des étrangers, & fur-tout des Français; en effet,
celui de Haftings, quoique le plus éloigné des çinq,
n’eft qu’à 1 6 lieues de Boulogne.
L-e climat de ce royaume eft doux, tempéré ; les
chaleurs n’y font jarhais trop incommodes, ni le
froid infopportable, En été des vents frais, pref-
que continuels , tempèrent les ardeurs du foleil.
I)àns la partie feptentrionale de l’Angleterre, cet
aftrè demeure fur l’horifon près de dix - fept heures _
êç. demie, lprfqu’il arrive au tropique du cancer. Les
hivers font également tempérés par des pluies dou*
cfcsf & fréquentes, $£ par les exhalaifons de la mer;
malgré çes avantages, l’air eft généralement épais,
humide, & la plupart du tems, le ciel y demeure
©bfçurci par la grande quantité de vapeurs 8ç de
brouillards qui chargent l’atmofphère. Le tems eft
extrêmement variable, & les changemens s’y font
d’une manière tout-à : fait fufeite, for-tout en été.
Souvent dans la même journée on y éprouve un air
témpere le matin, du chaud à midi, d elà fraîcheur
fur le foir, & du froid dans la nuit.
On y voit cependant des vieillards très - forts ;
très - v if s , dont un grand nombre parviennent à
cent ans, même au -d e là ; & généralement les
maladies y font rares.
La gelee même n’empêche pas qu’on ne puifle
labourer tout l’h iver, & qu’il ne fe faffe prefque
tous les mois de nouvelles femailles. Le pays eft
très-varie ; on y voit des plaines, des collines &
des vallees : il n’y a cependant point de bien hautes
montagnes. Les plus confidérables font celles que
1 on remarque dans la province de Lancafter, &
dans celle de Merioneth.
On eftime qu’un arpent de terre labourable rapporte
tous les ans pour 140 liv. tournois de bled.
L agriculture eft peut - être plus honorée dans ce
pays qu’en aucun àutre du monde, fi on excepte
cependant la Hollande, la Suifle, & quelques cantons
du midi de la Chine. La récompenie aflïgnée au
tranfport du bled fur des vaifleaux Anglais, a' beaucoup
contribué à fes progrès. Autrefois dans tous
les ports on accordoit cinq fchelings pour chaque
quartaud de bled exporté for des vaifleaux Anglais.*
Le paiement de ces fonunes fe faifoit par les receveurs
de la douane, & lorfqu’ils manquoient d’ef-
péces, par le receveur général des tailles. Ceux qui
prétendoient à cette forte de gratification, étoient
obligés de. prouver qu’ils avoient réellement exporté,
& en cas de fraude ils étoient punis. Le total
de ces femmes fe montoft, en 1748 & 1749,
au-delà de 200,000 liv, fterlings, & en 1 7 5 c , à
325,40£ liv. flerlings. Par conféquent, à dater de
1:746, jufqu’en 1750; il a été exporté des cin-
quante-fept ports de l’Angleterre pour 7,405,^86
livres fterlings de froment, feigle,~orge, malz,
gruau.
Au moyen de ces récompehfes, les marchands
Anglais fe trouvoient en état de vendre leurs grains
au même prix que les autres nations. Cependant
l’exportation étoit défendue lorfque le prix des.grains
fiirpaflbît le taux fixé par les loix. En 1766, on a
même été obligé de permettre l’importation des
grains de l ’étranger , pour prévenir la difette. On
croit que cette baifle & cette cherté viennent de ce
que la noblefte a fubftitué les grandes fermes aux
petites; les riches fermiers ont été mis par-là en
état de garder leurs grains, & de ne le vendre qu’au
pfos haut prix. Un écrivain Anglais a prouvé, en
176 7, qu’il n’y avoit à Londres en 1508, que 1700
chevaux, & 20,000 dans tout le royaume; & qu’a-
préfent, à Londres feul, on en comptoit plus do
1 oo,opo, & plus de 500,000 dans toute l’angle-*
terre ; lefquels confomment une grande quantité
de grains, & nuifent à l’agriculture. Le même au-?
teur ajoute qu’un arpent labouré ne produit que
10 à 1 % fchellings, au lieu que le même arpent •
en pâturages rapporte. 3 liv. fterlings. On doit fen-
tir alors combien un pareil calcul doit nuire à
Tagricufoire, & en même tems combien ce uoui-
A N G
bre prodigieux de chevaux doit diminuer celui
des autres troupeaux.
On voit dans ce pays quantité de belles forêts,
des campagnes très-fertiles, des pâturages & des
prairies prefque toujours vertes, Le bled y abonde
prodigieufeinent ; on y recueille aufli de prefque
toutes les efpeces de fruits'que nous avons en
France, & en grande quantité: mais quoiqu’il y
ait quelques vignes, le raifin n’y parvient jamais à
une parfaite maturité.
L’Angleterre produit encore du miel, du fafran,
de la régliffe, quantité de bons légumes, des beurres,
1^ des fromages, du lin, des cuirs, &c. Le plus
grand'commerce du fromage fe fait à Chefter.
Le boeuf eft très-tendre & d’un goût excellent.
Le gibier y abonde, le poifibn eft fort commun,
le faumon fur-tout; les harengs. & les buitres y font
à vil prix; le^ fardines fe pêchent fur les côtes de
Cornouailles & de Devon ; les huîtres des côtes de
Dorfet & d’E iïex, & le hareng près de Crowland,
font les plus renommés.
