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iur lequel eft un très-beau pont bâti par les maures,
lequel eft foutenu par feize arches. Au centre de
ce pont eft une haute tour conftruite pour fa dè-
ienl'e. La ville eft entourée d’un vieux mur. On
y compte près de quatre mille maifons. La place
de Corredera eft. remarquable par fa grandeur. Elle
forme un qnarré long, & eft environnée par de
belles maifons à trois étages, ornées de balçons.
L’édifice où liège l’inquifition étoit un palais royal
du tems des Goths. L’évequè de Cordoue, qui eft
fuft'ragant de Tolède, a environ 120,000 ducats de
rente. On admire la cathédrale , tant par fon architecture
, qu’à caufe des richefles qu’elle renferme :
elle fut bâtie au tems des Maures, pour leur fervir
de mofquêe. Le chapitre eft compofé de huit chanoines,
dont lés revenus font depuis 2.500 jufqu’à
5000 ducats ; de vingt autres chanoines, qui ont
depuis 1500 jufqu’à 5500 ducats,.de dix prèben-
diers de 2000 ducats de rente, 8c de vingt demi-
prébendiers de 1000 ducats. Outre’ la cathédrale,
on voit encore une autre collégiale fort riche,
quinze parcfifles, vingt couvens de mpines, vingt
çouvens de religieufes, deux collèges, une maifon
d'orphelins, vingt-quatre hôpitaux, & une maifon
de correction pour les femmes de mauvaife vie. Il
y a une manufa&ure de foieries, & une de draps.
On y prépare aufli du maroquin. Cette ville eft
habitée par beaucoup de grands de laTlaftille, &
par d’autres perfonnes de diftinélion. C ’eft la patrie
des deux Senèques, de Lucain , de Ferdinand Gon-
za lv e , d’Ambrofio Muralles , 8cc. Elle eft à 28 li.
21. e. de Séville, 34 n. de Malaga, 70 f. p*r o. de
Madrid. Long. 13 ,4 8 ; lut. 37, 42. (M. D. M.)
C o r d o u e , petite ville de l’Amérique fepten-
trionale, dans la Nouvelle Efpagne, à 30 lieues de
Vera-Cruz. Les maifons y font bien bâties, & elle
eft aflez agréable. _ *
C o r d o u e (la N o u v e lle ), ville épifcopalç de
l’Amérique méridionaledans leTucuman, à 70
.lieues n. e, de Saint-JagO. La campagne ou elle
eft fituée eft fertile ; les coteaux font très-agréables
& le climat eft çharmant. Elle n’a point de
rivière , mais un petit ruifîeau très - poifionneux.
1*ong. 316., 30; Int. mérid. 3 2 ,1p .
CORÉE ( la ) , Corea, prefqu’île d’Afie , entre la
Chine & le' Japon, bornée au nord & à i’éft par '
les Tartares Mancheous, à Foueft par la province
chinoife nommée Lyau-Tong, ou Qûati-Tong, & fé-
parée de la Tartane orientale par une paliflàde de
bois, que les Chinois appellent muraille de bois: à
l ’eft 8c au fud elle eft environné de la mer, 8c s’étend
depuis le 3 4 e degré jufqu’au 43e de latitude;
fa plus grande largeur de l’eft à l’oueft eft de 6 degrés.
Les Chinois donnent à la Corée le nom de
YLau-lï; les Tartares Mancheous l’appellent Solho.
Cette contrée , après avoir eflùyé beaucoup de
révolutions, 8c difputé long-tems fa liberté contre
les Japonois 8c les Chinois, eft enfin demeurée !
tributaire de la Chine depuis la dernière conquête
* des Tartares Mançhçoysf
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Les rochers 6c les fables qui bordent les côtes de
la Corée, en rendent l ’accès difficile 8c dangereux.
Le froid eft extrême dans cette contrée : cette rigueur
exceflive de l ’air réduit ceux qui habitent la
côte du nord à vivre uniquement d’orge, qui n’eft
pas même des meilleurs. Il n’y croît ni coton, ni
riz ; les perfonnes au - defliis du commun font apporter
leurs vivres des parties du Sud.
Le refte du pays eft plus fertile ; il produit toutes
les chofes néceifair.es à la v ie , du riz & d’autres
fortes de grains. Il a dû chanvre, du coton 8c des
vers à foie : mais la manière de cultiver cette dernière
branche de commerce eft bien éloignée de
l’induftrie chinoife. On y trouve aufli des mines
d o r , d’argent, de plomb. On y vend des peaux
de tigres, 8c la racine qui fe nomme ni/î. Les bef-
tiaux font en grand nombre, ainfi que les ours, les
daims, les fangliers , les porcs, Sic.: mais les élé-
phans y font rares, & peut-être n’y en a-t-il point
du tout à caufe du froid. Les rivières font infeflées
de crocodiles d’une prodigieufe longueur, 8c les
terres d’une infinité de ferpens 6c d’autres animaux
venimeux. Quant aux oifeaux, on y trouve pref-
que toutes les efpèces de l ’Europe, outre ceux qui
font propres au pays.
