
c 30 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~ demandoient. Le cadi le menaça de le faire motU
N- rir à coups de verges mais Euloge répondit,. que
le glaive étoit un rnoïen plus sur, &c commença à
parler hautement contre leur prophète & leur religion.
On le mena auih-tôt au palais devant le
confeil. Un des confeillers qui le connoiiToit particulièrement
lui dit : Si des ignorans fe précipitent
malheureufement à la more, un homme fça-
vant &c vertueux comme coi ne doit pas imiter leur
folie. Croi-moi,.je te prie : dis feulemenc un mot
à prefent, puifqu’il le fa u t , tu reprendras enfuite
ta religion , & nous promettons de ne te point rechercher.
Euloge lui répondit en fouriant : Ah 1
il tu pouvois connoître les récompenfes qui attendent
ceux qui eonférvent notre f o i , tu renonce-
rois a ta dignité temporelle. Il commença alors à
leur propofer hardiment les veritez de l’évangile :
mais pour ne le pas écouter ils le condamnèrent
auiïhtôt à perdre la tête.
Comme on le menoit au fuppliee , un des eunuques
du roi lui donna un foufflet. Il tendit l’autre
jouë , & en fouffrit patiemment un fécond.1
.Quand il fut arrivé au lieu de l’execution , il pria
à genoux , étendit les mains au c ie l, fit le figne
de la croix fur tout fon corps & prefenta fa tête,
qui fut promptement coupée. C ’étoit à l’heure de.
none , ou trois heures après midi, le famedi onzième
jour de Mars 859. Il fut enterré à S. Zoïle.
Leocritie fut aufii décolée quatre jours après, &
É i i l m & jettée dans le fleuve Eetis : mais elle en fut tirée
I f . M a rt. r ‘ \ c • / • / • r & enterree a laint Genes de Tertios. L ’eglife ho-
L i v r e q u a r a n t ë -n e u v i e ’m e . 631
nore l’un & l’autre le jour de leur martyre. La v i e ——-
de faint Euloge a été écrite par Alvar fon ami ; & A N. 8355.
depuis il nous refte peu de monumens d e l’églife
d’Efpagne fous la domination des Mufulmans. .
En France comme les pillages continuoient, XLI1'-r,.
. . , M H H r J I -1 Lettres d Hinc- prmcipalement a loccaiion de la guerre civile err- mat contre íes piltre
les deux freres Loiiis & Châties : Hincmar l a ] 7.
archevêque de Reims adrefla à fes curez un man- *• 1‘*8,
dement pendant le carême de cette année 8y>.
avec ordre de le publier. Et parce , d i t - i l , que
ces pillards ne viennent à l’églife que par couru-
me , & ne demeurent à la meiTe que jufques à
l’évangile , lifez cet avertiflement auifi-tôt après,
l’épitre. Hincmar y exhorte ceux qui fe rencontrent
dans fon diocefe , à s’abftenir des pillages,
des violemens & des autres crimes qui fe commet-
toient impunément , rapportant les paflages de
l’écriture , pour montrer qu’ils méritent l’enfer.
Renoncez-y , dit-il, principalement en ce temps,
où vous devez fatisfaire à Dieu pour les fautes de
toute l’année : afin de recevoir la communion au
jour de notre rédemption : & ne vous en pas approcher
comme Judas, pour votre perte. Et ne
dites pas : Si le péril de communier indignement
eft fi grand , comme nous dit cet évêque, nous
nous abftiendrons de communier, plutôt que de
changer de vie. Car le Seigneur a dit de la. communion
, comme du baptême., que l’on ne peut
être fauvé fans la recevoir. Ainfi il ne refte ancre J°*n- » f iSf'
parti à prendre , pour quiconque fe. veut fauver. :- 4’
que de renoncer au. peché par une fineere peniten-
H h h h iij