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foule d’ouvrages imprimés & manufcrits, témoignages
de fon érudition & de l'on amour pour le
travail. 11 a joui pendant fa v ie , quia fini en 1745 >
de la confidération due à fon (avoir, à la droiture,
à la modeftie & à la candeur qui l’accompagnoient.
11 avoit un frère académicien, & profeueur en
langue fyriaque , au collège Royal , mort en
11746. {R.)
HERBEMONT, petite ville des Pays - Bas Autrichiens
, au duché de Luxembourg, avec un château
fur une montagne, dans le comté de C h in y ,
près de la rivière de Semoy, à line lieue de Chiny,
& à 4 de Montmédy. Long. 2 3 ,6 5 lut. 40, 38.
i m
HERBERSTEIN, ou H e r b s t e i n , ville. & bail-
lage de l’évêché de Fulde, dans le cercle du haut-
Rhin , en Allemagne ; cette ville n’eft pas une des
plus modernes de la contrée, mais elle en eft une
des plus petites. Il y a un autre lieu de ce nom
dans la baffe-Syrie. (R-)
HERBORN, ville d’Allemagne, en Wétéravie,
dans la principauté de Naffau - Dillenbourg, avec
une univerfité fondée en 1584, par le comte Jean
le Vieux. Cette v ille , qui a quelques manufactures,
eft à 3 li. f. o. de Dillenbourg, 4 n, o. de. Solms.
Long. 26 , 10 ; lat. 50, 36.
Les deux Pafor, père 8c fils, naquirent à Her-
fcorn ; le père (Georges), eft-connu par fon LexU
çon novi Teflatnenti , qui eft -toujours d’un ufage
merveilleux, 8c par fon analyfe des mots difficiles
d ’Héfiode , Collegium Hefiodeum ; il mourut en
3637. Le fils (Mathias), fut d'abord profeffeur à
Heidelberg; mais T illy ayant faccagé cette v ille ,
en 1622., il'paffa à Paris, pour s’y perfectionner
fous Gabriel. Sionite, profeffeur au collège royal
en chaldéen & en arabe, homme unique en fon
genre, qui avoit ceffe d’enfeigner , parce qu’il
h ’avoit pas deux écoliers dans tout le royaume ;
Pafor ayant profité de fes leçons particulièr
Tes , vint à Oxford , obtint dans cette v ille , en
11626 , une - chaire en langues orientales , &
trouva des auditeurs. Cependant au bout de quelques
années, il accepta l’emploi de profeffeur en
théologie àG roningye, 8c mourut 0 016 58, âgé
de foixante-quatrç ans, fans avoir rien fait imprimer,
(/J.)
H E R C K , vitye du pays de L iège, près des
frontières du Brabant, fur uneriviere du même
nom. (R .)
H ERCU LANUM, autrement H e r c u l a n e u m ,
H 'R C U L A N i y M , P e r c u l e u m , 8c H e r a c l é e ;
chez les Italiens , E r c q l a n o , ancienne ville
d'Italie dans la Campanie , fur la côte de la
m e r , au pied du Véfuve. Pline , liv. I I I , c. v.
la met entre Naples 8c Pompeii. Paterculus ,
liv. / /, c. v j , ainfi què Florus, liv. I , c. xv j ?
difent qu'elle fut conquife par les Romains durant
les guerres des alliés; Columelle , liv. X ,
pe parle que dç fes faines qu’il nomme falines
g Herculef
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L’affreufe éruption du Véfuve , qui engloutit
cette ville avec d’autres de la Campanie , efi une
époque bien célèbre, dans l’hiftoire : on la date de
la- première année de l’empire de Titus , 8c la 79e,
de l’ère chrétienne.
La defeription de cet évènement a été donnée
par Pline le jeune, témoin oculaire. On fait que
Ion oncle, le natüralifte, y perdit la v ie ; il fe
trouvoit pour lors au cap de Mifène , en qua*
lité de commandant de la flotte .des Romains.
Speéhueur d^un phénomène inoui 8c terrible, il
voulut s’approcher du rivage d’Herculanum , pour
porter, dit M. V en u ti, quelques fecours à tant
de viâimes de ces efforts infenfés de la nature;
la cendre , les flammes 8c les 'pierres calcinées
rempliffoient l’a ir , obfcurciffoient le folefi, dé-»
truifoient pêle-mêle les hommes , les troupeaux,
les pojffons , 8c les oifeaux. La pluie de cendres
8c repouvante, s’étendirent non-feulement jufqu’à
Rome, mais dans l’Afrique, l’Egypte 8c la Syrie,
Enfin les deux villes d’Herçulanum 8c de Pompéii,
périrent aveç leurs habhans, ainfi qu’avec l ’hiftbt
rien natüralifte de l’imivers.
