
7 ° H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
de la vraie croix ,8c une épine de la fainte cou- i
ronne. Lesornemens de cette églife étoient pat I
fept: fept chandeliers à fept branches, fur le mo- I
dele de celui du tabernacle de l’ancienne loi , I
fept lampes devant l’aute l, 8c feptjautres dans le I
choeur, enforte qu’aux grandes folemnitez l’é- I
glife étoit magnifiquement éclairée. Il y avoit de
grands calices d’argent, des habits précieux, 8c
tout ce qui étoit néceflaire pour le fervice divin.
Benoift affembla auffi dansfon monaftere quantité
delivres,il établitdes chantresôcdes letSteurs,
ileutdesgrammairiensScdesTheologiensinftruits
dans la fcience des écritures, dont quelques-uns
furent depuis évêques. Tels furent les commencement
du fameux monaftere d’Aniane-, quifub-
fifte encore;dans lediocefe de Montpellier;
La réputation de Benoift étant venue jufques
à la cour, il alla trouver leroi Charles; 8c de peur
Marmif. t.e, 5. quefes parens ou d’autres n’inquietaflenc fes fuc-
s&m. xxx.x cefl-eurSji l niit fonmonaftere fous la protedion
riMBen. ». 1 s. roj 5 gj obtint de lui un privilège ou immunité
fuivant l’ufage du tems. Le roi donna même
à Benoift des terres autour du monaftere , 1e ren-
voïa avec honneur, 8c lui fitprefentde quarante
livres d’argent que Benoift à fo n rétour diftribua
aux monafteresdu païs; car la charité pour ces
fai n tes maifons étoit fa vertu favorite. Ille sv ifî-
toitfouvent, leur faifoitpart, chacun félon leurs
hefoins, de ce qu'ilVecevoit de la libéralité des
fidel es, 8c inftruifoit les moines de leurs devoirs.
Enfin il étoit le nourricier de tous les monafteres
L i v r e q.u a r. a n t e ^ c i n q _ u i e ’ m e . 7 *
de Provence, deGothie 8c de Novempopulanie,,
c’eft-à-dire de Languedoc 8c de Gafcogne: tous
l’aimoient comme leur pere , 8c le refpeéfcoient
comme leur maître. Le grand foin qu’il prenoit
des pauvres, faifoit que chacun lui portoit ce qu’il
lui vouloit donner. Il accompagnoit toujours
l ’aumône d’inftruction ; 8c pour fes moines , i l
leur parloit à toute heure, pendant les nocturnes
en chapitre, au refeétoir. Il nourrifloit dans.
fon monaftere des clercs 8c des moines de divers
lieu x , a qui il donnoit un maître ,, pour les inf-
truire dans les chofes fàintes; En un mot fa charité
étoit fans bornes ; il avoit la confiance de tous
fes difciples, 8c étoit leur recours dans leurs tentations:,
car fon talent étoit merveilleuxpour calmer
les efprits agitez de mauvaifes penfées..
Cependant il avoit un peu relâché de fa pre-
rniere aufterité, jugeant impoffible de la foute-
n ir:mais il ne laifloit pas de travailler avec les
autres à fouir la terre à labourer , à moiflonner.
Et nonobftant la chaleur du païs, àpeinepermet-
toit-il à perfonne de boire un verre d’eau, avant
l ’heure du repas. Ils n’ofoient en murmurer : parce
qu’il étoit encore moins indulgent pour lui,,
quepourles autres. Pendant le travail, en allant
& en revenant, on n’ouvroit la bouche que pour
chanter des pfeaumes. Depuis le jour de facon-
verfion jamais il ne mangea de grofte viande,
mais en fes maladies il prenoit du bouillon de vo laille
: ce qui montre qu’il lacroïoitplus permi- eg‘ 40
fe , n’étant pas défenduenommément par S. Be