
f i t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
-------------- la vie monaftique à Tabanne, monaftere fitué à
A n . 8 f i. fepc milles de Cordoüe , dans le fort des bois fur
les plus âpres montagnes ; & qui écoit double,
d’hommes & de femmes. Il y avoit été fonde par
Jeremie coufin d’ifaac, homme fort riche , qui
s’y étoit retiré avec fa femme Elifabeth, leurs en-
fans & prefque toute leur famille. Martin frere
d’Elifabeth en éroit abbé, & Ifaac y demeura
trois ans fous fa conduite.
Lib.Miiw-trtf. Enfuicei! vint à Cordoüe,dans la place publique
: s’adreifa au cad i, 6e lui dit : J ’embraflerpis
volontiers votre religion iî vous vouliez bien
m’en inftruire. Le cadi lui dit, qu’il falloit croire
ce que Mahomet avoit enfeigné, fuivant les révélations
de l’Ange Gabriel ; ôe commença à lui
expliquer fa doétrine. Il a menti, reprit Ilfa ac ,
parlant Arabe, il eft maudit de D ieu, pour avoir
attiré en enfer avec lui tant drames qu’il a fédui-
tes. Vous autres qui êtes fçavans, comment ne
fortez-vous pas de cet aveuglement, & n’embraf-
fez-vous pas la lumière du chriftianifme ? Il dit
beaucoup de .chofes femblables ,dont le juge fur-
pris & hors de lui, le. frappa au vifage ; mais il en
fut repris par fes confeillers, qui lui reprefente-
rent qu’il oublioit fa gravité, & que leur loi dé-
fendoit de maltraiter les criminels. Alors le cadi
fe tournant vers Ifaac, lui dit : Peut-être es-tu
yvre ou frenetique : & tun e fçais ce que tu fais.
Ifaac lui répondit : Ce n’eftn i v in , ni maladie
qui me fait parler : c’eft le zele de la juftice &
4e la vérité, pour laquelle je ne refufe p a s ,
L i v r e q u a r a n t e - h u i t i e ’ m e . 5 1 3
s’il eft befoin, de fouffrir la mort. ^ - -
Le cadi l’envoïa en prifon , & en fit aufli-tot A N. 8 j i .
ion rapport au ro i, qui le condamna a mort, pour
avoir ainh parlé du prophète. On lui coupa donc
la tête puis on pendit le corps par les^ pieds au-
delà du fleuve , pour être en fpedable à toute la
ville. C e toit l’ere d’Efpagne 889. c’eft-à-dire l’an
851. le mercredi troifiéme de Ju in , jour auquel
l’églife honore la mémoire de ce faint martyr.
Quelques jours après fon corps fut brûle avec ceux
des martyrs qui l’avoient fuivi , & les cendres jet- s- 3‘
tées dans le fleuve.
Le vendredi cinquième du même mois de Juin, Sanche , Pierre ,
fut aufli décapité Sanche , jeune homme la ïc , na- vaUbonfc . &.c-
tif d’A lb i, d’où il avoit été autrefois amené cap- *Kl°s' ll' ç-*’
t i f , & depuis mis en liberté, & reçu au nombre
des gardes du roi & à fes gages. Le dimanche c . 4.
fepriéme de Juin furent martyrifez fix autres
Chrétiens ; fçavoir Pierre , Valabonfe, Sabinien ,
Viftremond, Habentius & Jeremie.. Pierre étoit
prêtre natif d’Aftigi &c avoit étudié à Cordouë.
Valabonfe étoit natif d’Eleple : fon pere avoit ».
époufé_ une femme Arabe , &c l’avoit convertie
à la foi Chrétienne : ce qui l’obligea de quitter
fon païs &i de fuir en divers lieux , jufques a ce
qu’il arriva à Fronien petite ville dans la montagne
à quatre lieues de Cordouë. Sa femme y mourut
, le lailfant chargé de deux enfans, Valabonfe
& Marie. Il mit fon fils dans le monaftere de
faint Félix de Fronien , fous la'conduite d e ! abbé
Sauveur , &c confacra à Dieu fa fille dans le
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