
. 1 0 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
An . 8io. Les envoïez reprirent: N ’eft-ce pas vous, qui
avez permis de chanter le fymbole dans l’églile?
cet ufagé eft-il venu de nous ? J'a i permis, dit le
pape de le chanter, mais non pas d'y rien ajouter
; 8c tant que vous l’avez chanté comme l’c-
glife Romaine, nous ne nous en fommes point
mis en peine. Quant à ce que vous dites que vous
lechantez ainfi, parce que vous en avez oüi
d’autre en certain païs, qui l’ont fait avant vous;
cela ne nous regarde point. Ce pais étoit l’Efpa-
g n e , où par ordonnance dutroifiéme concile de
c t Tolede lefymbole eft rapporté avec l’addition Fï-
Sup. t. xxxiv. «. lioque. Le pape continue; Nous ne chantons point
p. io o o . JE. le fymbole,nous le lifons, mais fans y rien adjoû-
rer; 8c nous enfeignonsen tems 8c lieu les veri-
tez de fo i, qui n’y font pas contenues. Les envoie?;
reprirent: Vous voulez donc, que l’on commence
par ôter du fymbole le mot dont eft quef-
tion ; après quoi vous permettez delechanter 8c
del’enfeigoer? C ’eft fans doute ce que nous décidons,
dit le pape; 8c nous vous le confeillons.
Les envoïez dirent ; Il eft donc bon de chanter
le fymbole, pourvu qu'on en ôte ce que vous délirez
?O u i, dit le pape, 8c toutefois nous le permettons
fans l’ordonner. Mais, dirent les députez
Î>uifque vous convenez qu’il eft bon de chanter
e fymbole fi on ôte ce mot, cout le monde ne
croira-t-il pas qu’il eft contre la foi ? Que nous
çonfeillez-vousîpour éviter cet inconvenientîLe
| p^pe dit: Si on m’avoit demandé mon avis avant
que de le çhauter ainfi, j ’aurois confeillé de ne le
*
L I v r e q u a r a n t e -c in q u i e ’ m e . io j
pas inferer. Maintenant l’expedient qui me vient
à l’efprit fans toutefois le propofer affirmativement
: c’eft que peu à peu on celfe dans le palais
de chanter le lymbole, non plus que dans notre
églife: ainfi ce qui s’eft introduit fans autorité ,
fera abandonné de tout le monde, fi vous l’abandonnez
C ’eft peut être le meilleur moïen d’abolir
cette mauvaife coutume, fans préjudice de la
foi.
Telle fut la conférence du pape Leonavecles
envoïez de l'empereur Charles: fuivant qu’elle fut
recueillie par l’abbé imaragde, qui étoit prefenr,
& qui déclare toutefois qu il n’en a pas rapporte
les propres paroles, mais feulement le fens, autant
qu’il s’en faut fouvenir.On ne voit point que cette
conférence ait eu aucun fruit ; 8c chacun demeura
dans fon ufage.En France on continua de chanter
le fymbole avec le mot Fdioque: à Rome on
continua de ne le point chanter. Seulement le pape
pour la confervation de la fo i, fit fufpendre
deux écus d’argent du poids de près decent livres
dansl’églifedeS.Pierre,à droit Se a gauche a l’entrée
de lafepulture :où le fymbole étoit écrit fur
l’un en Grec, fur l’autre en Latin. Les difputes qui
s’émurent enfuiteavec les Grecs fur ce fu je t ,fe ront
voir combien étoit fage la décifion du pape.
L’abbéSmaragde eft illuftre par fa pieté 8c par
{es écrits.Il enfeigna dans fon monaftere,qui etoit
une école célébré; 8c compofa un traite de grammaire,
qui étoit un commentaire fur Donat divife
©n quatorze livres,où il tiroit tous les exemplesde
Tom. X . O
Anajl. to. 7.
Conc.p.Li99»A»
i. Sentent,
dift. 11. n. b-
XLIX.
Smaragde 8c
Adelard.
MabiL to. t.
Anal. 6*-
417.