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d i t , qu’il y avoit des enfans de la même églife
qui demandoient à entrer. Hincmar dit : Lifcz
leurs noms ; & Sigoalde nomma quatre chanoines
de l’églife de R e im s, un moine de faint Thierry
huit de faint Remy. On les fit entrer par ordre
du concile & du ro i, & Hincmar leur dit : Quelle
eft votre demande,mes freres? Ilsrépondirent:
Nous vous demandons la grâce d’exercer les ordres
, aufquels nous avons été promus par le fei-
gneur E bbon , dont vous nous avez fufpendus.
Avez-vous une requête, dit Hincmar? Ils répondirent
que non ; & Hincmar reprit : Les loix de
l’églife demandent, que tous les a êtes foient
écrits : celui qui fe prefente au baptême doit
donner fon nom , celui qui eft promu à l’épif-
popat doit ayoir le décret de fon éleétion, ôc les
lettres de fon ordination : l’excommunié eft cha t
fé de l’églife ou reconcilié par écrit, les accusations
fe font de même; & , comme dit faint Grégoire
, une fentence prononcée fans écriture ne
mérite pas le nom de fentence. C ’eft pourquoi,
mes frerps , il faut prefenter votre requête par
écrit.
Ils la dreiferent & la prefenterent à Hincmar
& aux deux autres ^archevêques, qui préfidoient
au concile. Hincmar en la lifant trouva que dans
les foufcriptions manquoit le nom de Vulfade
un des chanoines que Sigoalde avoit nommez.
Il en demanda la raifon , & Sigoalde répondit
qu’il étoit malade. Hincmar renvoïa Sigoalde
avec Liudoij archidiacre de Laon & Ifaap diacre
de
L i v r e q j j a r a n t e -n e u v i e ’m e . 545
de Reims, qui firent foufcrire la requête à Vul- ------- ■ . -
fade & la raporterent au concile. A n .^ -853,
Alors Hincmar di{ : Cette requête me regardé
manifeftement. Si on fe plaignoit d’un évêque,
on appellerait à moi : mais puifque ces freres fe
plaignent de mon jugement, il faut qu’ils appellent
par une requête à des juges choifis. Sur
quoi il cita deux canons: du recueil des conciles
d’Afrique , & un article des capitulaires, fuivant
la collection d’Anfegife : pour montrer que l’on
ne peut plus appeller des juges que l’on a choifis.
C ’eft pourquoi, ajoûty-t il , nous devons choifîr
des juges de part & d’autre. Et il prefenta fon libelle
, où il choififloit , pour cette caufe feulement,
les deux archevêques de Sens & de Tours,
Sc Pardule évêque de Laon , pour reprefenter le
fiege de Reims. Sauf, ajoûra-t-il , l’autorité de
ma métropole & le refpedt du faint fiege. Aufti-
tôt il quitta fa place & y fit aileoir Pardule. En- ‘
fuite il permit à fie s parties de çhoifir des juges,
foie les mêmes, foit d’autres. Ils convinrent des
mêmes, feulement ils ajoutèrent Prudence évêque
de Troyes : apparemment pour temperer l’au-
torite-de Pardulè ami déclaré d’Hinçmar. Il con-
fentit a ce choix & Ion en écrivit l’acte , qui fut
envoie a Vulfade y pour le foufcrire. C ’eft ce qui
fe paffa en cette affaire dans la première Teflion. cUft
Les clercs ordonnez par Ebbon réclamèrent depuis Rtm'
contre cette procédure : prétendant qu’ils n’a-
voient point été libres, en donnant leur requête
ni en choifiifant les juges.
Tome X . Y y y