
1 54 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
fui vaut Charles prit Tes habits royaux avec la couronne
en tête, marcha à l’églife, 8c s’avança juf-
qu’à l’autel confacré en l’honneur deN .S . J . C-le
plus élevé de tous, & y fit mettre une autre couronne.
Après qu’ils eurent long-tems prié lui &
fon fils , il lui parla devant toute l’aííemblée des
prélats 8c des feigneurs : l’exhortant premièrement
à aimer 8c craindre D ieu , 8c garder en tout
fes commandemens, à proteger les églifes, avoir
delà tendrefle pour fesfoeurs 8t fesfreres encore
jeunes -, ce devoient être les enfans des concubines,
Drogon , Theodoric, 8c Hugues : d’aimer
fes neveux 5c tous fes parens. Honorez , ajoûta-
t-il les évêques comme vos peres : aimez le peuple
comme vos enfans, reprimez les méchans »
pour les ramener au chemin du falut : foyez le
confolateur des moines 8c des pauvres, établiffez
des officiers fideles , craignans Dieu 5c definte-
reifez : n’en defticuez aucun qu’avec connoiiTan-
ce de caufe, 5c montrez-vous toujours irrepre-
henfible devant Dieu 8c deváneles hommes.
Charles ajouta plufieurs autres a v is , 8c dernan-
daà fonfilss’il étoit refoludeles obierver. Louis
répondit qu’avec l’aide de Dieu il lesobferveroit
de tout ioncoêur. Alors Charles lui ordonna de
prendre de fes propres mains la couronne qui
étoit fur l ’autel, 8c la mettre fur fa tê te : lui fai-
fantainiî connoîcre qu’il ne tenoit l’empire que
de Dieu. Louis fe m itla couronne en tête j le
peuples’é c r ia :V iv e l’empereurLouis, 8ccelebra
cejour avec une grande joye. Charles renditgra-
L i v r e q u a r a n t e - s i x x e ’ m e . ï s 5
ces à Dieu, endifant avec David : Beni foyez-
v o u s , Seigneur , qui avez mis aujourd’hui mon
fils lut mon thrône a mes yeux. Enfuite ils entendirent
la meffe 8c retournèrent au palais, le pere
appuyé fur fon fils, qui le ioûtenoit en marchant.
Peu de terns après Charles le renvoya chargé
de prefens magnifiques : ils s’embrafferent tendrement
8c répandirent beaucoup de larmes,
comme s’ils a voient prevüqu ils ne fe rever roienc
plus. Ainfi l’empereur Louis retourna en A q u itaine
au mois de Novembre 81 3.
L ’empereur Charles demeura à Aix-la-Chapelle
, ne s’occupant plus que de prières, d’aumônes
8c de la correction des livres facrez. Car il employa
la fin de fa vie à rendre très-correêts les
textes des quatre é v ang ile s , y travaillant avec
des Grecs 8c des Syriens. Toute fa vie ilavoiteu
un grand zele pour la religion 8c une pieté fin-
cere. line manqua jamais, autant que fa fanté lui
permit d’aller à l’églife le matin 8c le foir, 8c d ai-
fifteraux nodurnes8cau facrifice. Ilavoitgrand
foin que tout s’y fit avec toute la bienfeancé pof-
fible, 8c avertiffoit fouvent les euftodes des egli-
fesde n’y rien fouffrir d’indecenr. Il les fournit
abondamment de vafesd’or 8c d’argent,8c d habits
facerdotaux : enforte que pendant le faint
facrifice aucun des clercs, pas même des portiers,
ne fervoit dansfon habicordinaire. Ilornaparticulièrement
fa Chapelle d’A ix , d’or, d argent,de
luminaire : lesballuftres 8c les portesetoient d airain.
Il y fit apporter des colomnes 8c du marbre
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A n. 813.
Beg* c* i8i
VIII
Pieté de Char*
les.
Thegan. c. 7•