
4*8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
miracles -, & il s’y amaiTa jufqu’à trois ou quatre
•cens perfonncs, qui aïant ainfi été abbatuës dans
cette. ég liiè , n’en vouloient point forcir : difant
que il elles retournoient chez elles , elles feroient
de nouyeau frappées & contraintes de retourner
a.Ja même églife. I l y avoir entre-elles non feulement
des filles a mais des femmes mariées, de
tout âge & de toute condition. Ces prétendus
miracles n’arrivoient pas feulement à faint Bénigne
, mais en d’autres églifes de Dijon & du dio^
cefe > entrautres à. faint Andoche-de Sâulieu. L ’é-
vêque Theutba.lde crut devoir confulter fur .ee
cas fon métropolitain Amolon archevêque de
Lyon ; & lui envoïa pour cet effet fon corévêque,
un an après, que les reliques eurent été appor^
tées., |
t- iji. La reponfe d’Amolon fut telle : Nous fommesi
davis que ces .os-, que l’on dit fans preuve être
de je ne fçai quel.faint ., foient ôtez du fandtuai^
re & mis hors de l’églife , .dans .le parvis., fous
une muraille : ou plutôt autour d’une autre égli-
iè en fecret & avec peu de témoins, en un lieu-,
pur & convenable, t. afin de leur rendre quelque,
vénération-, parce que l’on, dit,que ce font des.,
reliques-5 .& parce que l’on n’en elb pas. alluré,,
ôter au peuple ignorant la matière de fuperfti-
r . £*Dns- Urapporteenfuite l’exemple de faint Mac-
a'3h' tin & l’autorité .dupape-Gelafe.: puis il continuer
Si on.peut trouver qu’à cette, occafion il fe foir
fait deux ou trois guerifons miraculeufes dans
l’églife de faint Benigne , il faut en rendre grâces !
L r V R E Q ü A R A N T E - H U I T l e ’ M 'E . 4 4 9
a Dieu , fans approuver pour cela le relie de ce
qui fe fait dans cette églife , ou dans les autres.
Car oes-prétendues reliques ayant été apportées
pendant le-carême , ou le peuple, foivànt la coutume
dé plüfieurs lieux, frequente davantage les
églifes : il peut être arrivé qu’on Jes a montrée»
au peuple pour les Honorer, ôt q-u a la -folem-nb.
té de pâques, cette dévotion étant déjà intro-t
duite , quelque- méchant d’entre la canaille profitant
de Toccafion pour fatisfaire à, leur indigence
, ou.à leur avarice, auront commencé à
feindre &' faire valoir ces chûtes & ces mauvais
traitemens j ces aliénations defprit & ces guerifons.
Cè qui ayant étonné- & intimidé le peuple-
prévenu , o n a commencé par compalhon à tant
donner à ces prétendus malades, qu ils n ont point
voulu fe retirer, ont même feint de-ne le pou- -
voir? ■
Car â-t-on jamais oui parler dans les églifes gÉ
aux tombeaux des martyrs de ces fortes de miracles
, qui ne-guerilfent point les malades , mais'
font perdre à ceux quife portent bien la-fanté; &*
la raifon ? A -t-on jamais oui dire, que des- filles
innocentes étant gueries par les prières des faints,
foient frappées-de-nouveau fi-elles veulent retourner
chez leurs parens ? Que les faints gue--
rilfent des femmes pour les feparer de leurs mar
is , & les -punir fi elles rentrent chez eux ? Qui'
n e 'Vo it que ce font des illufions des hom-'
mes trompeurs ou des démons î On trouve des'
gens dans les-lieux , fa in ts , qui par l’amour d’tW
H h h iij