
578 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
vêque , ajoutant toutefois, qu’il ne pouvoir encore
lui accorder une entiere permiffion , jufqu’à
ce qu’il eut le confentement d’une aifemblée,
qui le devoit tenir dans une autre partie du
roïaume : mais elle fut auffi favorable que la première.
Alors le roi appella levêque : 6c ordonna que
l’un bâtiroit des éghfes , que l’on recevroit des
prêtres ; & que quiconque voudroit, pourroit librement
£eFaire chrétien. Saint Anfcaire recommanda
au roi le prêtre Erimbert,quiétoitle neveu de l e vêque
Gauibert. Le roi lui donna une place à
Birca pour bâtir uneéglife, & promit de proteper
en tout la religion chrétienne : ainfi faint Anfcaire
m aïant heureufement accompli fon deffein retourna
en Saxe. Quelque temps après le roi O le f attaqua
les Chores, peuple autrefois fujet aux Suédois, 6c
dont le pais eft la Curlande. Il affiegea une de
leurs v ille s , où fes troupes fe trouvèrent en grand
p éril, & aïant jette le fo r t , aucun de leurs dieux
ne leur promettoit du iecours. En cette extrémité
quelques marchands fe fouvenantdes inftru étions
de faint Anfcaire, exhortèrent les Suédois à invoquer
le Dieu des chrétiens. Aïant jetté le fo r t , 6c
trouvé que Je iu s -C h rift devoit les fecourir : ils
reprirent coeur , 6c marchèrent au combat ; mais
les Curlandois fans les attendre rendirent la ville
a des conditions plus avantageufes quïls ne de-
mandoient. Après cette viétoire les Suédois demandèrent
quel voeu ils devoient faire à Jefus-
Chrift.
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’m e . 579
Les marchands leur confeillcrent de lui promettre
des jeûnes 6c des aumônes. Sçavoir qu’à
leur retour , après avoir demeuré fept jours chez
eux , ils s’abiliendroient de chairpendant les fept
jours fui vans ; 6c qu’après quarante autres jours,
ils feroient la même abftinence quarante jours durant.
Ils l’obferverent religieufement, 6c depuis ce
temps le prêtre Erimbert exerça librement fes fonctions
, 6c la religion chrétienne fit de grands progrès
en Suede.
Mais en Dannemarcil y eut une grande révolution.
Car les Normans , qui en étoient fortis, 6c
avoient ravagé la France pendant vingt années de
fuite, fe raifemblerent& retournèrent en leur païs.
Là il s’émut une querelle entre le roi Horic 6c fon
neveu Guturm, qu’il avoit chalfé defon roïaume,
6c qui avoit jufques-là vécu en pirate. Ils en vinrent
aux mains, 6c le carnage fut fi grand , qu’il
périt un peuple innombrable : Dieu vengeant
ainfi la mort de tant de chrétiens, que les Normans
avoient égorgez. Ljs roi Horic fut tué ; &
de la race de Godefroi ion pere , il ne refta qu’un
enfant, auifi nommé Horic, qui fut reconnu pour
roi. Mais les feigneurs qui l’environnoient, 6c qui
n’étoient gueres connus de faint Anfcaire , con-
feillerent a ce jeune prince d’abolir le chriitia-
nifme : difant que le défaftrc qui leur venoit d’arriver
, etoit un effet de la colere des dieux , pour
avoir reçu le culte d’un Dieu inconnu. Le plus
ennemi du chriftianifme étoit le gouverneur de
C c c c ij
X X I I .
Suite de régüfe
de Dannemarc.
». S4-
Ann. Tuld. 854.
Bertin. eod. Chr.
N or m.