
•j£ H i S t a ï R E E c c l e s i a s t i q u e
•la mémoire des hommes, & l’empereur Charles
eut foin de les faire écrire. Bernelef étoit entiere-
ment aveugle depuis trois a n s , quand on l’amena
à faint Ludger, qui le fit convenir de recevoir
la penitence qu’il lui impoferoit ; puis marchant
enfemble à cheval, il le tira a part, reçut fa corn-
feffion, &c lui donna la penitence : alors il fit le
ligne de la croix fur fes y eu x , & lui prennant les
mains lui demanda s’il voïoit quelque chofe. Je
vois votre n îa in , répondit-il, avec grande joïe »
faint Ludger continua de l’entretenir dedifcouts
fpirituels, &c lui demanda s’il connoiiToit le village
qui étoit devant eux. Bernelef lui en dit le
nom, & ajouta qu’il difcernoit tous les arbres &c
les bâtimens faint Ludger Lui fit faire ferment
de ne point dire de fon vivant qu'il l’eut guéri ;
& Be rne lef,. pour lui o b é ir , feignit d’être encore
aveugle pendant quelques jours.
Cependant deux feigneurs Erifons exciterent
une perfecution contre les fideles, brulerent les
églifes & chalferent les ecclefiaftiques. Alors faint
Ludger fçachant comme Bernelef étoit aime, le
chargea d’aller par les maifons &c de baptifer du
confentement des meres, lesenfans, moribonds.:
après avoir béni Amplement de 1 eau qu il repan-
doit fur eux , on les y plongerait. Il en baptifa
ainfi dix-huit, qui moururent incontinent après
Leur baptême : excepté deux , que iaint Ludger
confirma depuis avec le faint chrême. Il faut ici
remarquer un laïque chargé de baptifer, & le
baptême adminiitré par infufion ¡.pratique dont
L i v r e q u a r a n t e -c in q ^i i e m e - 5,5
iufquesalors il fe trouve peu d’exemples. Je r e -
marque auffi, que ces enfans, quoique mourans,
ne font baptifez que du contentement des meres.
La perfecution dura un an ,. puis faint Ludger
revint avec les fiens prêcher comme auparavant.
Pendant ce tems il fonda le monattere de S. Sauveur
de Verthine ou V e rden , dans lediocefc de
C o lo g n e , en une terre de fon patrimoine près de
lamer : y mit des moines Benedidins , & en fut
lui-même le fuperieur,. On rapporte cette fondation
à l’an 79 y»
Après la converfion des Saxons, le roi Charles
l’établit Paileur de V e fifa lie , dans un canton
dont la principale refidence étoit un lieu nommé
Mimigerneford. Saint Ludger y bâtit un mo-
naftere de chanoines, ou feuk ou mêlez de moines
: qui dans le fieele fuivant a donné à ce lieu
le nom de Munfter. Delà faint Ludger inftruifoit
avec grande application les peuples de Saxe : il
déracinoit l'idolâtrie , batifloit des e g life s , &
mettoiten chacune un prêtre, du nombre de fes
difciples. Il les pria fouvent de fe donner pour
che f l’un d’entreux, le faifant ordonner évêque,
car il s’en croïoit indigne ; & comme Hildebal-
d e , archevêque de Cologne, le preffoit de fe la itier
ordonner lui-même, il lui dit ces paroles de
l’apôtre : il faut que l’évêque foit fans reproche :
à quoi Hildebalde répondit en foupirant : On 11 T‘min'
n’a pas obfervé en moi cette réglé. Enfin Ludger
vaincu par le confentement commun, &
craignant de refifter à la volonté de Dieu, fut