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beaucoup de vaches, du lait defquelles on fait
ces grands fromages qui prennent leur nom du
lieu , & dont la vente fait la feule richeffe du
canton. Gruyères eft lituée fur la Sana, à 6 li. f. o.
de Fribourg. Long. 24 , 58 ; lat. 4 6 ,35* jke comt^
de Gruyères étoit anciennement un état affez
confidérable : il s’étendoit depuis les frontières du
.Vallais, à la fource de laSane jufqua deux lieues
de Fribourg. Il y avoit des comtes de ce nom, célèbres
dans l’hiftoire de la Suiffe, & qui poffédoient
une quantité d’autres terres , indépendamment de
leur comté. Le premier qu’on connoiffe avec certitude
j eft Guillaume, qui fonda, en 1080, le prieuré
de Rougemont. #Ces comtes étant toujours en
guerre avec leurs voiftns les Bernois , les Fribour-
geois & lesVallaifans; ils tombèrent peu-à-peu en
décadence : le fervice de France acheva^ de les
ruiner. Michel, comte de Gruyères, avoit 5000
Gruyériens à ce fervice. Il ne fut pas paye , fes
dettes s’accumulèrent, & la difculfion de fes biens
fu t arrêtée par les députés des cantons, en 1553.
Les cantons de Berne & de Fribourg achetèrent fes
terres, & les partagèrent entr’eux. Le comte Michel
mourut dans un château de Bourgogne, le
29 mai 1570. Sa femme s’appeloit Madelaine de
Mioland. N’ayant point de poftérité, fa famille fut
éteinte. Michel, comte de Gruyères, paroît avoir
été un feigneur de qualités éminentes, & cherchant
à s’acquérir de la gloire. En_ 1552 & 15 5 3 , il fit
frapper des monnoies en or & en argent, avec
fes armes & fon nom.'Sur ces monnoies, & dans
un aéte de 1 5 5 1 , il fe donne le titre de prince &
comte de Gruyères. Le baillàge aéhiel de Gruyères
eft un démembrement du comté de ce nom. (Æ.)
G R YM B ER G, ou G r im b e r g , village & château
au comté de la Marck, appartenant au comte
de Neffelrode. (/?.)
GRYPHSWALDE. Voyei G r ip sw a ld .
• G U A C A , ' petite province de l’Amérique méridionale
, aux confins du Popayan & de Quito.
C ’eft-là que l’on commence à voir le fameux Chemin
des Incas, pratiqué avec tout le travail & l’in-
duftrie poffibles au travers de plufieurs montagnes
fort hautes, & de lieux auffi déferts que raboteux.
C e chemin eft, comme autrefois, garni par intervalles
de tambos, ou d’hôtelleries, qui fervent
encore aujourd’hui dans le Pérou. Il y a toujours
dans chacune quelques Indiens, avec un commandeur
qu’on nomme Alcade. Sa charge eft, auffi-tôt
qu’un voyageur arrive, de lui donner un Américain,
pour lui fournir de l’eau, du bois , & autres
chofes femblables, dont il peut avoir befoin : il
lui donne en outre deux autres ferviteurs, l’un
pour lui apprêter à manger, & le fécond, pour
avoir foin de fa monture ; ce qui eft exécuté gratuitement
, fidèlement & promptement. Enfin il
donne à ce voyageur des guides quand il part, &
les habitans appèlent cette hofpitalité, un ferviee
perfonnel : il eft grand , noble &’ digne de l’humanité.
Deus eft mortali juyarc mortalem- (R\)
G U A
G UA CO C INGO . Voyei G u a g o c i n g o ?
G U A D A LA JA R A , ou G u a d a l a x a r a , ville
d’Efpagne, dans la nouvelle-Caftille, fur le Hé-
narès, à 5 li. n. e. d’Alcala, 12 de Madrid. On a
raifon de douter que cette ville foit la Caraca de
Ptolomée. En 1460, Henri IV l’honora du nom
de cité, & elle a droit d’afiifter aux états généraux
de Caftille.
C ’eft la patrie de Gômez de Ciudad-Réal ( Al-
varès ) , poëte latin efpagnol, qui fut élevé avec
Charles-Quint, & fe fit de la réputation dans fon
pays par fon poème de la Toifon à!or. Il mourut
lej 14 juillet 1538, âgé de cinquante ans. Long,
1 4 ,5 0 ; lat. 40, 36. (Æ.)
G u a d a l a j a r a , ou G u a d a l a x a r a , audience
ou province de l’Amérique feptentrionale, dans
le Mexique, bornée au levant & au fud par le
Méchoacan, & au couchant par la province de
Xalifco. Au midi de cette province eft le grand
la c , nommé Lac de Chapala, formé par Rio Grande
& par deux autres rivières, & formant à fon tour
le fleuve de Sant-Iago. On ne peut rien ajouter
à la fertilité du p a y s , qui porte en abondance le
mais, le froment & tous les fruits de l’Europe.