11 n’y a point, de loups en Angleterre ; le roi
Edgard les fit tous périr , en exigeant tous les
ans , en tribut du prince de Galles , la tête de
trois cens de ces animaux. Comme les rochers de
l ’Ecofle ne manquent pas de loups, fi par hafard il
en vient en Angleterre , ils y font exterminés
aufîi-tot par les payfans.
Les dogues & les coqs d’Angleterre font trop
connus pour en parler ; on fait qu’ils fervent les
uns & les autres a amufement au peuple.
La laine d’Angleterre eft la meilleure que l’on
connoifiê , après celle d’Afrique, d’Efpagne & de
Portugal; ajoutons celle de l’Inde, qui eft la plus
fine laine qu’il y ait au monde On prétend que
fa fupériorité fur celle des états voifins vient de
ce que les moutons & les brebis font parqués une
partie de l’année, & couchent en plein air: fans
détruire cette raifon, qui ne pourroit pas avoir
Beu dans tous les climats, je croirois qu’une foule %
d’autres caufes, qu’il feroit trop long de détailler
i c i , peuvent auflï y concourir.
L’alun, le falpêtre & le vitriol font très - communs.
Les fources d’eau minérale, & les bains
chauds n’y manquent pas non plus. Les bains
chauds de Bath, for-tout, ont une grande célébrité.
Les Anglais ont foppléé au v in , qui leur eft refofé
par le climat, d’autres boiftons, telles que la bierre,
le cidre, le poiré, & les liqueurs diftillées, dont-
ils font un abus qui nuit à leur lânté. Leurs braflèries
fur-tout, font fi eftimces, que leur bierre eft devenue
une branche importante de leur commerce. Les
meilleures pommes pour le cidre font dans le Her-
Jbrtshire,, Devonshire, & dans les environs.
Robert DoJJîe' d'Hampflcad a appris à cultiver la
vraie rhubarbe , qui ne cède en rien à celle d’Afie.
Il croît d’excellent faffran furies frontières des provinces
de. Cambridge & d'EJfex, dans une étendue
de dix à douze milles de circonférence. On fait
aufli très-bien le préparer ; .ce qui fait qu’à Amfterdam
le faffran d’Angleterre coûte 18 florins, tandis
que celui de France n’en coûte que dix.
Malgré les belles forêts qui fe trouvent en A n gleterre
, on y manque de bois à brûler & de bois
pour la marine ; les chênes fur-tout font confer-
vés avec grand foin pour la conftruélion des vaif-
feaux. Il lèroit très avantageux pour l’Angleterre j
qu’on plantât des arbres dans toutes les terres en
friche, & qu’on rendît les rivières plus navigables
pour en faciliter le tranfport.
Les mines de charbons font prefque inépuifables-
La plupart fe trouvent dans les comtés du nord,
vers l’Êcofie : il fe vend par an pour plus de cent
vingt millions de livres de charbon de terre.
Les pâturages font excellens : ils confiftent tous
en herbages nourriflans, & de bonne odeur, &
font une fource de richefles pour ce royaume, par
la quantité prodigieufe de bétail qu’on y élève.
Les chevaux anglais , fi connus par leur rapidité
à la courfe, defcendent des meilleures races des
chevaux Arabes, & de ceux de Barbarie. Il y a
aufli des ânes, mais très-peu de mulets.
L ’entretien des moutons eft confidérable, 8c
d’un très-grand rapport. Dès le commencement du
X V I I I e fiecle, on comptoit dans l’île douze millions
de moutons. Le roi Edouard IV obtint trois
mille moutons de l’E fpagne, -pour perfeélionner,
l’efpèce des moutons anglais. Aujourd’hui même ,
cette nation fait revenir de tems en tems de nouveaux
moutons d’Efpagne, de Portugal & d’Afrique
, afin d’empêcher, en croifant les races , l’ef-
pèce de dégénérer. Le prix commun d’un bon bélier
eft de 40 à 50 guinées ; il y en a même de fi vifs ,
de fi forts, & qui ont une fi belle laine, qu’ils fe
vendent .jufqu’à 100 guinées.
L’excellent acier anglais, fe prépare avec du fer
de Suède ; le fer du pays ne fert qu’à des ouvrages
groffiers. Les mines de cu iv re , & celles d’étain
& de plomb du comté de Cornouailles, font très-.'
riches, & ces métaux ne font nulle part aufli bons :
il n’y a du plomb de mer que près de Kefwick. L e ’
comté de Cornouailles fournit de riches glèbes
d’or ; les marcaflites y font d’une meilleure efi-
pèce que dans les autres pays. On a trouvé aufli
de la calamine, & quantité de terre à foulon, qui
eft d’une extrême bonté, mais dont on ne fe
fert que pour les gros draps. L*exportation en eft
défendue.
Les montagnes contiennent un peu de marbre^
de l’albâtre, du cryftal, de grofies & belles pierres
, fur-tout celles des carrières de Portland, qui
font d’un beau grain , & d’une excellente qualité.
Dans le Cheshire, il y a du fel foflîle que l ’on
fait fondre, pour être exporté enfuite comme fel
ordinaire. Les falines de Droitwick, Upwich , Barton
& Norv. ich , font d’un très-grand rapport. L e
fel cependant qu’elles produifent n’empêche pas
les Anglais d’en tirer de l’étranger.
L’Angleterre n’eft pas riche en eaux. Les vallées
de terre de Crace ne font arrofées par aucun