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payennes, mais depuis il ne vouloit ni les liren î
les entendre. Au contraire il étoit fort inftruit de
l ’écriture fainte, & Ravoir le fens fpiriruel, le moral
& l’anagogique. Tous les matins il alloit à
l’églife, Ce mettre à genoux touchant le pavé de
fon fro n t , & demeuroit long-temps en prkres ,
quelquefois avec larmes. Tous les jours il don-
noit l'aumône avant fon repas, & par tout qu il
é to it , il y avoit des logemens pour les pauvres. I l
étoit fobre dans le -boire & le manger. Jamais on
ne le vit éclater de r ire , &i dans les fêtes folem-
nelles ou. les muiîciens & les bouffons joüoient
pour divertir le peuple , il contenoit les autres par
foB ferieux. I l s ’habilloit modeftement, excepté
les grandes fêtes, où, à l’exemple de fespercs, il e-
toit tout couvert d’o r , portant la couronne en
tête & le iceptre à la main. Il écoit très-liberal ,
.& donna en propriété à des particuliers quantité
de ferres de fon domaine. Il ne faifoit rien fans
confeil ; mais il donnoit tant de temps au chant
des pfeaumes & a la leékute, q u il abandonnoit
°' trop les affaires à fes confidens. Il entretint la
mauvaifê coutume déjà établie, de faire eveques
des gens de condition fe r v ilc , qui ne manquoient
pas d’affranchir leurs parens, & les élever ou par
les lettres, ou par les alliances avec les nobles. T e l
fut ce prince que l’on eompjte pour le premier
roi de Erance du nom de Louis ; ,& fa facilite a
pardonner lui a fait donner le furnom de Débonnaire.
'Il y ayoit déjà quelque temps qu’il ayoit per-
L i v r e q u a r a n t e - s e p t i e ’m e . 35*3
mis à Agobard de Lyon & à Bernard de Vienne
de rentrer dans leurs fieges : & cette année en partant
d’Aquitaine il y laiffa Agobard, pour prendre
foin des affaires de ce roïaume ; mais il mourut à
Saintes le fixiéme de Juin. Son églifede Lyon l’ho-
nore fous le nom de S. Agebaud ; & puifqu’il étoit
rentré fi avant dans les bonnes grâces de l’empereur
Loüis, on doit croire qu’il avoit expié la faute
d’avoir pris part à la révolte : auffi lui étoit-elle
commune avec l’abbé Vala & d’autres faints per-
fonnages, & l’extrême foibleffe de Loiiis la ren-
doit plus excùfable.
Outre les écrits dont j’ai parlé, Agobard nous
en a laiffé plufieurs, dont ceux qui font contre
Amalarius paroiffcnt les derniers. Amalarius ac-
cufoit l’églife de Lyon d’avoir introduit quelque
nouveauté dans-le chant ecclefiaftique : Agobard
entreprit fa défenfe dans un traité intitulé : De la
divine pfalmodie ; puis il attaqua l’ouvrage d’A-
malarius, par un autre écrit intitulé : De la cor-
reétion de l’antiphonier ; prétendant y trouver des
erreurs, & même des herefies. Enfin il fit un troisième
écrit ouvertement contre Amalarius, où il
reprend plufieurs endroits de fon traite des offices
ec.clefiaftiques, Mais cette critique n’a pas empêché
la pofterité d’eftimer les ouvrages d’Amalarius;
& en effet on voit de la part d’Agobard bien de
l ’aigreur & de la préoccupation. Son fucceffeur
dans le fiege de Lyon , fut Amolon diacre de la
même églife , qui fut ordonné évêque le dimanche
feiziéme de Janvier 841,
Tome X , D d d
A n . 840.
XL.
Mort d’Agobard^
Ado. Chr. S.
Ben. to. 1. bibl.
Lab. p. 1*3.
Boll. tom.p. 748.
6, Juin-,