
i l
IPl jï i M
ï-îincmar de
Corp. & Sang.
Damafc. iv. j
dp fide c. i f .
¿yo H i s t o i r e E c g l e s i a .s t i q u e .’
p.tstt.E. font fans myftere & fans figure, il anéantie le la-
crement.
Mais il y avoir alors des catholiques qui fou-
tenoient effedtivement, que le pain Si le vin n’é-
toieiït point,des figures du corps & du fang de Je fus
Chrift, fondez fur cette raifon , que le figne
n'étant pas la chofe dont il eft le figne, l’euchariftie
ne feroit plus le corps Si le iang de Jefus -
Chrift. Cette opinion fe trouve foutenue vers le
même temps par, Haimon évêque d’Halberftat
après faint Jean Damafcene ; Si c’eft celle que Ra-
tram combat : prétendant qu’il s’enfuit, qu’il n’y
a aucun myftere dans l’euchariftie ; ni par confe-
quent aucune matière à la foi. Mais ceux qu’il attaque
n’admettoient pas cette confequence : au
contraire Haimon dit formellement que dans ce
facrement le goût Si la figure du pain Si dü vip
demeurent : afin qu’on le prenne fans horreur ,
quoique la nature des fubftances foie entièrement
changée au corps Si au fapg de Jefus-Chrift. Mais
autre chofe eft ce que nous rapportent les fens, autre
chofe ce que la foi nous enfeigne.
Auffi Ratram n’aceufe pas fes adverfaires de
nier ce qui eft de fo i, mais feulement de fe contredire.
Car , dit - i l , ils confeffent félon la foi,
que c’eft le corps Si le fang de Jefus-Chrift , Si
par çonfequent que ce n’eft pas ce que c’étoit auparavant.
Et plus haut il explique ainfi fa créance
touchant ce myftere : Au dehors fe reprefente la
forme du pain qu’il étoit auparavant : la couleur
fe montre, la faveur fe fait fentir : mais au dedans
m np.
».
i « a
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’m e .
dans , on apprend qu’il y a quelque chofe de
bien plus précieux Si plus excellent / parce qu’il
eft divin : c’eft-à-dire le corps de Jefus-Chrift ,
qui eft vû , reçu Si mangé , non par les fens corporels,
mais par les yeux de l’efprit fidele. De même
le v in , qui eft fait le facrement du fang de
Jefus-Chrift , par la confecration du prêtre : nous
montre en fa fuperficie autre chofe , que ce qu’il
contient au-dedans. Car que v o it-o n , finon la
fubftance du vin ? Goûtez-en , il fent le vin , il
-en a l’odeur Si la couleur. Mais fi vous le confide-
rez au-dedans : ce n’eft plus la liqueur du vin ,
mais la liqueur du fang de Je fu s -C h rift , qui
frappe le goût , les yeux Si l’odorat des ames fidèles.
Et enfuite : Le pain qui eft offert, étant
pris des fruits de la terre , eft changé au corps de
J . C . par la fanbbification : comme le v in , quoiqu’il
foit forti de la vigne , eft fait le fang de J e fus
Chrift par la fanèfification du myftere, non
pas vifiblement, mais par l’opération invifible du
S. Efprit. C ’eft pourquoi on les appelle le corps
Si le fang de Jefus-Chrift ; parce qu’on les prend,
non pour ce qu’ils paroiffent au-dehors : mais
pour ce qu’ils font devenus au-dedans, par l’opération
du faint Efprit ; Si que par cette puiffance
invifible ils font tout autre chofe , que de qu’ils
paroiffent vifiblement. Et encore : Nous avons *
montré par tout ce qui a été dit jufques ic i , que
le corps 8i le fang de Jefus-Chrift , qui font re-
çûs dans d’églife par la bouche des fideles , font
des figures félon l ’apparence vifible : mais félon
Tome X . L 111