
54' H i s t o i r e E c c l e î i a s r iQÜEr
ordonné premier évêque de Mimigerneford eri
Soi. mais il continua de gouverner les cinq cantons
de Frife qu'il avoir convertis; ôc ils demeurèrent
unis à ion diocefe. L’empereur Charles lui
donna encore le gouvernement d'un monaftere
en Brabant, nommé alors Lotufê , aujourd’hui
Leufeen Hainaut ; & de p lu s , faint Ludger en
avoit fondé un dans une terredefon patrimoine
nomme Helmftad, à préfent dans le duché de
Brunfwic ; ainfi avec fon diocefe il gouvernoic
trois monailcres.
Etant évêque il guérît encore un aveugle.’
Car faifant fa vifiteen un certain village de Saxe,
comme il étoit à table il v in t un p au v re , qui
erioit dehors avec empreifement, quel’évêque
voulût bien regarder un aveugle. Le diacre charg
é du foin des pauvres fortit promptement, lui'
portant à manger;mais il le re fu fa , difant qu’il
avoit plus befoin d’autre chofe. On lui préfenta
à boire, il dit qu’il ne demandoit pas l’aumône,
mais à parler à l’évêque pour être fecoutu. Le
diacre ne comprenant point ce qu’ il vouloitdire,
le laiifa. Comme il continuoit de crier , faine
Ludger en fit des reproches au diacre, & ordonna
de lui donner de l’argent : Il le refufa encore
, & l’évêque l'aïant fait v en ir , lui demanda
ce qu’ il avoit. Il répondit: Faites que je v o ie , j e
vous en conjure pour l’amour de Dieu. L’évêque
étonné répéta les mêmes paroles, fans autredef»
fein; &auffi-tôt l’ aveugle recouvra la veuë. On
le fit mettre a table, il mangea & s’en retourna
L i v r e g a r a n t B -c rN Q ü iE ’M ï. j j
plein de joie. On raconte plufieurs autres miracles
de faint Ludger,& il n’eitpas incroïable que
Dieu en ait accordé le don àces premiers apôtres
de Frife & de Saxe.
Le zele de faint Ludger le preifoit d’aller prêcher
la foi aux Normans , c'eft-à-dire aux Danois
& aux autres peuples du Nord , mais le roi
Charles l’en empêcha. Le faint homme prédit les.
ravages qu’ils feroient dans l’empire François,
en un tems où on ne craignoit point encore ; &
avertit fa foeur H e ribu rg e , qu’elle verroit ces
maux & qu’il ne les verroit point. Il étoit fort
inilruit des faintes- écritures & en faifoit tous les
matins des leçons à fes difciples. Pour éviter l’of-
tentation , il portoit dés habits convenables à fa
dignité; & quitta l'a cuculle, n’étant engagé par
aucun voeu à la reglé monaftique ; mais il garda
le c ilic e , parce qu’il étoit caché fous fes habits.
Il mangeoit de la chair en certain tems, gardant
toûjours une exaéfce fobrieté. Quand il étoit in vité
à manger quelque p a rt, tous iès entretiens
pendant le repas étoient de pieté, & il fe reti-
roit promptement. Il étoit tres affable aux pauvres
& très-ferme contre les riches orgueilleux.
Il diftribuoit promptement tout le revenu de
fon patrimoine & de ion évêché, fans faire aucune
referve pour orner fonéglife, de bâtiment ou
de vafes précieux. Ce fut un pretexte de l’accufer
de diffipation auprès de l’empereur: qui le fit venir
à fa cour, Stl’envoïa quérir dès le matin, par
Un. de fes. chambellans.Le faint évêque recitoit fes
XXXI.
Vertus de faint.
Ludger & fà>
mort*-