
A n. 800.
XXI.
Charles couronné
empereur
Theoph. an•
7 .Conjl.p. 339.
an. 4. Ir. p.
401*
38 H i s to i r e E c c l e s i a s t iq u e .
n’ofons juger le fiege apoftolique , qui eft le chef
de toutes les églifes, c’eft l’ancienne coutume.
Le pape dit : Je Veux fuivre les traces de mes pré-
deceiTeurs, & je fuis preft à me purger 4e ces
fauiïès accufetions. Il le fit le lendemain ; & tous
étant aifemblez dans la même églife de iàint
Pierre , les évêques, les François .& les Romains;
il prit entre fes mains les évangiles, monta iur
l’amboñ, & dit à haute voix avec ferment : Je
n’ai aucune connoillance d’avoir commis ces crimes
dont les Romains m’ont chargé. Alors tous
les prélats & le clergé chantèrent une litanie, &
loüerent Dieu, la feinte .Vierge, feint Pierre &
tous les feints.
Le jour de Noël vingt-cinquième de Décembre,
indidtion neuvième, la même année 800.
le roi étant venu à feint Pierre entendre la mefe
iè, comme il étoit debout incliné devant l’autel
pour faire fe priere : le pape lui mit de fe main iur
la tête une couronne très-precieufe, & en même
temps tout le peuple de Rome s’écria : A Charles
Augufte couronné de la main de Dieu, grand 8c
pacifique empereur des Romains, vie & victoire.
Ce qui fut répété par troi fois, avec l’invocation
de plufieurs feints. Ainfi il fut reconnu empereur
de tous unanimement ;& le peuple lui donna
cette marque de reconnoiftànce, pour lapro-
teétion qu’il avoit donné à I’égliiè Romaine.
Après les acclamations le pape l’adora à la maniere
de anciens princes : c’eft-à-dire qu’il fe
profterna devant lui le reconnoiflant fon iou-
L iv r e q u a r a n t e -cinq.uie ’ mé . J P
verain: & deflors au lieu du titre de Patrice, on
lui donna celui d’empereur & d’augufte. Aufli-
tôt le pape l’oignit d’huile feinte, lui & ion fils
le roi Pépin; & après la melfe le roi offrit à feint
Pierre deux tables d’argent, des calices, des patènes
& d’autres vafes de grand prix. Il fit auiïi
de riches offrandes à S. Paul, à S. Jean de Latran,
8c à feinte Marie Majeure.
Charles s’attendoitfi peu à ce couronnement,
que d’abord il y eut une extrême répugnance ;&
protefta, que nonobftant laiolemnité de la fête,
il ne feroit point venu à l’églife ce jour-la, s’il
avoit pû prévoir le deffein du pape. C’eft qu’il
vo'ioit bien, que le titre d’empereur le rendoit
odieux aux Grecs, fens rien ajouter àfepuiflânce
effective. Il étoit déjà maître de la plus grande
partie de l’Italie , depuis la ruine des Lombards ;
8c il étoit fouverain de Rome en particulier, puif-
qu’on lui prêtoit ferment de fidélité, qu’il y
rendoit juftice, & par fes commiflaires & en per-
fonne, & dans la caufe du pape même. Mais les
Romains avoient leurs raifons pour donner à
Charles le titre d’empereur : ils étoient abandonnez
des Grecs, qui depuis long-temps ne leur don-
noient aucun iecours; & C. P. étoit alors gouvernée
par une femme, à qui ils cro’ioient indigne
d’obéir, car la chofe étoit fans exemple. Il étoit
donc jufte de réünir le nom d’empereur à la puife
fence effective; & l’execution s’en fit par les mains
du pape, à qui fe dignité donnoit à Rome le premier
rang. Ainfi le nom d’empereur romain éteint
An. 8 o o " .
Vita per
Egin.p. 103* £»
Stíp. /* XXIVo-
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