L’air y eft tempéré, & l’on y vit long-tems : il
s’y trouve des mines d’argent & de cuivre. Les
naturels du pays aiment la danfe à l’excès. Ils fe
,peignent le corps, & s’ornent de divers plumages.
Guadalajara capitale , Lagos, Léon, & Zamora en
font les villes les plus confidérables. La première a
un évêché fuffragant de Mexico. Nuno de Gufffiàn
la fit bâtir en 1531. C ’eft une ville commerçante &
confidérable. Elle eft à 87 li. o. n. o. de Mexico.
Long. 2 7 1 , 40', lat. 20, 45. (Æ.)
G u a d a l a j a r a d e B u g a , ville de l’Amérique-
méridionale, dans le Popayan, à quinze lieues de
Popayan. (Æ.)
G U A D A L A V IA R , rivière d’Efpagne au royaume
de Valence. Ce nom, qui lui a été donné
par les Maures, fignifie eau pure. Les anciens ont
nommé cette rivière Turia. Elle a fes fources dans
leS montagnes qui féparent la Nouvelle - Caftille
du royaume d’Aragon , dans lequel elle coule
d’occident en orient ; fe courbant vers le fud-
ouéft, elle entre dans le royaume de Va len ce ,
baigne la capitale, au-deflbus de laquelle elle fe
perd dans la Méditerranée. Ses rivages font communément
bordés de faules, de planes, de pins &
d’autres arbres femblables, depuis fa fource jufqu’a
fon embouchure. (R')
G U AD ALENTIN, rivière d’Efpagne, qui a fes
fources dans le royaume de Grenade, & le perd à
Almaçaren dans le golfe de Carthagène. Il arrofe
Guadix & Lorca. (R f
G UADALOUPÈ , aqute Lupioe, ville d’Efpagne
dans l’Eftramadure, avec un célèbre couvent d’Hié-
ronymites, d’une ftruélure magnifique & d une richeffe
immenfe ; ils font au nombre de cent - vingt,
& ont vingt-huit mille ducats de revenu pour leur
entretien, La ville eft fur le ruilfeau de meme
G U A
ttom ,à 11 li. deTruxillo. Long. 13 , i f 9 lat» 3 9 »
15. {R.)
G u a d a l o u p e ( l a ) , ou G u a d e l o u p e , île de
l ’Amérique , l’une des Antilles françoifes , entre
r île Saint - Domingue au fud, Marie-Galande au
fud-eft, la Defirade à l’eft, & l’île de Montferrat au
nord. Sa plus grande largeur eft d’environ dix
lieues, & fon circuit de foixante. Elle eft fertile,
peuplée & défendue par quelques forts. Elle fut
conquife fur les Efpagnols par les François, qui en
font les maîtres depuis 163 5 > *es matelots la nomment
par corruption la Gardeloupe. Elle eft divifée
en deux parties par un petit bras de mer. La partie
orientale s’appelle la grande terre ; la partie occidentale
, qui eft proprement la Guadeloupe, fe
nomme Baffe-terre , ou Cabes-terre. Long, luivant
Harris, 319, 5 1 , 5 5, & fuivant Varin & Des-
liayes , 3 1 5 , 1 8 , 15 ; lat. 1 4 , o , o. Sa forme eft
irrégulière. Le petit bras de mer qui la coupe n’a
pas plus de deux lieues de long fur une de largeur.
C e canal, connu fous le nom de rivière falée,
eft navigable, mais ne peut porter que des barques
de cinquante tonneaux.
La partie de l î le , qui donne fon nom à la colonie
entière, eft hériffée , dans fon centre , de rochers
affreux, où il règne un froid continuel, qui
n’y laiffe croître que des fougères. Au fommet
de ces rochers, s’élève à perte - de - v u e , dans la
moyenne région de l’air, une montagne appelée la
Souphrière ; elle exhale, par une ouverture, une
épaiffe & noire fumée, entremêlée d’étincelles vifi-
bles pendant la nuit. De toutes les hauteurs, coulent
des fources innombrables, qui vont porter la
fertilité dans les plaines qu’elles arrofent, & tempérer
l’air brûlant du climat par la fraîcheur d’une
boiffon fi renommée, que les galions avoien* ordre
autrefois de renouveller leurs provifions de cette
eau pure & falubre.
