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tianifine, lui $c fon peuple, 8c pouffa les bornes
de cet état naiffant prefqu’au terme où elles le font
aujourd’hui. Charlemagne, le deuxième roi de la
fécondé race, les avoit reculées bien avant en
Efpagne, en Italie 8c en Allemagne : il fut couronne
empereur d’occident, en 800 , 8c rétablit ce
titre que ceux de fes defcendans , qui régnèrent
en Allemagne, y ont porté.
Dans les deux premières races des rois de France
, on n’avoit pas toujours égard aux droits d’aî-
neffe pour la fucceffion à la couronne ; mais on
ne voit pas. un feul exemple que les filles aient
jamais été admifes à fùccéder au trône, ce que
l’on exprime en difant que le royaume de France
ne tombe point en quenouille. On croit que l ’ex-
clufion des filles efl fondée fur ce que, dans les
premiers tems de la monarchie , la couronne même
comme les fiefs , étoit donnée à charge de fervice
militaire.
Les meilleures cartes qui aient été publiées de
la France, font celles de G . de Lille, de M; Dan-
vilie , de R. J. Julien, en .vingt - quatre petites
feuilles „ & l’atlas de la France en cent foixante-
quinze grandes feuilles q u i, lorfqu’il fera achevé,
l ’emportera de beaucoup fur tout ce qu’on a eu
de la France jufqu'ici. Il en exifle déjà cent cinquante
feuilles, & des vingt-ci nq_çartes à fournir,
il y en a plus de quatorze de levées. Cet ouvrage
s’exécute fous les aufpices du .„gouvernement i
qui procure différens feceurs à la fociété , aux
frais 8c fous la direâion de laquelle il a été entrepris.
Les montagnes les plus remarquables de la France
fon t, les Alpes, qui la féparent de l ’Italie ; les
Pyrénées , qui la terminent du côté de l’Efpagne ;
les Cevènes en Languedoc ; les montagnes d’Auvergne
; le mont-Jura, entre la Franche-Comté &
la Suiffe , 8c les Vo fge s , entre l’Alface 8c la Lorraine.
Il s’y trouve quatre grands fleuves , dont nous
parlerons à leur article ; le Rhône, la Garonne, la
Loire 8c la Seine. On rencontre des eaux minérales
dans -beaucoup de fes provinces.
Le premier ordre de chevalerie du royaume, eu
égard-aux diflinélions, efl l’ordre du Saint-Efprit,
infiitué par Henri III en 1578. Le roi en efl le
chef & le grand-maître. L’ordre, par les flatuts,
ne doit être compofé que de cent chevaliers, y
compris quatre cardinaux, quatre prélats, qui, de
même que \es chevaliers laïques, font preuve de
trois générations de nobleffe, & quelques autres.
Les marques de cet ordre font un large ruban bleu
ond é, qui fe porte en écharpe de la droite à la
gauche, & au bout duquel efl attachée une grande
croix d’or à huit pointes , ayant d’un côté une
colombe émaillée en blanc, 8c de l’autre, l’image
de Saint Michel. Les orles en font« émaillés de
blanc, 8c les angles ornés de fîeurs-de-lys d’or.
Indépendamment de cette c roix , les chevaliers
en portent une autre d’argent, eoufue ou brodée
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fur lé côté gauche de leur habit du de leur manteau
, 8c fur laquelle efl aufîi une colombe d’argent
en broderie.
L’ordre de Saint-Michel fut fondé en 1469, par
Louis X I , & renouvelle par Louis X I V , en 1665.
Au collier de l’ordre efl attachée une médaille qui
repréfente un rocher , fur lequel efl l'archange
Saint Michel, qui combat le dragon. Les chevaliers
portent un large ruban noir ondé, pafféen écharpe.
L’ordre de Saint Louis fut établi en 1693 , par
Louis XIV-, en faveur des officiers catholiques qui
auroient fervi avec diflinélion, La croix en efl d’or,'
à huit pointes, émaillée de-blanc, 8c cantonnée de
fleurs de-lys d’or. D ’un côté efl la figure de Saint
Louis, cuiraffé , revêtu du manteau roy al, avec
cette infcription en lettres d’or, Lud. magn. injlit.
1693 ; au revers efl une épée nue , fou tenant de
fa pointe une couronne de lauriers, avec la légende
, bellic. vïrtutïs prcem. Les chevaliers la portent
à la boutonnière de l’habit, attachée à un petit
ruban couleur de feu.