Ce défaftre avoit été précédé d’un furieux tremblement
de terre, arrivé feize ans auparavant,
l’an 63 de Jéfus-Chrift , ldus le confulat de Régu-
lus 8c de Virginius ; 8c mçme alors , félon plufieurs
auteurs, la plus grande partie d’Herculanum fut
abîmée.
Quoi qu’il en foit ? cette ville voifine de la mer,
fituée à fix milles environ de Naples, fut enfeve-?
lie fous les ççndrçs & les laves du V é fu v e , vers
l’efpace qui eft entre la maifon royale de Portici,
8c le village de Rétine; fon port n’étoit pas loin
du mont Véfuve. A fept milles au midi du mont
Véfiive, à une demi-lieue du village de Torre
Dell* annunçiaia, 8c près du fleuve Sarno, l’an*
çienne ville de Pompeia, aujourd’hui retrouvée,
avoit également cüfparu , abîmée fous les cendres
du volcan.
L’époque de la fondation d’Herculanum eft inconnue
; l’on conjeâure feulement du récit de
Denis d’H alycarnaffe, que cette fondation peut’
être placée foixante ans avant la guerre de T ro ie ,
8c par conféqtient 1342 ans avant Jéfus-Chrift. I f
fuivroit de-là qu’Herçulanum auroit fubfifté plus
de 14QO ans.
L’0/1 parle toujours avec admiration de la découverte
d’Herculanum. Tous ceux qui cultivent
les lettres , 8c les arts , y font intéreffes: une ville
célèbre engloutie depuis plus de tyorr ans, 8c
rendue en quelque façon à la lumière, a fans
doute de quoi réveiller la plus grande indiffé-r
rence ; une ville fur-tout pleine d’embelliffemens ,
de théâtres, cle temples' de peintures , de ftatues'
çoloffales 8c équeftres, de bronze, 8ç de marbre ?
enfouis dans le fçin de la terre.
Polybe , en parlant de Capoue,’ de Naples ,<-de
Nola , ne cite point Herculanum ; mais cet hifto-
rien vjypit 150 avant Jéfus-Chrift, & peut-être
a)°f 1
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alors cette ville étoit encore peu connue. Diodore
de Sicile , qui vivoit fous Jules-Céfar 8c fous Au-
gufte , parle dans fon quatrième livre du voyage
d’Hercule ; mais il ne parle point d’Herculanum.
Strabon , qui vivoit du tems d’Augiiftc 8c de T i bère
, eft le plus ancien auteur qui en ait parlé;
c’eft dans le cinquième livre de fa géographie.
Après Naples, dit-il, on trouve Herculanum, dont
l ’extrémité s’avance dans la mer, 8c dont l’air eft
très-falubre. Cette v ille , aufli bien que Pompeii
qui vient après, 8c qui eft arroféepar le fleuve
Sarno, fut habitée autrefois par les Ofques 8c les
Etrufques, les Grecs, 8c enfuite par les Samni-
tes , qui en ont été chaffés à leur tour.
Denis d’Halicarnaffe , qui vivoit aufli fous Au-
gufte, raconte, dans le premier litrie de fes antiquités
romaines, l’arrivée d’Hercule en Italie. Il re-
venoit d’Efpagne où il avoit défait le tyran Gé-
rion ; il avoit détruit les brigands qui infeftoient
l’Efpagne 8c les Gaules ; il avoit policé les nations
fauvages qui habitoient ces p a y s , 8c s’étoit ouvert
par les Alpes un chemin que perfonne n’avoit encore
tenté ; enfin, ajoute-t-il, Hercule ayant réglé
les affaires d’Italie à fon g ré , 8c fon armée navale
étant arrivée d’Efpagne aux bords du Sarno, il fa-
Çrifia aux dieux la dixième partie des richeffes qu’il
rapportoit ; 8c pour donner à fa flotte un lieu de
relâche , il forma une petite ville de fon nom, qui
eft encore habitée par les Romains ; elle eft fituée
entre Pompeii 8c N aples, 8c fon port en tout tems
eft un lieu de fureté.
Les Ofques, les Cuméens, lesTyrrhéniens 8c
les Samnites occupèrent fucceffivement cette côte.
Les Romains $’y établirent 293 ans avant Jéfus-
Chrift , 8c occupèrent fpéçialement Herculanum.
Cette V ille , 100 ans avant Jéfus-Chrift, étant entrée
djns la guerre fociale ou marfique , contre
les Romains , fut reprife par le proconful T. Di-
dius. Letrifaïeül de lmftorien Velleius Paterculus
'çommandoit une légion qu’il avoit levée à fes dépens
, 8c contribua beaucoup à la prife de cette
ville.