Aucune nation Européenne n’avoit occupé cette
île ,lorfque cent cinquanté-quatre François, conduits
par deux gentilshommes nommés Lolive &
DupleJJis, y arrivèrent de Dieppe, le 28 juin 163 5 :
mais le manque de provifions les ayant obligés
d’attaquer les fauvages, ceux-ci brûlèrent les cafés,
percèrent de leurs flèches empoifonnées les François
, & ravagèrent les plantations de leurs injuftes
raviffeurs. Une famine horrible fut la fuite de *ce
genre de guerre.
Le petit nombre d’habitans échappés aux horreurs
qu’ils avoient méritées, fut bientôt grofli par
quelques colons de Saint-Chriftophe, par dés Européens
avides de nouveauté, & par des matelots
dégoûtés de la navigation ; en forte qu’en 1700, la
Guadeloupe avoit déjà 3825 blancs, 325 fauvages,
negres ou mulâtres, & 6725 efclaves. Ses cultures
fe réduifoient à 60 petites lucreries, 66 indigote-
ries. Mais à la fin de 17 5 5 , la colonie fe trouva
peuplée de 9643 blancs, & de41,140 efçlaves; 334
fucreries , 1 1 5 quarrés d’indigo, 46,840 pieds de
p c a o , 11,70© pieds de tabac, 2,257,725 pieds de
G U A 699 caffé, 112,748,447 pieds de coton , formoient la
maffe de fes productions vénales. Pour fes v iv r e s ,
elle cultivoit 29 quarrés de riz ou de maïs, & 1219
de patates & d’ignames , 2,028,520 bananiers ^
32,577,950 foffes de manioc. Ces details font la;
partie de l’hiftoire du nouveau monde, la plus ef-
fentielle pour l’Europe. Caton le cenfeur, les eût
■ écrits, Charlemagne les auroit lus avec avidité. Q u i
peut rougir de s’y arrêter ? Ofons-en pourfuiyre le
cours.
Les troupeaux de la Guadeloupe confiftoient en
4946 chevaux, 1924 mulets, 125 bourriques,
13,716 bêtes à corne, 11,162 moutons ou chèvres,
2444 cochons.
T elle étoit la Guadeloupe, iorfqu’au mois d’avril
17 59 , elle fut conquife par les Anglois, qui la gardèrent
quatre ans : elle fut reftituée, avec fes
dépendances, à fon ancien poffeffeur, en juillet
Ses dépendances font de petites îles qui, com-
prifes dans le diftriél de fon gouvernement, étoient
tombées fous le joug des Anglois. Telles font la
Defirade, les Saintes, Saint - Barthelemi, Marier
Galande. (R .)
G U A D A LQ U IV IR (le ) , Boetis, grand fleuve
d’Efpagne , dans la Nouvelle - Caftille & l’A n-
daloufie; il prend fa fource dans la Manche, ou
plutôt, il tire fon origine du mont Sierra-Ségura ;
reçoit dans fon cours le. Guadarmena, le Gua-
diamar,le Marbella, le Xénil ; paffe à Cordoue»
à Séville ; forme quelques île s , & va fe perdre dans
lé golfe de Cadix, à Saint-Lucar dè Baraméda. Il
eft large d’une lieue à fon embouchure, & la marée
y monte jufqu’à Séville. Les Efpagnols attribuent
à fes eaux la propriété de teindre en rouge la laine
des brebis, c’eft-à-dire, quelles peuvent faciliter
cette teinture.
Le Guadalquivir, mot arabe, qui fignifie le grand
fleuve, eft le Boetis des anciens $ le tems qui détruit
toutes chofes, y a fait des changemens coiifidéra-
bles j il a fermé fa branche orientale. Ceux qui fa-
vent les révolutions que des tremblemens de terre,
& autres accidens, ont produits fur d’autres fleuves
, ne s’étonneront pas de celles qui font arrivées
au Guadalquivir. (/?.)
G U A D A R AM A , petite ville d’Efpagne, dans
la vieille Caftille. Elle eft fur le Guadaran, 10
li. n. o. de Madrid, 6 f. de Ségovie. Elle fait un débit
confidérable de fes fromages. Long. 1 3 , 53 ; lat.
40 ,3 3 . (« 0 „ ,
G U ADE L , ville de Perfe , dans la province
de Mekran, fur la côté orientale, avec un affez bon
port. Long. 8 0 ,30 ; lat. 2 5. (R.')
GUADELOUPE , ou G u a d a l o u p e . Voye^
fous ce dernier mot.
G U AD IAN A ( l e ) , Anas9 au génitif Anæ; rivière
d’Efpagne, qui prend fa fource dans la Nouvelle
Caftille , proche de Canamayez ; elle femble
d’abord fe cacher fous terre, renaît enfuite par des
ouvertures que l’on appelle los ojos de Guadiana ;
T 1 1 1 - i j