
i 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ,
étendu l’empireFrançois jufques au Drave, chargea
l’évêque Arnon d’inftruire dans la religion
chrétienne ces nouveaux fujets mclez des Huns
Si d es Sclaves, jufques à ce que le roi Charles fon
pere vint fur les lieux. En 798. Valderic, archevêque
de Paflauj étant mort, le roi Charles fit
rendre au fiege de Salsbourg la dignité de me-,
tropolitain de Bavière, qu'il avoit auparavant; ôc
chargea le nouvel archevêque Arnon d’aller
chez les Sclaves, & y affermir la religion. En effet
il confacra des églifes, ordonna des prêtres ,
inilruifit le peuple; Si à fon retour rapporta au
roi qu’il y avoit un grand fruit à fa ire , i l on y
établiffoic un évêque. Le roi lui ayant demandé
s’ il avoit un fujet propre, il lui nomma Theodo-
ric , ôc par fon ordre le facra évêque , puis avec
le comte Gerolde, il le conduifit en Sclavonie, le
mit entre les mains des feigneurs, ôc lui recommanda
le pays des Carinthiens', leurs confins
au couchant du Drave, jufques à l’endroit 011 il
fe décharge dans le Danube. L ’archevêque Arnon
donna tout pouvoir à l’évêque Theodoric
fur ce pays; de prêcher, de bâtir, ôc dédier les-
églifes, d’ordonner des prêtres, & d’établir toute
ladifcipline ecclefiaftique : à la charge feulement
de reconnoître la fuperiorité du fiege de
Ju vave. Arnon de fon côté continuoit à travailler
avec un grand zele à la converfion de ces na^
tions. Sa prudence le rendait aimable aux feigneurs
Seaux peuples,qui lui étoient tellement
fournis quil fe faifoit o b é ir , en leur envoyant
L i v r e qj j a r a n t e-c jn qu i e ’ m e . ¿9
non feulement une lettre, mais du papierblanc.
il faifoit manger a fa table tous les efclaves Chrétiens,
Se leur donnoit à boire dans des coupes
dorées:tandis que leurs maîtrespaïens étoient affis
dehors comme des chiens, ôc on leur mettoit
devanteux du pain,de la chairSidu vinpour fe fer-
v ir eux-mêmes.Quand ils démandoient pourquoi
on les traitoit ainfi ; on leur répondoit : N ’ayant
pas été lavez au bain falutaire, vous n’êtes pas
dignes de communiquer avec ceux qui onc pris
une nouvelle naiffance. Cette conduite les exci-
toit à fe faire inftruire , Si ils s’empreiToient à
recevoir le baptême.
Le roi Charles aïant paifé l’hiver à Aix-la-Chapelle
, en partit à la mi-Mars de l’an 800. pour
vifiter les côtes de l’Ocean, déslots attaquées par
les pirates Normans; il célébra la fête de Pâques,
qui étoit le dix-neuviémed’Av ril, au monaftere
deCentuleou de faint Riquier, dont Angilbert
étoit abbé; puis il paifa â Rouen, ôc de-là àTours
prier au tombeau de faint M a rtin , ôc voir Al-
cuin, â qui il avoit donné l’abbaïe; mais il
fut obligé d’y féjournerà caufe de la maladie de
la r.eine Luitgarde fonépoufè, qui y mourut le
quatrième de Juin. De-là le roi revint par Or-,
leans à Paris, à Aix-la-Chapelle, & au commencement
d’Aout à Maïence , où il tint 1 aifemblee
des feigneurs, nommée depuis parlement, Si y
reiolut fon voyage d’Italie.
Cependant il renvoya en Efpagne les deux archevêques,
Leidrade de L y o n , Si Nefride de
D i i j
A n. 800.
An, Egini
X V ï.
Traité d’ÆÎ--
cuin contre Elj?y
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