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Guillaume duc d’Aquitaine qui s’y retira lui- même.
Il étoit de la première nobleffe des François,
Fils ducomte Theodoric ôc d'Aldane , que l’on
dit avoir été fille deCharlesMartel. il fut inftruic
dans les arts libéraux, la philofophie ôtles fain-
tes lettres, dans les exercices du corps convenables
à fa naiffance. Ses parens le recommandèrent
au roi Charles, pour fervir continuellement
dans le palais auprès de fa perfonne ; ôc fa conduite
y fut fi fage, que fans attirer l’envie il acquit
une grande réputation, il étoit grand , bien
fait de fa perfonne; & brave; ôc le roi Charles
lui donna le premier emploi de fon roïaume,
l’envoïant à la tête de fes< troupes s’oppofer aux
Sarrafins, avec le titre de duc d’Aquitaine- Il les
chafla d Orange, ôc emporta fur eux de grandes
viétoires ; enlorte qu’ils n’oferent plus reyenir
dans le palais.
Ainfi aïant rendu la paix à l’ Aquitaine, il s’appliqua
à y réparer les défordres de la Guerre,
il travailloit jour ôc nuit aux affaires publiques,
tenoit la main à l’obfervation des loix , jugeoic
les différends, protegeoit les pauvres ôc les foi-
ble s, ôc empêchoit les Seigneurs d’abufer de leur
pouvoir, ôc d’opprimer leurs fujets. Il prenoir un
foin particulier des perfonnes ôc des lieux confa-
crez à Dieu-- honoroit les prêtres , jufqu’à fe lever
de fon fiége pour les recevoir ; ôc donnoit
tous les jours à l’autel des offrandes par leurs
mains. Ses aumônes étoient immenfes. Il étoit
libéral envers tous lesmonafteres, mais il proce-
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Î geoit principalement ceux que le roi Charles a-
! voit fondez ou reparez , ôc leur donnoit des terres
I & des penfions. . 1 1 1
Voulant en fonder un nouveau,il chercha un I lieu convenable ; & le trouva dans les après mon- I tagnes du territoire de Lode ve, à mi chemin de
| cette ville à Montpellier. On le nommoit Val-
[ Gelon ; ôc c’étoit un défert qui ne laiiToit pas d’a-
I voir de l’agrément ôc de la commodité. Il y fit I bâtir tous les lieux réguliers: un oratoire , un re- I fe é fo ir, un dortoir, une infirmerie, un noviciat,
! Une hôtellerie, un hôpital pour les pauvres, un
! fo u r , une boulangerie 5c un moulin. Il mit la I première pierre à l’églife, qui fut dediee au Sau-
! Veur. Les bâtimeus étant bien avancez , il y fit
v e n i r des moines d Aniane > qui n en eft qu a une ViuBenn t .
lieuë , ôc dont l’abbé étoic fon ami ôc fon directeur.
Il donna au nouveau monaftere de grandes
terres, avec quantité de ferfs ôc de troupeaux, de
, r iches ornemens, ôc beaucoup do r ôc d argent.
| On a encore la charte de cette fondation , dattée * 8S<
I du Dimanche quatorzième de Février, la trente-
1 quatrième année du regne de Charles comme roi c»/«. «n. so*.
I de Gothie , la quatrième comme empereur, qui 44'
I eft l’an 804. Le duc Guillaume avoit deux foeurs,
Albane ôc Bertane , qui voulant confacrer à Dieu ^ vit» vnutmi
leur v irg in ité , prièrent leur frere a genoux ôc
avec larmes,de les offrir en fa nouvelle eglifepour
comble de fes offrandes. Il le fit , ôc c’eft un
exemple fingulier de perfonnes adultes offertes
par d’autres. Les deux faintes filles formèrent un
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