La Corée fe cüvife en huit provinces qui
contienent trois cent foixante v ille s , grandes 6c
petites , fans compter les forts 8c les châteaux
qui font fitués généralement fur des montagnes ;
ce pays eft féparé du continent par la rivière ap-
pellée Yalo, à lâquelle on donne trois lieues de
large.
Les Coréens font perfides 6c voleurs, lâches, e f féminés
; ils abhorrent le fang jufqu’à prendre la
fuite lorfqu’ils en trouvent fur leur chemin. Ces
peuples font originaires de la Chine ; ils en ont
confervé, en partie, la langue, les moeurs 6c le
gouvernement. Depuis quelques années ils ont
appris des Japonois l’art de cultiver le tabac; Fufage
de cette plante eft fi général à leur nation, qu’on
voit fumer les femmes mêmes, jufqii’aüx enfans de
quatre à cinq ans. Le fimple peuple n’eft vêtu que
de toile de chanvre & ' de mauvaifes peaux ; mais
en récompenfe la nature leur a donné la racine de
jinrfeng, dont ils font un commerce confidérable
avec la Chine 6c le Japon. Les maifons des perfonnes
de qualité font fort belles ; celles du peuple
font pour la plupart de chaume 6c de rofeaux ; ils
ne peuvent même les bâtir mieux, ni les couvrir
de tuiles fans une permifîion expreffe. L ’appartement
des femmes èft dans la partie la plus intérieure
de la maifon ; perfonne n’a la liberté d’en
approcher: mais on trouve de toutes parts, dans
cette contrée, des cabarets 6c des maifons de plai-
firs, où les habitans s’âflemblent pour voir les femmes
publiques, qui chantent, qui danfent, 6c qui
jouent de divers inftrumeps. Le pays n’a pas d’hôtelleries
pour les voyageurs, excepté fur la grande
route de Sior: mais ceux qui font en voyage s’af-
feyent le foir près de la première maifon qu’ils
rencontrent,
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■ rencontrent, auflî - tôt le maître leur apporte de
quoi fouper. ■ - • - 1 r
Le mariage eft défendu »avec fes proches , jul-
-qu’au quatrième degré, 8c on fe marie des Lage de
huit ou dix ans. L e s hommes peuvent avoir, hors
de leurs maifons, autant de femmes qu ils font capables
d’en nourrir ; mais ils ne doivent recevoir
•chez eux que leur propre femme. En général ils
ont peu de confidération pour ce fexe , 8c ils ne flgj
traitent guère mieux que leurs efclaves. Un mari
peut chalfer fa femme, la forcer de prendre les en-
fans, 8c de fe charger de leur entretien.
Les Coréens ont beaucoup d’indulgence pour
leurs enfans, 6c n’en font pas moins refpeélés. A
la mort d’un homme libre, les enfans prennent le
deuil pour trois ans, pendant lefquels ils mènent
une vie aufli anftère que leurs prêtres. Ils ne peuvent
exercer aucun emploi, & s ils occupoient
quelque pofte, ils font obligés de le quitter. La loi
ne leur permet pas même de coucher avec leurs
femmes ; les enfans qui leur naîtroient pendant le
cours de ces trois ans , ne feroientpas légitimés. La
colère , les querelles , l’ivrognerie, paflent alors
pour des crimes. Leurs habits de -deuil font une
longue robe de chanvre,fur une efpèce de cilicei,
compofé dé fils tords prefque aufli gros que les
fils d’un cable. Sur leurs chapeaux , qui iont de
rofeaux verds entrelafles, ils portent une corde de
'chanvre au lieu de crêpe. Ils ne marchent point
fans une grande canne ou un long bâton; la canne"
annonce la mort d’un père,, 6c le bâton celle d’une
mère. Us ne fe lavent point pendant tout ce tems.
Enfin le deuil eft. pour eux une rigoureufe pénitence.
La nobleffe Coréenne, 6c tous ceux qui font nés
libres, apportent beaucoup de foin à l’éducation de
leurs enfans ; ils leur font apprendre de bonne
heure à lire 8c à écrire. Toute leur doârine con-
fifte dans l’expofition de quelques traités, l’hif-
toire du pays. Les emplois dans la plume ou dans
l ’épée ne font accordés, dans une efpèce de concours
, qu’aux plus favans 6c aux plus dignes.
