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fournis aux François. Il vint au monaftere & y
donna une terre au nom de l’empereur Louis le
Débonnaire : qui la même année 834. confirma
& augmenta la donation. Depuis ces marques de
proteâion , lè monaftere de faint Sauveur de
Redon augmenta confiderablement, il s’y fit des
miracles, entr’àutres celui ci. Un aveugle nommé
Coiflin , natif de Poitou , aïant été en divers
lieux faints pour recouvrer la vûë , fut averti en
fonge d’aller à Redon. Etant arrivé, il fe profterna
devant faint Convoyon j & lui dit: Saint prêtre ,
ayez pitié de m o i, & me faites recouvrer la vû ë ,
que j’ai perdue depuis long-temps. Lefaint homme
après avoir long-temps garde le filence , lui dit;
Taifez-vous, mon frere, taifez-vous ,Ml ne nous
appartient pas d’éclairer les aveugles. Comme il
perfiftoit, le faint abbé le fit mener au logis des
pauvres, puis étant allé à l’églife defaint Sauveur,
il affembla tous les prêtres du monaftere, & leur
dit : Allez promptement vous revêtir des habits
facrez , & offrez a Dieu le facrifice. Ils le firent,
& l’abbé dit enfuice au moine qui le fervoit, &
qui a écrit cette hiftoire : Apportez promptement
le baflm d’airain où les prêtres lavent leurs mains
après le facrifice ; & quand ils les eurent lavées,
il lüi dit : Portez cette eau à l’aveugle , afin
qu’il s’en lave les yeux & le vifage , & lui dites :
Qu’il te foit fait félon ta foi. Quand l'aveugle
fe fut lavé de cette eau , il fortit de fes yeux $£
de fon nez du fang qui lui arrofa le vifage ; Se
$.uifi-tôt il recouvra la vûë, & demeura encore
trois
L i v r e q u a r a n t e - h u i t i e ’me.' 491
crois ou quatre jours dans le monaftere, louant
Dieu.
Saint Convoyon étant arrivé à Rome avec
les deux évêques, le pape Léon affembla un concile
, où il le fit affifter. On y fit des reproches
aux évêques Bretons, de ce qu’ils avoient reçu
des préfens pour les ordinations. Us dirent qu’ils
l ’avoient fait par ignorance ; mais un archevêque
nommé Arfene leur dit : Un évêque ne doit pas
être ignorant ; & le pape ajouta l’autorité de l’évangile.
Si le fel devient fade ; de quoi le falera-
t’on ? Ainfi le concile déclara qu’aucun évêque
lie devoit rien prendre pour conférer les ordres,
fous peine de dépofition. Le concile décida plu-
fieurs autres queftions, fur lefquelles les évêques
de Bretagne avoient confulté le faint fiege ,
comme il paroît par la lettre du pape ; où il leur
dit :
Vous demandez fi les évêques convaincus de
iïmonie peuvent faire penitence en gardant leur
rang , & nous répondons, félon les canons, qu’ils
doivent être dépofez ; mais ce doit être dans un
concile , Sc par douze évêques , ou fur le témoignage
de foixante & douze témoins ; & fi l’é-
vêque accufé demande d’être oui à R om e , il y
doit être renvoie. Le pape répond enfuite à fix
articles de confultation , & décide entr’autres
chofes , que les prêtres venant au fynode , ne
doivent point être obligez d’y apporter des pré-
iens ou eulogies : de peur que cette charge les
détourné d’y venir. Qu’il n’eft pas permis d’eni-
Tome X . p p p
X L IV .
Nouveaux évêques
en Bretagne.
Mut th. T. 3 i}
To. 1.C9HC. p. 5 S'
c. 3.’
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