
174 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
A n. 8 1 ma maladie. Enluite j ’ai appris que les ennemis
de la vérité vouloient ou rhe dépofer,ou m’ôter la
vie. Pour éviter donc quelque malheur, dont le
péché retomberait iur vôtre majefté , je cede
malgré moi à la neceifité de quitter mon fiége,
& je recevrai avec aétionde grâce ce que Dieu
permettra qu’il m’arrive.
L empereur ayant reçu cette lettre avec un
iouris malin , commanda au patrice Thomas de
prendre une troupe de Toldats, & de faire enlev
e r le patriarche au milieu de la nuit. L heure
venue , comme les ioldats entroient, le patriarche
demanda de la lumière, fe leva de fon lit,
& fe fuifant foutenir, il prit à fa main une enceq-
foir 8c éclairé de deux flambeaux , il entra dans
leg life . La profterné à terre il recommanda à
Dieu ce faint lieu, pour n’être point profané, 8c
prit congé de fon fiege 8c de C.P. enfuite il le mit
dans une chaife 8c on l’emporta à la citadelle, où
1 ayant mis dans une barque , on le fit pafler à
Chryfopolis ; 8c on l’envoya au monaftere d’A-
gathus, c cft-a-dire du Bon, qu’il avoir fait bâtir.
Mais peu après on le transfera plus loin, au monaftere
de faint Théodore qu'il avoir auïfi fondé,
xvi. Lelendemain del’enlevement du patriarche
trTarchc.°rcpa' l’empereur ayant affemblé le peuple dès le matin*
¿tf.Ttnfi. croire qu’iUavoit abandonné fon églife ; 8c
s’étoit retiré de lui-même. Il vouloir mettxe â fa
place Jean Leconomante , comme il lui avpit
promis : mais les patrices s’y oppoferent endi-
iantc C ’eft un jeune homme obfcur, 8c il ne
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convient pasi des vieillards comme nous,de nous
profterner devant lui. L’empereur choifit donc
Theodote fils du patrice Miche l, qui avoit été
beau- frere de Conftantin Copronyme. Theodote
étoit ecuyer de l’empereur 8c dans fes fentimens}
il n’avoit ni pieté ni fcience des chofes fpirituel-
le s , 8c peu de connóiíTance de l’écriture fainte 5
mais il étoit doux 8c paroifloit allez bon homme.
Dès que le patriarche Nicephore eut été chaiTé,
les ennemis des Images commencèrent à les effacer
, les abbattre, les brûler 8c les profaner en
toutes manieres. Saint Théodore Studite pour
reparer ce fcandale, autant qu’il dépendoit de lui,
ordonna à tous fes moines de prendre à leurs
mains des images, 8c les porter élevées folem-
nellement à la proceffion du dimanche , des R a meaux,
en chantant un hymne qui eommençoit-:
Nous adorons vôtre image très-pure, 8c d’autres
femblables en l’honneur de Jefus Chrift. Ils firent
ainfi le tour du monaftere ; 8c l’empereur en
étant averti, envoya faire défenfe à Théodore de
plus rien faire de pareil, fous peine du fouet 8c
de la more, mais le faint abbé n’ en fut que plus-
hardi âenfeigner la foi catholique, 8càencoura;-
gertous ceux qui le confulcoient, à honorer les
faintes images-.
Le nouveau patriarche Théodore fut ordonné
le jour de Pâques premier d’Avril 81 j. 8c tint le
fiege fix ans. Si> tôt qu’ il eut pris Poflcifion du palais
patriarcal, il commença à tenir une grande
table, où il faifoit manger de la chair auxclercs,
An. 81 j