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vouloit point fortir de fon monaftere , mais les
moines lui aïant reprefente qu’on l’emmeneroit
de force , il partit accompagné de Ratbert : &
vint en Alface , où l'empereur Louis s’étoit rendu
dès le mois de M a i, ■& où étoient auffi les princes
î fes:enfaris, avec le pape. Les évêques du parti du
pere, écrivirent au pape une lettre , où ils Te plai-
gnoient qu’il fût venu fans être mandé , & l’accu-
ioient d’avoir violé le ferment qu’il avoit fait à
l’empereur. Sur ce que le bruit courut qu’il les
A]inn> menaçoit d’excommunication , ils répondirent,.
qu’il n’avoit aucun pouvoir d’excommunier per-
fonne malgré eux , dans leurs diocefes ,. ni d’y
difpofer de rien ; & qu’il s’en retourneroit excommunié
lui-même, s’il entreprenoit de* les excommunier
, contre les canons. Ils le menaçoient
t ’ même de le dépofer -, 8i le pape en étoit allarmé:
maisVala & Ratbert le' raffurerent, en lui donnant
des paifagesi des peres, pour montrer qu’en
vertu du pouvoir qu’il avoir reçù de Dieu , il
pouvoit aller ou -envoïer à toutes les nations,
pour prêcher la foi & procurer la paix des égliics ;
& qu’il pouvoit juger tous le sau tre s , fans que
■p d a ai ta a Perf ° nne Ie pût juger. Ce fut apparemment par
53. tom. 7> Cons. leur confeil,que le pape écrivit aux évêques du
parti de l’empereur Louis, une lettre où il releve
la puilfance ecclefiaftique au-de/fus de la fécu-
liere foutient qu’en cette occafion ils de*
voient lui obéir plùtôt qu’à l’empereur. Que s’il
lui a fait ferment, il ne peut mieux s’en acquitter
qu’en procurant la paix : quêtant eux-mêmes cou-
L i v r e q u a r a n t e - s e p t ï e ’m e . 3 4 ?
pables dé parjure , ils ne peuvent l’en accufer.
Enfin qu’ils ne peuvent fe féparer de l’églife R o maine
, fans demeurer fchifmatiques. L ’aigreur
qui paroît dans ces lettres n’étoit gueres propre à
réunir les clprits. ' ■■ •. -, jc
L’empereur Loiiis envoïa àfes enfans des députez
, dont le chef étoit Bernard , ou Bernaire
évêque de Vormes. Il demandoit au pape, pourquoi
il tardoit tant à le venir trouver , s’il étoit
dans les mêmes difpofitions que fes prédecef-
feurs i & pour exciter les princes fes enfans a revenir
à lu i , il leur fit donner fix articles , où il
les, exhortoit à fe fouvenir qu’ils étoient fes en-
fans &i fes vaifaux, & lui avoient fait ferment de
fidélité : fe plaignant qu’ils vouloient lui ôter la
qualité de protefteur du faint fiege , & qu’ils re-
tenoient le pape. Il fe plaignoit en particulier de
Lothaire , comme révoltant les autres. Lothaire
répondit à tous ces articles avec beaucoup de ref-
peét & de fourmilion en apparence ; proteftant
qu’il n’en vouloit point à l’empereur fon pere ,
mais au mauvais confeil dont il étoit obfedé, &
n’étoit armé que pour fa sûreté : fuivant le langage
ordinaire des rebelles.
Enfin il envoïa le pape à fon pere , qui ne k
reçut point avec les honneurs ordinaires, fça voir i
des hymnes & des acclamations de louanges, lui
difant : J ’en ufe ainfi , parce que vous n’êtes pas
venu comme vos prédecefleurs vers les nôtres,
quand ils étoient appeliez. Sçachez , dit le pape 3
que je ne fuis venu que pour procurer la paix 3
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