Quelque tems après , Herculanum fut faite colonie
romaine ; on voit ce titre dans une infeription
qu’elle avoit confacrée à L. Munatius Conceffànus,
fon proteâeur, 8c qui fut trouvée anciennement
auprès de Torre-del-Greco; elle eft à Naples chez
les pèr£s de S. Antoine.
Cette ville devint riche 8c confidérable ? à en
juger par les reftes qu’on a découverts ; elle eft citée
dans Pline & dans Florus parmi les villes principales
de la Campanie. Dans le tems où toute
la cote délicieufe du golfe de Naples étoit' couverte
par les maifons des plus riches Romains,
îl ne pouvoit manquer d’y en avoir près d’Herculanum.
Les lettres de Cicéron parlent de celle qu’y
^voient les Fabius, 8c que deux frères poffédoient
par indivis. Sénèque parle d’une maifon de Cali-
gula, que çet empereur fit détruire, parce que fa
inère y avoit été détenue prifonnière du tçms de
Çrcographie, Lomé I, Partie II,
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Tibère ; elle é toit, dit-il , d’une fi grande beauté,
qu’elle attiroit les regards de tous ceux qui paf-,
loient le long de la cote.
La defeription que fait Stacé d’une maifon fituée
à Sorrento, c’eft-à-dire , fur la même côte 8c à fix
lieiies d'Herfculanum, peut faire juger de la magnificence
8c de la richefïe qui brilloient dans ces maifons
de plaifance ; les figures antiques de bronze 8c
de métal de Corinthe aufli èftimé que l’o r , les portraits
des généraux, des poètes , des philosophes,
les chefs - d’oeuvres d’Apeiles, de Policlete, de
Phydias ; tous les genres de beautés y étoient accumulés.
On ne doit pas être, étonné de retrouver
dans les ruines d’Herculanum des figures de la plus,
grande perfeéfion :
Quid référant veteres ceree. eerlfque figuras,
S i quid Apellau gaudent anitnaffe colores ,
Si quid adhuc, vacuâ tamen , admirabile Pifâ
Phidiacoe rafere manus ; quod ab arle Myronis ,
A ut Polycletezo quod jujfum efi vivere ccelo,
Æraque ab lflhmiacis auro potiora favillis ,
Ora ducurn & vatum, fapientumque ora priorumi
Statius.
Martial 8c Stace mettent Herculanum au nombre
des villes abîmées par les éruptions du 'Véfuve ;
mais Dion Caffius, qui vivoit l’an 230 de Jéfus-
Chrift , 8c qui a compofé une hiftoire romaine, eft:
le premier hiftorien qui le dife formellement en
décrivant l’éruption de l’an 79. « Une quantité in-
» croyable de cendres emportées par le vent, rem-
» plit l’a ir, la terre & la mer, étouffa les hommes,'
» les troupeaux, les pojflons 8c les oifeaux , 8c en-
» gloutit deux villes entières,Herculanum Sc Pom-
» peii, dans le tçms même que le peuple étoit aflis
» au fpeéîaclé. Cependant Florus, vers la n ioo^de
Jéfus-Chrift, parloit encore d’Herçulanum, qu’on
î croit avoir été engloutie dès l’an 79.
Quoi qu’il en foit de la date de ce terrible
évènement, on ne peut pas douter que la v ille
d’Herculanum n’ait été enfevelie fous les cendres
ou laves fablonneufes du Véfuve ; on trouve
fes bâtimens à foixante - huit pieds fous terre
dans l’endroit où eft le théâtre, 8c à cent un
pieds fous terre, du côté de la mer 8c du château
du roi. Le maffif dont elle eft recouverte eft une
cendre fine , grife, brillante, q u i, mêlée avec de
l’eau a fait un compofé que l’on brife quoique
aveç peine, & qui tombe en pouflière; il y a des
endroits où elle fe détache d’elle-même 8c s’ébou-
leroit fort promptement, fi on ne la foutenoit par
des planches 8c des étais ; en regardant cette pouf-
fière au nfiçrofcope, on y voit des parties noires
8c bitumineufes, des parties vitrifiées, d’autres
minérales 8c métalliques , 8c on y trouve une
qualité faline, un peu alumineufe, ce qui prouve,'
comme nous l’avons dit en parlant du Véfuve i
que c’çft une matière de même nature que la lave
en rnafle dont nous rapporterons bientôt l’analyfe ;
elle ne donne cependant pas une odeur de foufr§ $ b b b b