
t f oo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
Mais ils rencontrèrent en chemin Arfene évê-
M que d’Eugubio, qui leur pcrfuada d’abandonner
w■ Benoift , quoiqu’ils lui euffent juré fidélité, & d’élire
pape le prêtre Anaftafe , dépofé dix-huit mois
auparavant dans le concile de Rome. Aïant donc
rendu à l’empereur Louis le décret d’élcétion , ils
revinrent à Rome , où ils donnèrent avis qu’il en-
voïoit des députez , &: rendirent fes lettres à Benoift.
Lçs députez arrivèrent quelques jours après
à Horta , à quarante milles de Rome , où ils prb
rent le parti d’Anaftafe , à la perfuafion de l’évê-
que Arfene qui étoit allé au-devant d’eux avec l’é-
vêque Nicolas, & trois capitaines , Mercure, Grégoire
& Chriftofle. Deux autres évêques Radoalde
de Porto & Agathon de Todi fe joignirent auffi à
eux.
Benoift l’aïant appris,envoïa Grégoire & Maïon
évêques avec des lettres aux députez de l’empereur:
mais à la pourfuite d’Anaftafe on- les lia & on les fit
garder, contre le droit des gens. Benoift y envoïa
encore Adrien fecondicier du faint fiege, & le
duc Grégoire. Le lendemain les députez de l’empereur
demandèrent à tout le cierge , le fenat & le
peuple, de venir au-devant d’eux , au-delà de Ponte
mole : à quoi ils obéirent ; & vinrent à l’égliië
de faint Leucius martyr ,'o ù les députez s’étoient
arrêtez-&i Anaftafe avec eux. De-là ils marchèrent
vers R om e , menant comme prifonniers, Adrien,
Gratien,& Théodore officiers du faint fiege. Us
entrèrent dans la cité Leonine & dans l’églife de
faint Pierre , où Anaftafe fit brifer & brûler l’ima-
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’m e . 6ot
ge du concile , que le pape Léon avoit fait peindre
fur la porte, apparemment celui ou il avoit été dépofé.
Enfuite il entra dans Rome même à main armée
, &c dans le palais de Latran ; & s’affit dans le
trône pontifical, après en avoir fait ôter de force
Benoift , par les mains de Romain évêque de Ba-
gni. U le ht auffi dépouiller des habits pontificaux,
& charger d’injures & de coups ; & ,le donna en
garde à Jean & Adrien, prêtres dépofez par le
pape Léon pour leurs crimes. Alors toute la ville
de Rome fut dans une grande confternation : &
on n’entendoit que des cris : les évêques & les prêtres
fe frappant la poitrine & fondant en larmes,
étoient profternez devant les autels. Cela fep a f-,
foit le famedi.
Le lendemain.dimanche les évêques qui étoient
à R om e , s’affemblerent avec le clergé & le peuple
dans l’églife d’Emilienne ; & les députez de l’empereur
y vinrent auffi. Ils montèrent jufqùes à l’ab-
îîd e , où les évêques étoiçnt affis chantant avec le
clergé , & leur prefentoient les pointes de leurs
dards & de leurs épées, difant avec fureur : Rendez
vous , & reconnoiftez Anaftafe pour pape. Les
évêques répondirent : Nous ne recevrons jamais
Un homme dépofé & anathematifé par le pape &
par le concile : nous le rejettons de toute affemblèe
ecelefiaftique. Les François voïant leur confiance,
les quittèrent en colere, 5c entrèrent dans une chapelle
de l’é g life , où ils commencèrent à délibérer
& propofer divers ayis. Il contraignirent les
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