Le confeil d’état du roi efl compofé du roi, de
M. le dauphin , quand il efl en âge d’y afliflér, de
fix miniflres 8c fecrétaires d’état, 8c du contrôleur-
général des finances. Ses féances fe tiennent le dimanche
& le mercredi. Le confeil des dépêches efl
compofé du ro i, du dauphin , du chancelier, du
garde des fceaux, des miniflres 8c fecrétaires d’état
, du contrôleur-général des finances, 8c de deux
confeillers d’état ordinaires 8c au confeil des dépêches.
Il s’affemble le famedi, ainfi que le confeil
royal des finances , compofé du ro i, du dauphin, du
chancelier, du garde des fceaux , de deux confeillers
d’état ordinaires 8c au confeil royal , inten-
dans des finances, 8c du. contrôleur - général. Le
confeil royal de commerce s’affemble tous les quinze
jours. Le confeil d’état privé, ou des parties, fe tient
dans la falle du confeil, par le chancelier, aux
jours qu’il lui plaît. C e tribunal efl compofé du
roi , qui y affine rarement , du chancelier , du
garde des fceaux, des fecrétaires d’état, d’environ
vingt confeillers d’état ordinaires ,.du contrôleur-
général, des intendans des finances , 8c de douze
. confeillers d’état, qui fervent par femeflre. Il y
a encore vingt-deux maîtres des requêtes, cenfés
du corps dit parlement, qui entrent par quartier
dans ce confeil, où ils rapportent les affaires dont
ils font chargés. Leur nombre monte aujourd’hui
à quatre - vingt-huit. Legrand confeil, réduit en
forme de cour fuprême ordinaire par Charles V I I I ,
en 1492, a reçu dans ces derniers tems une nouvelle
forme. Cette compagnie fouveraine, unique dans
la monarchie , exerce fa jurifdiâion dans toute
l’étendue du royaume. Le chancelier de France en
efl le feul chef 8c premier préfident né : mais il
n’y afîifle que rarement ; de - là vient qu’il y a
un autre premier préfident commis par lettres - patentes
du roi.* Les autres membres de cette compagnie
font quatre jpréfidens, fervans par quartier
, .vingt-deux à vingt - trois confeillers par fc,
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uri procureur-général, âfôcflté-généraux
, un greffier en chef, grand nombre d autres
officiers. i .
Sous les rois de la première la fécondé
fa ce , le titre de parlement étoit affecfe a lauem-
blée générale des prélats , ducs.,' comtes, 8c autres
grands du royaume. C ’étoit une efpece de dicte
qui régloit les affaires majeures de letat, ec que
le roi convoquoit, tantôt dans une v ille , tantôt
dans une autre. Les affaires particulières étoient jugées
par un confeil choifi par le roi 8c qui fuivoit
par-tout fà perfonne : mais comme il étoit anffi
difpendieux qu’incommode aux fujets , de venir
du fond des provinces du royaume à la cour, pour
la décifion de leurs procès, Philippe-le-Bel, vers
l ’an 1302, rendit ce confeil, avec titre de parlement
, fédentaire à Paris , 8c créa en plufieurs
autres lieux du royaume d autres tribunaux fupe-
rieurs, à l’inflar de celui de Paris. Le nombre en
fut augmenté par fes fuccefîeurs, 8c ces compagnies
eurent aufîi le nom de parlement. Ils font
aujourd’hui au nombre de treize ; Paris, Touloufe,
Grenoble, Bordeaux, Dijon , Rouen, A ix , Rennes
, Pau, Metz, D o u a i, Befançon 8c Nanci. Il
y a d’ailleurs un confeil fouverain a Colmar pour
l’Àlface ; un à Perpignan pour le Rouffillon, 8c leur
autorité efl fort voifine de celle des parlemens:
enfin un confeil fupérieur établi à Arras , pour
l ’Artois, mais dont' le pouvoir efl plus limité.
Le parlement de Paris a l e titre de cour des
pairs : les pairs y ont féance , 8c doivent y être
nigés.
La direélion générale des revenus du ro i, 8c le
droit de connoître en dernier reffort de tout ce qui
les concerne, font attribués à la chambre des
comptes 8c aux cours des aides. Les chambres des
comptes font au nombre de onze dans le royaume ;
mais plufieurs fe trouvent unies à des parlemens,
ou autres cours fouveraines. Les cours des aides
font des jurifdiélions fupérieures établies pour juger
des différends furies deniers royaux , à la ré-
ferve du domaine. Il y en a quinze, dont dix font
unies foit aux parlemens, foit aux chambres des
•comptes.
