
I.
Amorion pris par
les Mufulmanns.
To{l. Theop. lib.
n i . n. 29.
Elmac. lib. n.
c. 9. Abulfar. p.
16S.
Acla. SS. 42«
Martyr, ap. Bell,
é. Mart. to. 6. p.
460.
L I V R E QVARJNTE - HUITIEME.
L’Empereur Théophile faifant la guerre aux
Mufulmans, marcha bien avant dans la Syrie
, ravageant & emmenant des captifs. Enfin il
affiegea Sozopetra, où étoit né le calife Moutafem»
Il écrivit à Théophile de l’épargner à fa confide-
ration : mais il ne fut pas écouté. Théophile prit
la ville 8c la ruina , tua une partie des habicans 8c
emmena les autres. Le calife en fut tellement irrite
, qu’il affembla une armée plus grande qu’aucun
de fes prédeceiTeurs ; 8c fit écrire fur les boucliers-
de fes foldats Amorion, pour marquer qu’il en,
vouloir à cette ville , qui étoit la patrie de Théophile.
Plufieurs confeilloient à-Théophile d’en
fauver les habitans, en les faifant paifer ailleurs t
mais il crut qu’il étoit de fon honneur de la défend
re , & y mit le patrice Aëtius gouverneur d’O -
rien t, avec deux capitaines de réputation, Théodore
} Cratere 8c Théophile Babouzique. Ils défendirent
fi bien la v ille , que le calife y perdit-
foixantè 8c dix mille hommes, quoique le fiege
ne durât que treize jours : mais enfin , averti par
un nommé Roudize , il l’attaqua par un endroit
fo ib le , 8c la prit d’aflaut l’an de l’hegire z i j . de
Jefus-Chrift 8q <s. Il paifa au fil de l’épée tous les
habitanS 8c les foldats, excepté les chefs 8c les officiers
! qu’il renvoïa à Bagdad.
Quand il y fut revenu , il les fit mettre aux
L i v r e q u a r a n t e - s e p t i e ’m e . 395
fe rs , avec les entraves aux pieds, dans une prifon
fi obfcure , qu'on n’y vôïoit pas le moindre jour
en plein m id i, 8c qu’ils ne fe connoifloient qu’à
la voix. L à ils n’avoient autre compagnie que
leurs gardes, un peu de pain 8c d’eau pour nourriture
, la terre pour lit ; 8c pour habits des haillons
pleins de vermine. Si quelquefois on leur permettent
de fortir pour demander l’aumône , chacun
d’eux étoit accompagné de dix foldats ; 8c au
retour on coupoit leur pain 8c on foüilloit dans
leurs écuelles, de peur qu’ils n’y cachaient quelque
lettre.
Quand on vit leurs forces confumées 8c leurs
corps atténuez par la longueur de la priion ; on
commença à les folliciter de changer de religion.
Le calife leur envoïa des doéteurs, qui paffoient
pour les plus habiles entre lès Mufulmans. Ils fei-
gnoient de venir d’eux-mêmes par compaffion ; 8c
aïant obtenu la permiffion de ceux qui comman-
doient les gardes, ils apportoient aux prifonniers
de l’argent ou des habits, pour les gagner. Car
le calife difoit qu’il ne comptoit pour rien la
conquête d’une v i lle , en comparaifon des ames.
Comme les Chrétiens rejettoient avec horreur les
premières propofitions de fe pervertir , les Mu-
fulmans leur difoient : Il ne vous convient pas
d’être fi fiers, écoutez-nous, 8c enfuite vous mé-
priferez nos confeils, s’ils ne vous font pas avantageux.
N ’aimez-vous pas vos parens, vos çnfans,
vos femmes, la compagnie de vos amis, les moeurs
D d d ij
11.
Captifs confef-
feurs.
n. 3 y.