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que non-feulement ils ne fouffroient pas qu’aucun
parlât contre leur prophète , mais ils en obligeoient
plufieurs, par la crainte, àembraffer leur religion.
Entre ces apoftats on remarque le cateb ou écrivain
, qui l’année précédente s’étoit déclaré contre
les martyrs. Ce toit lefeul de tous les chrétiens qui
fût demeuré dans le palais, à caufe qu’il parloit
Arabe très- élégamment ; mais quelques mois après
il fut chaiTé comme les autres , 8c privé de fa
charge. Ne pouvant fouffrir la perte de fa fortune,
il fe fit Mufulman , & commença à fréquenter la
mofquée, bien plus affiduement qu’il n’alloit à l’é-
glife étant chrétien. Alors on lui rendit fa charge
& fon logement au palais, pour fervir d’exemple
à en pervertir d’autres. -
Cependant le roi commanda d’abattre toutes
les églifes bâties de nouveau -, 8c tout ce que l’on
avoir ajouté aux anciennes, depuis la domination
des Arabes. Il vouloit chaiTer de fon roïaume
tous les chrétiens & les Juifs , 8c n’y fouffrir
d’autre religion que la fienne : mais les révoltes
qui s’élevèrent au commencement de fon regne,
l’empêcherent d’executer ce deffein, 8c il eut au
contraire la douleur de voir plufieurs Mufulmans
fe faire chrétiens, 8c méprifer la mort, fans compter
ceux que la crainte tenoit cachez. Comme la
révolte avoit diminué fes revenus , il furchar-
geoit les chrétiens pour y fuppléer ; 8c de faux
freres entreprenoient le recouvrement de ces exactions.
Les principaux des Mufulmans voïant les
chrétiens ainfi abattus , leur difoient : Qu’eff
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’m e . j j j »
devenu votre courage 8c votre ardeur pour le ■--------------.
combat,'? Ceux qui s’empreffoient tant à attaquer A N. 8 5 3 .
nôtre prophète , ont été punis comme ils meri-
toient : qu’ils y viennent maintenant , fi c’eft
Dieu qui les pouffe. Alors un jeune moine nommé
Fandila , aimable 8c par fa bonne mine 8c par c-7'
fa vertu , fe préfenta le premier au martyre. Il
étoit de la ville d’Acci , aujourd’hui Guadix -, 8c
étant venu étudier à Cordouë , il embraffa la vie
monaftique , & le retira à Tabane , fous la conduite
de l’abbé Martin. Après qu’il y eut vécu
quelques temps, les moines de Pegna-Mellar le
demandèrent à fon abbé ; & malgré lui le firent
ordonner prêtre pour gouverner la doublecom-
munauté d’hommes & de femmes de ce lieu-là.
Etant abbé il redoubla fes jeunes , fes veilles 8C
fes, prières. Un jour donc il vint à Cordouë fe
prefenter hardiment au cad i, lui prêcher l’évang
ile , 8c lui reprocher les impuretez: de fa feéte.
Le cadi l’ai'ant mis en prifon 8c chargé de chaînes,
en rendit auffi-tôt compte au roi : qui entra en
grande colere , admirant cette hardieffe 8c ce
mépris de fa puiffance. Il ordonna d’arrêter l’é-»
vêque de. Cordouë :: mais il-¡s’étoit fauvé par fa
fuite. Le roi avoit auffi donné un ordre général
de faire, périr tous les chrétiens, 8c vendre leurs
femmes pour les difperfer : mais les grands kû
firent révoquer cet ordre, lui reprefentant qu’il
n’étoit pas jufte de perdre tant de peuple pour la
témérité d’un fe u l, à laquelle aucun des plus fagés
8c des plus confiderables n’avoit pris part. Il fe