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diment les églifes , les infidèles l’accuferent devant
le c ad i, à qui elle, répondit que jamais- elle
n’avoit été feparée de Je fu s-C h rill , &c n’av'oit
adhéré un moment à leurs profanations} quoiqu’elle
eut eu la foiblelTe de le lui promettre. Le
juge irrité la fit mettre en prifon chargée de chaînes ;
& aiant reçu l’ordre du r o i , il la fit executer le
lendemain & jetter fon corps dans le fleuve. C ’é-
toit le dix-neuviéme de Ju ille t , la même année
8 5 6 . L’églife honore tous ces martyrs en leurs
jours propres.
xxxvi. Le prêtre Euloge, qui nous en a confervé la
Défenfes des mar- ^ _ • cT • i t i / r i
tyrs par faim Eu- mémoire , a auiii entrepris de les derendre contre
logc- les reproches de plufieurs chrétiens, qui ne vou-
Joient pas les reconnoître pour martyrs. Car , di-
foienc-ils , ils ne font point de miracles comme
les anciens martyrs : ils ne fouffrent point diverfes
fortes de tourmens : ceux qui-les font mourir, ne
font point des idolâtres, mais des Mufulmans,
qui reconnoiflent le même Dieu que nous , &
détellent l’idolâtrie. Euloge répond facilement
à ces trois objeétions. Quant aux miracles', dit-
il , ils ne font pas neceflaires en tous les temps,
comme ils étoient dans la naiffance de l’églîfe ;
& ce ne font pas des marques infaillibles de fain-
teté. Les tourmens ne font point eflentiels au
•martyre: c’ell la mort & la perfeverance jufqua
la fin : on ne regarde point la longueur du combat
, mais la viétoire. Quoique Mahomet n’ait
point enfeigné l’idolâtrie, il fuffit aux chrétiens,
pour l’avoir en horreur, que ce foit un faux pro-
Memtr. l'tb. i.
p. 350.
Jlpologet. p. 4 J0 .
V. Bibl. Orient«
P 576'
L i v r e q ü a r a n t e - n e u v i e m e . 615
phete & un de ces impofteurs prédits j>ar les apôtres
, & qu’il ait combattu la divinité de Jefus-
Chrill. Euloo-e marque ici que les chrétiens fai- t-us
foient le ligne de la croix & fe recommandoient
à D ieu , quand ils entendoient les Moëfins , ou
crieurs des Mufulmans, appeller le peuple a haute
voix du haut des to u r s , qui accompagnent les
mofquées.
On faifoit un autre reproche à ces martyrs
d’Efpagne : qu’ils s’offroient d’eux-mêmes au martyre
, qu’ils attiraient la perfccution , & que les
Mufulmans leur laiffant le libre exercice de la religion
chrétienne , ils avoient tort de les irriter,
en difant des injures a Mahomet. Les reponfes
d’Euloge à cette objection font foibles ; & ce
qu’elles contiennent de plus confiderable eft la
defeription du trille état des chrétiens fous la domination
des Mufulmans. Aucun de nous, dit-il, Memot.i. ^
n’ell en fureté parmi eux : quand quelque affaire
nous oblige à paraître en public , fi - tôt qu ils
voient en nous les marques de notre ordre, c’ell-à-
dire , de l’état ecclefiallique , ils font des huées
fur nous, comme fur des infenfez ; & les enfans,
non contens des injures & des mocqueries-, nous
pourfuivent à coups de pierres. Si-tjôt qu’ils entendent
le fon de nos cloches , ils fe répandent
en malédictions contre notre fainte religion. On
voit ici que les Mufulmans fouffroient alors aux
chrétiens leurs cloches , qu’ils leur ont otees depuis.
Euloge continue : Plufiehrs d’entre eux ne
nous permettent pas de les approcher, &c croi-
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