La France entretient, en tems de paix, environ
deux cens mille hommes qui, en tems de guerre ,
peuvent fe porter facilement au double, fi le cas
l ’exige ; 8c fa marine , qui ne date que du cardinal
de Richelieu , s’efl accrue fqus ce règne
à un point formidable. Elle a , en ce moment,
environ quatre-vingt-dix vaiffeaux de guerre dans
les différentes parties du monde.
Des trente-deux grands gôuvernemens qui divi-
fent le royaume, fix font du çôtè de l’orient, VAl-
face , la Lorraine, la Franche-Comté, la Bourgogne
avec la Brefje, le Lyonois, & le Dauphiné ; cinq au
midi, la Provence, le Languedoc , le Rouffillon, le
Comté de F o ix , & le Béarn ; cinq à l’occident, la
Guyenne , la Saintonge avec VAngdumois, le pays
tfAunis, le Poitou? 6* /<? Brftaçne quatre jiu nord ?
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la Normandie , la Picardie , l'Artois , St la Flandre
Françoife; douze dans l’intérieur du royaume, la
Champagne, le Nivernais , le Bourbonnois , l'A uvergne
, le Liviofin, la Marche, le Berri, la Touraine %
l'Anjou, le Maine avec le Perche , VOrlèanois ,8 c
VIfe de France.
Les François font très-laborieux, 8c ils fè font
toujours1 diflingués par leur attachement & leur
fidélité à leurs princes : mais la nature qui fait
briller fur leurs têtes le foléil le plus tempéré 8c
le plus fécond, en même tems qu’elle déploie le
fol le plus riche fous leurs pas , ne les avoit poiiït
deflinés à la privation la plus rigoureufe , 8c à
l’indigence la plus générale ! L’euor de l’agriculture
de de l’induflrie , par des impôts modérés ;
l’effor du crédit, par la nature de l’adminiflration ;
voilà,tout ce qui manque à la puiffance d’un royaume
qui fùrpaffe les autres états de. l ’Europe, pat
les avantages multipliés qu’il tient de fa pofition ,
de fon fo l, & du génie de fes habitans.
La population totale du royaume, qui fe ref- v
fent toujours de la plaie que lui fit la révocation
de l’édit de Nantes, ne s’élève pas aujourd’hui
au - deffus de vingt millions d’habitans.
Les Gaules, ou l’ancienne Gaule, a été une de»
plus célèbres régions de l’Europe.
Ce n’étoit pas une monarchie particulière ; elle
étoit poffédée par un grand nombre de peuples in-
dépendans les uns des autres. Elle renfèrmoit le
royaume de France, tel qu’il efl aujourd’h u i, la
Savoie, la Suiffe , une partie du pays des Grifons,
8c toute la partie de l’Allemagne 8ç des Pays-Bas
qui font au couchant du Rhin.
C ’étoit-là la vraie Gaule ; mais les Gaulois ayant
paffé les Alpes , 8c conquis une partie de l’Italie,
ils donnèrent le nom de Gaule à leurs conquêtes ,
ce qui fit naître la divifion de la Gaule en Gaule
cifalpine ou citérieure, 8c en tranfalpiné 8c ultérieure
, dont la première fut encore fubcliv.ifée en
cifpadane 8c en tranfpadane j la tranfalpiné le fut
auffi en Gaule chevelue, ou comata, 8c en Gaule
bracatte ; 8ç après qu’elle eut été conquife par les
Romains, en Gaule narbonnoife , aquitanique ,
lyonoife 8c belgiquë ; ce fut à caufe de ces
différentes divifions qu’on fit de la Gaule , qu’ellç
reçut fort fouvent le nom de Gaules au pluriel.
(TL)
F rance ( île d e ) , province de France, ainfi
nommée, parce qu’elle étoit autrefois comprife entre
la Seine, la Marne, l’O ife , l’Aifne 8c l’Ourque,
Aujourd’hui elle a beaucoup plus d’étendue a depuis
qu’elle s’efl accrue d’une partie des provinces
de Picardie , de Champagne , d’Orléanois , de Perche
8c de Normandie. Elle efl bornée au nord parla
Picardie ?àToripnt, parla Champagne, au midis
par l’Orléanois, à l’occident, par la Normandiç.
plie a trentedniit lieues environ d’orient en occident
, 8c autant du feptentrion au midi, C e gouvernement
comprend dix petits pays : l’ Ille de
France 9 proprement dite, qui en occupq le mi-
J. | i i îj.