
A n. 8 i j .
XV.- I
Le patriarche
Nichephore
chaifé.
Sup. liv. x xv i ii
n.ip.
172 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
mort executer plus facilement fondeffein : mais*
apprenant qu’il fe portoit mieux , il lui envoya
Theophane frere de l’imperatrice, pour l’in v iter
de nouveau à une conference avec les évêques
Iconoclaftes. Le patriarche le refufa, ayant
encore fa maladie pour excufe ; outre lesraifons
qu’il avoit déjarepre'fentées. Il demandoit qu’on
lui rendît auparavant le gouvernement libre de
fon troupeau , que l’on délivrât de prifon les
évêques catholiques , .que l’on rapellât ceux
qui étoient exilez : que d’ailleurs on éloignât
ceux dont les ordinations étoient irregulieres,
qu’on ne s’affemblât que dans l’égliie. A ces
conditions il àcceptoit la conference, quand fa
fanté ièroit rétablie.
Mais les Iconoclaftes qui prétendoient repre-
fenter le concile de la cour , nommé Jÿnodos tn àe->
moûia, perfuaderent à l’empereur de rejetter ces
conditions:8c difant qu’ilsavoient déjà appelle
trois fois le patriarche, ils foûtinrent qu’ils*
étoient en droit de le condamner par coutuma-
ce. Ils lui envoyèrent donc une monition par
écrit, portant commandement de comparoirre-
devant eux, & en chargèrent des évêques & des
clercs accompagnez d’une troupe de gens ra-
maif:z,Le patriarche ne les vouloit point voir ?
mais 'e patrice Thomas lui perfuada de nedes
pas renvoyer fans leur parler. Leconeile, dirent-
ils , ayant reçu des libelles contre y o u s , vous
mande de venir vous défendre: mais fi vous voulez
éviter la dépofition , vous n’ayez qu a con-
L i v r e q u a r a n t e - s i x i e ’ m e . 173
fentir avec le concile & l'empereur à l’abolition
des images. Le patriarche répondit : Et qui eft
celui qui fe donne l’autorité de recevoir des libelles
contre nous ? Eft-ce le pape ou quelqu'un
des autres patriarches ? Et fi je fuis coupable ,
comme vous dites, de crimes qui méritent dépofition
: fuffiroit-il de me rendre à la volonté
de l’empereur touchant les images, pour me ju-
ftifiérôe me rétablir le même jour? me croyez-
vo'us fi peu inftruit des loix de l’églife ? Quand
même le fiege deC.P.feroit vacant,aucun évêque
étranger n’auroit droit d'y exercer jurifdiébion :
beaucoup moins puiiqu’il eft encore rempli. Puis
ayant lû le canon , il les déclara excommuniez,
Se leur ordonna de fortir de l’enceinte du lieu
faint. Ilsfe retirèrent en prononçant des anathê-
tnes contre lui & contre Taraife.
Defefperant donc de le fléchir, ils voulurent
le faire mourir fecretement : mais il en fut averti
par un clerc catholique, & fe tint fur fes gardes.
Ses ennemis ayant manqué ce coup, défendirent
fous peine d’excommunication de le reconnaître
pour patriarche, de le nommer à la mefie..
On étoit alors en carême , &c il écrivit â l’empereur
en ces termes : Jufques ici j ’ai combattu
pour la vérité , félon mon pouvoir, ôt j ’ai
fouffert toute forte de mauvais traitemens : les
affronts, la prifon, la confifcadon, la perte de
mes domeftiques. Enfin des gens qui paroifîoient
évêquesfont venus m’ infulter,avec une populace
varmée d’épées &i de bâtons dans l'cxtremité de
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