
AN . 8j 8.
XLI.
Reliques de
Cordouë à Paris,
Ann. Bertin
85.8. Tranjl. to.
6. AU. B. 4?«
Tranfl. S, Vtnc.
to. 5* -rfàf*p. H 6'
616 H i s t o i r e E c c t . e s i a t i q j î e ;
de félons & de perfonnes viles. Songez que Jefus-
Chrift, qui feul eft roi & prêtre, a partagé le gouvernement
de fon églife entre l’autorité pontificale
&¿ la puiifance roíale ; ô£ n’a pas choifi pour la
première fies riches &c des nobles, mais des pauvres
& des pécheurs. Nôtre nobleffe eft d’être les
fucceffeurs des Apôtres. Cependant nous ferons,
comme vous l’avez ordonné , des jeûnes, des prières
& des proceffions, pour demander à Dieu qu’il
appaife cette;tempête. On croit Hincmar auteur
de cette lettre.
Vers le même temps les reliques de quelques
martyrs de Cordouë furent apportées à Paris. On
eut avis au monatlere de faint Germain de Prez ,
que le corps de faint Vincent fon premier patron
, pourrait être facilement apporté de Valence
en Efpagne, à caufe du trifte état où cette ville
avoit été réduite par les Sarrafins. Deux moines
de la maifon, Ufuard & Odilard entreprirent le
voïage , par la permiffion de leur abbé Hilduin
II. &i du roi Charles le Chauve : mais étant à
Ufés ils apprirent que le corps de faint Vincent
n’étoit plus à Valence. En effet il en avoit été enlevé
dès l’an 8jy. par Audalde moine de Conques
au diocefe de Rodes : mais en revenant il paiTa
par Sarragoce , où l’évêque Senior averti que ce
moine portoit des reliques, les lui ôta &c les fit
enterrer dans fa cathédrale. Toutefois il ne put
fçavoir de quel faint elles étoient, quoiqu’il prefi
fat le moine Audalde , même par les tour-
mens, de le déclarer ; car il le trompa en difant
que
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’m e . 6 1 7
que c’étoit de faint Marin martyr. Audalde étant
de retour à Conques fans reliques, fut traité de A
moine vagabond, & fe retira" au monaftere de faint
, O ' .
Bcnoift de Caftres, qui en eft à prefent la cathédrale
, où il fut bien reçu par l’abbé Giflebert. Il
lui découvrit fon avanture ; mais enfin par l’entre-
mife de Salomon comte de Cerdaignè , il obligea
l’évêque de Sarragoce à rendre le corps de S. V incent
, qui fut apporté à CafttîS vers l'an 864.
Cependant les deux moines de faint Germain
furent trompez comme les autres, par le faux nom.
de faint Marin : & on leur difoit que faint V in cent
avoit été porté de Valence à Benevent. De-
fefperant donc d’avoir les reliques de leur faint
patron , ils refolurent d’en apporter d’autres, pour
ne pas perdre leur voïage ; & s’adrefferent à Su-
nifred, qui étoit à Barcelone le premier après le
comte. Il leur parla de la perfecution qui venoit
d’être exercée à Cordouë , fous le roi Abderame,
& particulièrement des martyrs George & Aure- sup.
lius. Auffi-tôt les deux moines Ufuard 6e Odi-
lard conçùrent un ardent defir d’avoir des reliques
de ces martyrs ; &c déclarèrent à Athaulfe évêque
de Barcelone Sc à Sunifred , qu’ils étoient réfolus
d’aller à Cordouë. C eu x -c i effraïez de la pro-
pofition , en détournèrent les moines autant qu’il
leur fut poflible : mais enfin ils leur donnèrent
dès lettres, a la faveur defquelles ils obtinrent de
Saul évêque de Cordouë , & de Samfon abbé de
Pilla -mellar , le corps entier de S. George moine
& martyr, le corps fans tête de faint Autelius,
Tome X . H h h h