
Mabill.fr&f. n.
Çi. ». i lo . Pafc.
de corp. e. i .
i j : i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
la fubftance ir iv if ib le c ’eft véritablement le corps
& le fang de Jefus-Chrift. Ainfi la première quef-
tion que traite Ratram , n’eft pas de fçavoir , il
PEuchariftie eft figure ou réalité ; mais ii outre
la réalité elle eft encore figure.
La fécondé queftion eft de fçavoir , fi le corps
de Jefus - Chrift dans l’euchariftie eft précifé-
ment le même , qui eft né de la Vierge Marie.
Pafcal l’avoit dit ; fondé fur un paifage de faint
Ambroife : mais cette expreffion avoir paru nouvelle
à Raban & à plufieurs autres fçavans : qui
fondez fur d’autres paffages des peres, vouloient
que l’on diftinguât deux corps de Jefu s-Ch rift,
le naturel & l’euchariftique : c’eft-à-dire , comme
on parleroit aujourd’hui ,, deux maniérés d’être
du même corps : l’une naturelle & fenfjble, l’autre
furnaturelle & myfterieuie : car ils conve-
noient tous également de la réalité. C ’eft donc
en ce fens que Ratram dit : Le corps qu’il a pris
de la Vierge Marie , qui a fouffert, qui a été en-
feveli, qui eft rèiTufdté , étoit un véritable corps :
c’eft-à-dire, yifible & palpable ; au lieu que le
corps qui eft appellé le myftere de D ie u , n’eft
pas corporel , mais fpirituel, & par conféquent
ni vifible ni palpable. Ces deux queflions n’é-
toient donc que fur les expreifions, & non fur le
fond du myftere. Au refte il faut convenir , que
dans le traité de Ratram il y a des maniérés de
parler dures & obfcures, qu’il faut expliquer par
les plus claires : puifque l’auteur a toujours vécu
dans la communion de leglife.
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’m e .
. L ’écrit anonyme que nous avons contre Paf- Lm
cafe Ratbert , combat deux propofitions i . i i z- de fon mc Eccornitt rca "P°akT*
ouvrage : la première que le corps de Jelus-Chrift “ Ce.
dans l’euchariftie foit le même qui eft né de la £!' AS' *'*’
Vierge ; l’autre que Jefus-Chrift fouffre de nouveau,
toutes les fois que l’on célébré la meiTe. On
ne trouve point que Pafcafe eût avancé cette der-
niere propofition : ainfi c’étoit feulement une
conféquence, que l’on tiroit de fa dodlrinc. Cet
écrit commence ainfi : Tout fidele doit croire
& confefler , que le corps &c le fang du Seigneur
eft de vraie chair & de vrai fang : quiconque le
nie , montre qu’il eft infidele ; & un peu après :
J ’ajoute , que comme Jefus-Chrift eft la vérité &
le vrai agneau de Dieu , qui eft immolé myfti-
quement tous les jou rs , pour la vie du monde :
ainfi par la confecration ôc la puiflance du faint
Efprit le pain devient fa vraie chair & le vin fon
vrai fang. Ce qui eft fi certain , qu’aucun Chrétien
n’en peut douter ; & il y a même des gentils
qui le fçavent.'Car autrefois dans le pais d^s Bulgares
, un feigneur païen me pria de boire, pour
l’amour de ce Dieu, qui du vin a fait fon fang.
On juge par4 à que l’auteur écrivoit avant la con- m*hu. p if
verfion des Bulgares , qui arriva comme nous n' i9‘
verrons fous le pape Nicolas I. Il foutient donc
en cet é c r it, que le corps de Jefus-Chrift dans
l’euchariftie eft bien le même , qui eft né de la
Vierge naturellement , mais non pas fpeciale-
ment : c’eft-a-dire, fuivant notre maniéré de parle
r , qu’il eft le même réellement, mais non Îelon
L lll ij