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pule iâcellaire, tous deux l’entretenant amiable-
nient.;' Ils étoient parens du pape Adrien, 8c
• ¡¡>9. avoient formé une conjuration contre Léon.
Quand ils vinrent devant le monaftere de lâint
Etienne 8c de S. Silveftre, que le pape. Paul avoit
-fondé: ôn vit tout d’un coup paroître des gens
armez ; qui ibrtirent de leur embuicade , &. fè
jetterent fur le pape. Le peuple qui l’accompa-
gnoit pour la proceiïion fut épouvanté,& s’enfuit.
Les aiïaffins prirent le pape & le mirent par
terre, Pafcal étant à fa tête, Campulea fès pieds.
Ils le dépoüillerent en déchirant fes habits,firent
leurs efforrs pour lui arracher les yeux, 8c lui couper
la langue, 8c le laiiTerent au milieu de la rue,
croïant l’avoir rendu aveugle & muet.
Mais Paical 8c Campule revinrent à la charge
, 8ç traînèrent le pape dans l’égliiè du monaftere
devant l’autel, où ils s’efforcèrent encore de
lui arracher les yeux & la langue : lui donnèrent
des coups de bâton, le déchirèrent & le laiflferent
étendu dans fon iàng : puis,ils l’enfermerent
fous bonne garde dans le même monaftere.
Toutefois craignant qu’il ne fût tiré par des
gens de bien, ils firent venir de nuit fecretement
l’abbé de faint Erafme, 8c l’envoyerent au monaftere
de Saint Silveftre avec une troupe de gens
de leur parti : qui la même nuit en tirèrent le
pape, le menèrent au monaftere de fàint Erai-
me, 8c l’y enfermèrent dans une étroite prifon.
Mais nonobftant tout le mal qu’on lui avoir fait
il fe trouva qu’il n’avoit perdu l’uiàgc ni des
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yeux ni de la langue, ce qui fut regardé comme ^ n.
un miracle.
Cependant Albin eamerier du pape & d’autres ■ x 1.
perfonnes fidelles l’enleverent du monaftere ;& T«îero!ch«"
le faifant defcendre par la muraille de la ville , ks-
ils l’emmenerent à S. Pierre,'où étoit Virurtde
abbé de Stavelo, envoyé du roi Charles. Les ennemis
de Léon deièiperez qu’il leur fut échapé ;
pillèrent fa maifon ¿c celle d’Albin. Mais Vini-
gife, duc de Spolete, fâchant que le pape étoit à
fàint Pierre, y vint aufïi-tôt avec fon armée, 8c
le mena à Spolete. Là plufieurs amis des Romains
vinrent à lui de divers villes , & le pape
prit la refolution d’aller trouver le roi Charles:
il fut accompagné d’évêques , d’une partie du
clergé de Rome, 8c des principaux des villes ; &
le roi a'iânt appris fa venue, envoïa au devant de
lui Hildebald archevêque de Cologne , & afchi-
ehapelain’, avec le comte Anfchaire 5 enfuite il
envoïa Pépin fon fécond fils roi d’Italie, avec
d’autres comtes, pour accompagner le pape juf-
ques au lieu où le roi Charles vint lui-même au
devant. C’étoit en Saxe, & le roi féjournoit alors
à Paderborn. Il reçut le pape avec des hymnes
8c des cantiques fpirituels, 8c ils répandirent
beaucoup de larmes en s’embrairant. Le
pape commença Gloria in excelfs : tout le clergé
répondit, puis le pape dit une*oraifonfiirlepeu-;
pie. Le roi le retint quelque temps auprès de lui
avec grand honneur. Ses ennemis l’aïant appris à
Rome, brûlèrent de dépit les terres de l’églife