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534 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
“ " par terre, lui donnèrent quantité de coups de pied An. Sj i . * , 1 c u- i jv t & de poing, Sabigothe lui dit : Levez-vous,
mon frere , marchons. Il répondit, comme s’il
n’eût rien fouffert. Ma foeur , c’eft autant de gagné,
On le releva demi mort , Si onle mena devant
,1e cadi avec les autres.
D ’abord le cadi leur demanda doucement ,
pourquoi iis quittoient leur religion & couroient
a la mor t , leur faifanr de belles promeffes : mais
comme ils déclarèrent leur attachement à la,religion
Chrétienne , & leur mépris pour celle de
Mahomet., il les.envoïa en prifon chargez de
chaînes, Si ils y ‘demeurèrent cinq jours, qui leur
v parurent fort lon gs , par l’impatience de mourir
pour Jefus-Chrift. Comme on les en tira , pour
les remener devant les Juges , Sabigothe encou-
rageoit fon mari. .Aprèsle fécond interrogatoire
on les condamna à mort ¡excepté le moine George
, à qui l’on permit de le retirer : parce que les
juges ne lui avoient rien oiii dire contre leur prophète.
Alors craignant d’être féparé des martyrs
, il déclara quil tenoit Mahomet pour difci-
ple de Satan, miniftre de l’Antechtift Si caufe de
la damnation de fes feétateurs, Il fut donc con-
Martyr. R. xy. damné avec les autres. Félix fut exécuté le pre-
mier , puis George , Liliofe , Aurehus & Sabigo-,
the , tous le vingt-jeptiéme de Juillet, Ere 890.
qui eft l’an de graçe 854. Leglife Romaine honore
leur mémoire le même jour. Les Chrétiens
enlevèrent leurs corps à la d é r o b é e S i les ençer-
rerenten divers lieux. George Si Aurehus au mo-
L i v r e q u a r a n t ê - n e u v i e ’ m k . 535
naftere de Pillemclar, Félix à faint Chriftofle au —.
de-là du fleuve Betis, Sabigothe à l’églife des trois A n . ' 851;
faims, Faulle, Janvier Si Martial : Liliofe à faint
Gcnés. . '
Le vingtiéme d’Août fui vant, deux jeunes moi- ni.
nés , Chriftofle Si Levigilde , fouffrirent aufli le AutKS
martyre. Chriftofle étoit de Cordouë, difciple c. n. -
du prêtre Euloge, moine de faint Martin de Royan
dans la montagne. Levigilde étoit d’El vire, moine
de faint Jufte Si faint Pafteur dans la même montagne
de Cordouë. Ils vinrent l’un après l’autre fe
prefenter au cadi , Si faire leur profeflïon de foi ;
mais ils furent exccutez enfemble, Si on enterra
à faint Zoïle les reftes de leurs corps brûlez. Peu
de temps après fouffrirent deux jeunes hommes c- j*ï
d’une famille illuftre de Cordouë, nommez Emila
Si Jeremie qui enfeignoient les lettres dans l’é-
glife de faint Cyprien : l’un étoit diacre, l’autre
laïque Comme ils fçavoient fort bien I’A*
rabe , Emila parla fi fortement contre Mahomet
Si lui dit tant d’injures ; qtie tout ce que les autres
martyrs avoient dit métoit rien en compa-
•raifon. Ils furent exécutez le quinzième de Septembre.
Le lendemain furent martyrifez deux moines,
tous deux eunuques, l’un fort â g é , nommé Ro-
ge l, n atifd’Elvire , l’autre jeune, nommé Ser-
viodeo , qui étoit venu d’Orient depuis quelques
années. Ils fe joignirent eniemble, avec promef-
fe de ne fe point quitter, qu’ils n’euffent obtenu
le martyre. Ils entrèrent donc dans la mofquée