
7 s H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e s
petit couvent dont l'églife dediée à S. Barthélémy
fubfifte encore à vingt pas du grand monaftere.
Le duc Guillaume étoit au plus haut point de
profperité temporelle : comblé d’honneurs ôc de
richeffes, âïant plufieurs enfans ôc une femme
dont il étoit aimé , chéri de fon prince & honore
de tous : il joüiifoit du repos qu’ilavoit procure
au païs par fes viétoires. Mais l’amour de Dieu
lui rendoit infipides tous les plaifirs ôc toute la
gloire du fiécle. L ’exemple de fes foeurs le t-ou-;
choit, ôc ilavoit honte de leurceder en courage.!
La vie des moines de Gelone lui donnoit une
fainte jaloufie, ôc il fe déplaifoit à lui - même..
L ’empereur Charles l’aïant alors mandé pour
quelque affaire importante., le reçut avec toute
la jo ïeô c l’affeètionpoifible; ôc tous les feigneurs,
f iarticulierement fes parens, lui témoignèrent
es mêmes fentimens : mais il n’en fuc point
ébranlé, 5c s’affermic dans la réfolution de quitter
tout le monde, il crut devoir à l’empereur
comme à fon ami, de ne le pas faire fans fa per-
miffion : il la demanda. Charles ne pût la refu-:
ie r , ni retenir fes larmes en l’accordant. Il voulut
lui faire de grands préfens, mais le duc ne lui
'demanda qu’une relique delà vraie croix, que le
firêtre Zacharie lui avoit apporte l’an 800. de
a part du patriarche de Jerufalem : 5c l’empe-;
reur l’accompagna d’autres reliques- Le duc
Guillaume eut encore de grands combats à livrer
contre fa famille , qui le vouloir retenir : mais
gniînil quitta la cqiïî Si la France pour revenu
L i v r e q u a r a n t e -c i n q u i e’ m e . 77
en Aquitaine. Paffant en A u v e rg n e ,il vint à g0^
Brioude, Sc offrit fes armes à S. Julien foldat ôc
martyr. x
Enfin il arriva au monaftere de Gelone, ou il
entra nuds pieds, Ôc revêtu d’un cilice fous fes habits
précieux. Il offrit à l’églife les reliques qu’il
apportoit, avec plufieurs autres riches préfens 1
des livres , des calices d’or ôc d’argent, desorne-
m'ens d’or ôc de foie; ôc tes mit de fa main fur l’Autel
de faint Sauveur ôc fur tous les autres au nombre
de cinq , car chacun eut fon offrande. Enfin
il s’offrit lui-même dans le chapitre, où il pria
les freres de le recevoir en leur focietépouf y v ivre
félon la réglé de S. Benoift. L’aïant accepté,
ils préparèrent tout pour fa réception qui fut le
Jour de faint P ierre, 19 . Ju in , l’an 806. Quoique
l’ufage du tenas fût de ne prendre l’habit qu’après
le noviciat, il le reçut d’abord , fit couper fa barbe
ôc fes cheveux ôc les offrir à D ieu , fuivant une
ancienne ceremoniei De ce jour il commença à
viv re dans la même pauvreté Ôc la même foumif-
fion, que le moindre des moines.
Il fit achever les bâtimens du monaftere encore
imparfaits, ôc tailler dans le roc un chemin pour
y arriver plus aifément. il fit dreiferdes jardins,
planter des vignes, des oliviers ôc d’autres arbres
Fruitiers ; ôc fut aidé dans fes ouvrages par fes
deux fils Bernard ôc Gaucelin, ôepar les comtes
Voifins. Pour lui il fe préfentoit fouvent devant
Fabbé ôc fes freres, ôc leur demandoità genoux,
^ ’publier fon ancienne dignité, del’humilier de