
5:36 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . *
■ »—«— de Cordouë au milieu du peuple qui y étoit af~
A n , Sjy , femblé , commencèrent à prêcher l'évangile 8c
exhorter les Mufulmans à fe convertir. Auffi-tôt
il s’éleva un grand bruit, on commença à les frapper
de tous côtez on les auroit mis en pièces,
il le e a d i q u i étoit prefent, ne les eût arrachez
à la fureur de ce peuple. Car les Mufulmans re-
, gardent comme un grand crime, qu’un homme
qui n’e ff pasde leur religion entre dans leur mof-
quée. Les deux moines furent chargez de chaînes
8c mis en prifon : où ils continuèrent de prêcher
hardiment, 8c prédirent la mort prochaine
du roi. Pour les punir d’être entrez dans la mof-
quée 8c d’y avoir prêché l’évangile, on les condamnai
avoir les pieds 8c les mains coupez, & en-
fuite la tête. Ils fouffrirent ce fupplice il conftam-
Hars K. ic. ment, que les infidèles mêmes en furent touchez.
£ “ff. & f6' L’églife honore pes iïx martyrs le jour de leur
mort,
M Les Mufulmans étonnez de voir tant de Çhré-
Concile de Cor- . . . i
àou-f. tiens courir au martyre , craignirent une révolté,
fi n- ^ Le roi -Abderame tint confeil : & il fut refolu
d’emprifonner les Chrétiens , 8c de faire mourir-
fur le champ , quiconque parleroit du prophète
avec mépris. Alors les Chrétiens fe cachèrent, 8c
plufieurs s’enfuirent la nuit 8c déguifez, phan-r
géant fouvent de retraite, Plufieurs auffi ne voulant
ni s’enfuir, ni fe cacher, renoncèrent à Jefus-
Chrift , 8c en pervertirent d’autres. Plufieurs
, ,j. tant prêtres que laïques, qui loüoient auparavant
la conftance des martyrs , changèrent d’avis
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& les traitèrent d’indiferets : alléguant même des —•—>—----- *
autoritez de l’écriture ,.pourfoutenir leur fenti- A N. 851.
ment. Ceux qui dès le commencement défaprou-
.vo ien d a conduite des martyrs, fe plaignoient
alors hautement d’Euloge 8c des autres prêtres :
qui en les encourageant avoient attiré la perfe-
cution. Le roi fit affembler à Cordouë les métropolitains
de diverfes provinces ; 8c on tint un
concile, pour chercher les moïens d’appaifer les
infidèles. Là en prefence des évêques un greffier
ou cateb , qui profcifoit la religion chrétienne,
mais qui étant très-riche craignoit de perdre fa
charge : attaqua un jour le prêtre E u lo g e , 8c
s’emporta fort contre lui. Il avoit toujours blâmé
ces martyrs, & prefloit les évêques de prononcer
anathême, contre ceux qui les voudroient imiter.
Enfin le concile fit un décret, qui défendoit à l’avenir
de s’offrir au martyre ; mais en termes allégoriques
8c ambigus, fuivant le. ftile du temps ;
enforte qu’il y avoit dequoi contenter le roi Ai
le peuple des Mufulmans ; fans toutefois blâmer
les martyrs, quand on penetroit le fens des paroles.
Euloge n’approuvoit pas cette diffimula-
tion.
La perfecution duroit encore, 8c l’évêque de c. bs
Cordouë étoit pour la fécondé fois en prifon 5
quand le roi Abderame étant monté fur une ter-
raffe de fon [palais 8c voïant des corps des-martyrs
encore attachez à des pieux, commanda de
les brûler 1 Auffi-tôt il perdit la parole, & étant
porté fur un lie ü mourut la nuit fuivante : aïani
Torm X . X x x