Us tirent leurs almanachs de la Chine 4 faute
de lumières pour les compofer eux - mêmes. Us
impriment avec des planches gravées, en plaçant
le papier entre deux planches. Leurs comptes d’arithmétique
fe font avec de petits bâtons-de bois,
comme en Europe avec des jetons. Us font très-
fuperftitieux, 6c comme tous les peuples barbares,
ils ont leurs forciers 8c leurs devins. Les Coréens
n’ont de commerce qu’avec les Japonois , les Chinois
8c les Infulaires de Suifima. Leurs monnoies
font les kafis, qui ont cours à la Chine. L’argent
pafle au poids en petits lingots, tels qu’on les apporte
du Japon. Leur religion eft le culte des
idoles. Les prêtres 8c les moines font nombreux ;
la plupart ne font pas plus refpeâés que des efclaves.
Le gouvernement les accable de taxes , 8c les
aflùjettit à des travaux : mais les fit per; eu rs de ces
prêtres jouiflenr d’une grande confidération , fur-
Géographie. Tome 1. Partie i l .
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tout lorfqu’ils ont quelque favoir; alors Us vont
de pair avec .les grands du royaume. S io r , capitale
de la Corée, contient deux monaftères de
femmes , l’un pour les filles de qualité , l’autre
pour les claffes inférieures. Elles font toutes ra-
fées , 8c leurs devoirs auprès des idoles ne diffèrent
point de ceux des hommes. Quoique le
'roi de Corée reconnoifte fa dépendance de l’empereur
par un tribut, fon pouvoir n en eft pas
moins abfolu fur fes propres fujets. Aucun d’eux,
fans en excepter les grands, n’a >la propriété de
fes terres. Il entretient dans la capitale un grand
nombre de foldats chargé de veiller à la garde de
fa perfonne. La cavalerie Coréenne porte des cui-
ralfes 8c des cafques, des arcs 6c des flèches , des
fabres 8c des fouets armés de pointes de fer. Les
armes de l ’infanterie'font le corfelet 8c le cafque ,
l’épée, le moufquët 8c la demi-pique. Ce peuple,
environné par la mer, aime néceflairemeut là navigation.
Chaque ville eft obligée d’entretenir un
vaiffeau de guerre , où font environ trois cents
hommes 6c quelques petites pièces de canon.
(.Ma s s o n d e M o r v i l l i e r s .)
CO R E Z IN , ville de la petite Pologne , dans
le palatinat de Sandomir , fur la Viftule.
CORFF , petite ville d’Angleterre, dans la province
de Dorfetshire. Elle envoie deux députés au
-parlement.
CORFOU , île trè-s-confidérâbie d’Europe, à l’entrée
du golfe de Yenife. La capitale, de même nom,
qui appartient' aux Vénitiens , ainfi que J ’î le , eft
très-bien fortifiée contre les éritreprifes des Turcs.
Son nom latin eft Corcyra. Elle peut avoir quarante
lieues de circuit,- & étoit autrefois fous la puif-
fance des rois-de Naples, mais les habitant fe donnèrent
aux Vénitiens vers l’an 1386. Comme elle
eft la cle f du golfe de Venife, les Turcs ont fou-
vent tenté de s’en emparer, mais toujours en vain.
Elle eft défendue par le château Saint-Ange, l’une
des principales forterefles de l’Europe. Cette île
fournit beaucoup de fel ; elle eft fertile en vignes ,
en oliviers, en cédras & en limons. U y a toujours
un provéditeur 8c deux confeülers au nom de
la république. Elle eft divifée en quatre gouver-
nemens. Long. 37, 48; lat. 39, 40.(/?.)
C o r * o u , grande 6c forte v ille, capitale de File
de même nom , avec deux forts , 6c un archevêque
latin , qui eft toujours un noble Vénitien. Les Grecs
y ont un protopata, ou premier prêtre. L’ancienne
Corcyre fait une partie de fes fauxbourgs. Elle
eft fur la côte orientale de l’île, vis-à-vis de Ca-
nina. Long. 37, 48; lat. 3 9, 40.
C O R I , Coria , petite ville d ’ I t a l i e , dans la Campagne
de Rome. Elle eft à 4 l i . f. de Paleftrine. (Æ.)
COR IA , Caurium , petite ville d’Efpagne, dans
l’Eftramadure, avec un évêché fuffragant de Com-
poftelle. Elle eft fur la rivière d’A la gon , à 10
lieues f. o. de Placentia, 10 n. e. d’A lcantara, 48
f. o. de Madrid. On voit afiez près de cette ville
une rivière fans pont , 6c un pont fans r iv ière ,
O o o