
3j>é> H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
reur, évêque de Metz & arcliichapelain. Comme
c’étoit en lui qu’il fe confioic le plus, il fe confef-
foit à lui tous les jours, & recevoir tous les. jours
Je corps de notre Seigneur. Ce fut la feule nourriture
qu’ilp r it pendant quarante jours ; & il di-
foic ; Vous êtes jufte, Seigneur, de me faire à pre-
fent jeûner malgré moi, puifque j’ai paffé le carême
fans jeûner.
Il dit à fon frere Drogon d’appeller les officiers
de fa chambre, Si fit faire un inventaire de
tous les meubles qu’il portoir avec lui : couronnes
Si autres ornemens royaux, armes & vaiifel-
1c , livres & habits facerdotaux , puis il en ordonna
la diftribution aux égiifes, aux pauvres & à fes
deux filsLothaire Si Charles. I l envoya à Lothai-
re une couronne, une épée Si un fcepcre qu’il lui
donnoit, à la charge d’être toujours uni à Charles
S i à fa mere Ju d ith , & de conferver au jeune frere
la portion du -royaume qui lui avoit été donnée.
Après quoi l’empereur Louis rendit.graces à
Dieu de ce qu’il ne lui reftoit plus rien dont il
•put difpofer. Cependant D rogon , de l’avis des
autres évêques , lui demanda s’il ne vouloit pas
pardonner à fon fils Louis. L ’empereur témoigna
d’abord l’amertume de fon coeur , puis il délibéra,
S i ramaifant le peu qu’il lui reftoir de forces , il
commença à raconter les mauvais traitemens qu’il
prétendo'it en avoir reçûs. Enfin il ajouta : Puif-
qü’ii ne peut venir pour fatisfaire à fon devoir,
je fais ce qui dépend de m o i, & je prens Dieu
à témoin & vous aulfi, que je lui pardonne tout
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tes les, offenfes qu’il m’a faites.; C ’eft a vous u l ’a- g
vertir de ne £è pas oublier.
In fu ite , comme cet oit le Samedi au foir , il fit
chanter devant lui l’office no&urne du'Dimartche,:
mettre fur fa poitrine du bois de la vraie cfbixv
Il en fie le iigne fur fon front tant qu’ileut afiez dei
forcé ;.quand il étoit las, il- prioit Drogon par ligner
de le*faire. Il paffa ainfi la nuit, & le lendemain il
fit préparer un autel , où Drogon ceLebra la meffe
& le communia. Puis l’empereur le pria Si les autres
afliftans de prendre un peu de repos. Quand il
fenrit approcher fa fin, il rappella Drogon, qui fut:
fuiv-ides autres évêques. L’empereur leur fit entendre,
comme il put qu’il fedecotmmnHofcàïeux:,. &-
demanda les prieres des agonifans. Pendant qu’on
les faifoit il tourna les yeux à gauche avec indigna-;
tiomen difant de toute fa force : ■Hôuti:yHaut.s^ qui-
fignifioient en Tudefque : Dehors^dehors. ©n crut;
qu’il voyoitde malin e fp r it, & auifi-tôt il levales>
yeuxrau tiel avec de grands lignes de joie; fit mourut
ainfî le vingtième de Ju in 8 4 0. la foixante-qua-
triéme année de fon âge, la vingt-feptiém e de fon
regne comme empereur. Son corps fut tranfportér
à Metz & enterré avec grande: folemnité dans l’é—
glifé de S. Arnoul près d’Hildegarde fa mcrc.
Ce prince étoit: de: taille mediocre . r 1 / 1 1 , 1l es 1y euxP > o„r traitL dIé ,Sto; urI
grands, le nez long, les épaulés larges, les bras:
forts : enforte que perfonne ne manioit mieuxsun
arc ou une lance, i l avoit la voix malle., parlqit le
latin comme fa langue naturelle , Si entendait le:
Créé. Il avoits appris, en ias jeuneiFe. des- ppefies