
jî.8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
hymnes & des cantiques : la proceffion fit le,tour
des murailles nuds pieds & la cendre fur la tête ,
& le pape fit faire par les évêques cardinaux de
l ’eau benite, dont ils arrofoient les murs en paf-
fant. Il prononça trois oraifons , une à chaque
porte de la nouvelle ville i puis il célébra la mefle
dans leglife de S. Pierre , & diftribua de grands
prefens à tout le peuple * Romains 6c étrangers,
en o r , en argent & en draps de foye : enfor-
te qu’il y eut ce jpur-là une grande joye dans
Rome.
Le pape fongeoit cependant à fortifier la ville
de Porto contre les incurfions des ennemis : quand
il fe prefenta à lui un grand nombre de C o rfe s ,
que la crainte des Sarrafins avoir chaiTez de chez
eux : & qui étoient errans fans demeure fixe.
Après avoir expofé leur mifere , ils promirent, il
on vouloir les recevoir, de demeurer eux 6c leurs
iucceifeurs au fervice du pape : qui de fon côté
leur offrit la ville de Porto bien fortifiée , avec
des vignes, des prez & des terres labourables :
des boeufs, des chevaux & d’autres beftiaux, s’ils
venaient s’y établir avec leurs femmes & leurs
enfans. Ils en furent contens, & le pape leur donna
un précepte ou aéte de donation , fous le bon
plaifir des empereurs Lothaire & Loiiis. Les terres
qui leur furent données appartenoient à l’é-
g life , à des monaftetes&à divers particuliers.
L IV R E
L i v r e q u a r a n t e -n e u v i e ’m e .' y i p
L I V R E Q V J R J N T E - N E V V I E M E .
A Cordouë la perfécution continuoit. Aure-
lius noble 6c riche étoit fils d’un Muful-
man 6c d’une Chrétienne. Etant demeuré orphelin
dans fon enfance, il fut élevé par une tante dans
La religion Chrétienne 6c dans la pieté : quoiqu’en
même temps , fes autres parens l’obligeaifent à
étudier les livres arabes : ce qui ne fervit qu’à lui
faire mieux voir la fauifeté de leur religion. Ainfi
ne pouvant profeifer publiquement le Chriftia-
nifme, il fe recommandoit aux prières des prêtres,
par tout où il en rencontroic. Etant venu
en âge de fe marier, il demandoit à Dieu une
femme, qui l’aidât dans fon pieux deifein. Il en
trouva une , qui étant fille de Mufulmans, avoit
perdu fon pere en bas âge ; ôc fa mere s’étoit remariée
a un Chrétien cache , qui la convertit, &
fit baptifer fa fille fous le nom de Sabigothe ; 6c
quoiqu’en public ils fe mêlaifent entre les Mufulmans
, ils étoient Chrétiens dans le coeur. A u -
relius epoufa donc Sabigothe par le miniftere
des prêtres ; 6c ils vécurent enfemble en Chrétiens
, mais fecretement. Il avoit un parent nomme
Pelix , qui par foibleife aïant renoncé à la
foi déploroit en fecret fa chiite , fins ofer fe déclarer
Chrétien ; ôc il avoit époufé Liliofe fille de
Chrétiens cachez. Ces deux maris 6c ces deux
femmes étoient unis tous çnfemble d’une étroite
amitié.
Tome X . y v y
A n . 851.
i.
Martyrs de Cor—
doue. Aurelius ,
Felix &c.
TLtilog. rr.
Mem. c. ioj